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Airbags défectueux : 3 questions pour comprendre l'action collective lancée contre Stellantis

airbags défectueux : 3 questions pour comprendre l'action collective lancée contre stellantis

Le constructeur automobile Stellantis tranco-italien est dans une situation très difficile avec le rappel forcé de centaines de milliers de véhicules.

Le constructeur franco-italien Stellantis est dans la tourmente depuis plusieurs semaines. En cause, des airbags défectueux fabriqués par la marque Takata. Celle-là même qui a disparu en 2018 après de nombreux scandales et qui est responsable de plus de 100 millions de véhicules rappelés depuis 2000. Le groupe avait annoncé fin mai devoir rappeler plus de 500 000 véhicules, des C3 et des DS3, dans une vingtaine de pays… Mais le nombre total s’élèverait en réalité à huit millions de voitures, selon Le Parisien.

Stellantis devrait en effet rappeler d’autres modèles et même élargir à d’autres marques du groupe. En France, jusqu’ici, seuls les modèles du sud du pays étaient concernés, mais le Nord devrait bientôt également y être associé. En réaction, une action collective conjointe a été lancée le 6 juin par des consommateurs mécontents. Marianne revient pour vous sur cette affaire.

Qui est concerné ?

C’est le 3 mai dernier que le site du gouvernement Rappel Conso a alerté sur la question des airbags défectueux, évoquant une détérioration avec le temps du propergol contenu dans les coussins gonflables.

Le site alertait sur les risques en cas d’accident : l’airbag déployé pourrait « se rompre avec trop de force, blessant les occupants du véhicule ». Citroën a par la suite envoyé une lettre recommandée à 181 000 clients concernés. La marque automobile leur recommandait de « cesser immédiatement de conduire [leur] véhicule », du fait d’airbags susceptibles de « provoquer des blessures graves, voire mortelles ».

Dans un communiqué publié le 5 juin, le groupe Stellantis évoque cette fois « 530 000 véhicules DS 3 et C3, fabriqués entre 2009 et 2019 et équipés d’une référence spécifique d’airbags Takata pour lesquels un risque a été identifié ».

Le constructeur se voulait tout de même rassurant, précisant qu’« aucun risque [n’avait] été identifié pour d’autres modèles équipés d’autres composants » et que « les risques associés aux coussins gonflables Takata sont continuellement surveillés et gérés par des rappels de routine ».

Sauf que selon les informations du Parisien, le constructeur pourrait bien se voir contraint de rappeler d’autres modèles du groupe, notamment les C4, DS4 et DS5. Et devrait inclure le nord du pays, pour l’instant préservé puisque les véhicules ciblés étaient sous une ligne Lyon – Clermont-Ferrand, du fait de leur exposition plus régulière aux fortes températures.

Pire, la marque Opel serait également concernée, ce qui donnerait lieu à un nouveau rappel massif de véhicules du constructeur, pour un rappel équivalent à 8 millions de voitures. Pour remédier aux inquiétudes de ses clients, Stellantis a mis en place une plateforme dédiée pour vérifier si son véhicule est concerné.

En quoi consiste l’action collective ?

Une méthode qui n’a donc pas suffi à rassurer ou calmer les clients du constructeur. Une action conjointe collective a en effet été ouverte le 6 juin par des consommateurs mécontents, représentés par quatre avocats, dont Christophe Lèguevaques : « Lorsque Citroën a envoyé son fameux courrier, j’ai reçu des centaines d’appels de gens qui me demandaient de faire quelque chose et de monter une action ». Après s’être renseignés sur le sujet, l’avocat et trois de ses confrères ont appelé les consommateurs mécontents à s’enregistrer sur la plateforme MyLeo afin de centraliser les plaintes.

La méthode est simple : l’action conjointe collective permet en effet de « réunir autant d’actions individuelles qu’il y a de dossiers, mais de les mettre volontairement dans une seule procédure qui sera traitée en une seule fois », explique l’avocat. Ce dernier explique que l’équipe juridique a identifié trois infractions principales : fraude, mise en danger de la vie d’autrui, et escroquerie en bande organisée.

Christophe Lèguevaques affirme en effet que Stellantis était au courant depuis 2013 du problème posé par Takata, sans avoir « rien fait pour informer ou protéger les consommateurs ». Le but de la procédure est double. D’un côté, « obtenir une indemnisation des différents préjudices subis par les consommateurs, qu’ils soient matériels, financiers ou moraux », et de l’autre, obtenir « la condamnation des comportements délictueux de la société et des dirigeants ».

Une initiative qui semble avoir déjà rencontré beaucoup de succès, et qui pourrait bien prendre encore davantage d’ampleur si les rappels se prolongent. Christophe Lèguevaques explique en effet qu’un objectif de 1 000 plaintes recueillies d’ici au 30 octobre avait été établi pour lancer une procédure, mais que les résultats sont bien supérieurs : « Tel que c’est parti, je pense qu’on va les avoir avant le mois de juin ».

Quelles suites pour Stellantis ?

Le constructeur européen se veut rassurant depuis le début de la crise. Invité sur BFM Business le 31 mai, le directeur général de la marque Citroën Thierry Koskas avait ainsi déclaré que le groupe pensait d’abord à ses clients : « C’est le principe de précaution, dès que nous avons eu la confirmation qu’il pouvait y avoir un risque pour les clients, notre première décision a été de dire “arrêtez de conduire votre véhicule” ».

Dans son rapport annuel 2023, le constructeur semble même avoir déjà anticipé la crise à venir. Un budget « Takata » était en effet prévu, doté d’une enveloppe de 951 millions d’euros. Sauf que la logistique de l’opération est particulièrement complexe, en particulier pour fournir des véhicules de remplacement aux clients concernés. Stellantis avait ainsi déclaré déployer 25 000 voitures pour remédier au problème.

Sauf que pour Bernard Jullien, maître de conférences en économie et spécialiste de l’industrie automobile, le processus va être « compliqué ». L’expert estime en effet que le réseau de distribution, chargé de cette opération, pourrait avoir du mal à fournir des véhicules ou à prendre en charge les voitures concernées : « L’été arrive, les gens partent en vacances et viennent faire leur révision, et les ateliers ne voient donc pas quand et où placer ces activités ».

D’autant que selon Bernard Jullien, les relations entre Stellantis et son réseau de distribution sont très compliquées, du fait de la « pingrerie » du constructeur : « C’est un enfer absolu pour faire en sorte que les engagements soient respectés ». Et Stellantis pourrait se retrouver dans une impasse : « Le constructeur fait une promesse que le réseau doit tenir, dans un contexte où le réseau a toutes les raisons d’être mécontent, et où il pourra faire montre de mauvaise volonté ».

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