Alfa Romeo

Alfa Romeo est revenu aux profits chez Stellantis, mais la route est longue

alfa romeo est revenu aux profits chez stellantis, mais la route est longue

Alfa Romeo Tonale

Alfa Romeo perdait beaucoup d’argent jusqu’en 2020. Mais, en 2022, la firme au blason des Visconti a “fortement contribué” aux résultats de Stellantis. Toutefois, les ventes restent très faibles, avec 52.530 unités à peine. Quand BMW a écoulé, en 2022, 2,1 millions de voitures, Audi 1,61 million et Volvo 615.000.

Il y a quelques marques mythiques, dont la seule évocation fait vibrer les sens des passionnés. Avec une image totalement disproportionnée par rapport au nombre de véhicules vendus. Comme jadis le suédois Saab – lâché par GM et précipité dans la faillite en 2011 – ou aujourd’hui l’italien Alfa Romeo. Et leur disparition ou leurs difficultés à survivre ajoutent à leur aura mythique. Avec son blason reprenant celui de la famille milanaise des Visconti, Alfa Romeo n’a ainsi, malgré sa notoriété universelle, écoulé l’an dernier que…  52.530 véhicules, dont 33.000 en Europe, près de 13.000 aux Etats-Unis, 1.600 au Japon. Contre 53.250 en 2021. Des scores très loin des 223.000 de 1990 ou des 207.000 de l’an 2000.  Ses scores commerciaux représentent le tiers de ceux du début des années 70. La firme italienne était dans les année 60 et début 70 le BMW italien. Le hic, c’est que BMW a vendu, en 2022, 2,1 millions de voitures, Audi 1,61 million, Volvo 615.000. C’est dire la relative insignifiance des chiffres du label transalpin.

Mais “Alfa Romeo a fortement contribué aux résultats de Stellantis en 2022”, assure le communiqué de la marque du 24 février dernier, suite à la publication des résultats records du groupe. Un progrès significatif. Car “le résultat était très négatif jusqu’en 2020”, explique à Challenges Jean-Philippe Imparato, directeur de la firme. Evidemment, l’arrivée du SUV Tonale a quelque peu changé la donne. Un modèle concocté avant la fusion de Fiat Chrysler Automobiles (FCA) avec PSA (en janvier 2021), que l’on attendait depuis… 2002, date de la présentation au salon de Genève d’un premier concept baptisé Kamal ! Après vingt ans de tergiversations, de changements de stratégie à 180 degrés telles que les affectionnait l’ex-groupe FCA, Alfa Romeo compte enfin un SUV compact dans sa gamme.

12.600 Tonale l’an dernier

Censé incarner le renouveau de la firme née il y a plus de 110 ans, ce Tonale, lancé en juin dernier, était donc le bienvenu. C’est il est vrai  le premier modèle nouveau de la marque depuis… 2017 ! Le Tonale (à partir de 36.400 euros) n’a toutefois contribué l’an dernier aux volumes qu’à hauteur de 12.600 unités. Un chiffre qui devrait croître fortement en 2022, année pleine de commercialisation, alors que la voiture “arrive  actuellement aux Etats-Unis et au Japon”, affirme Jean-Philippe Imparato. Lancé en version à essence de 130 et 160 chevaux, ce Tonale bénéficie désormais d’une version hybride rechargeable et d’un diesel. “Nous visons une commercialisation dans 40 marchés”, indique le dirigeant, ancien patron de Peugeot arrivé il y a deux ans à la tête d’Alfa Romeo. Les capacités de production dans l’usine historique de Pomigliano d’Arco, près de Naples, sont de 75.000 unités. Hélas, le segment compte aujourd’hui une pléthore de modèles français, allemands, suédois, britanniques, japonais, coréens, chinois.

Outre le lancement de ce Tonale, les clés du retour aux bénéfices sont tout d’abord une hausse nette des prix de vente, véritable obsession de Carlos Tavares, directeur général de Stellantis. La berline Giulia est ainsi désormais disponible à partir de 46.600 euros (37.800 à l’été 2019) ! Les versions de base ont été supprimées. La marque a arrêté aussi  en grande partie les remises, les ventes de faux véhicules d’occasion zéro kilomètre, dont elle était coutumière. Par ailleurs, Jean-Philippe Imparato a décidé de simplifier les gammes qui se caractérisaient par un enchevêtrement pléthorique des versions. Pour deux seuls modèles au catalogue (berline de gamme moyenne supérieure Giulia et son dérivé SUV Stelvio)  jusqu’à mi-2022, “j’avais plus de 4.000 références !”, divisées aujourd’hui par plus deux, souligne celui a passé plus de trente ans chez PSA.  Alfa Romeo comptait ainsi 22 types de jantes différentes. Autre innovation chez Alfa Romeo : “on ne produit plus sans client derrière.”  Une plaie structurelle historique. Avant 2021,  “38% des véhicules fabriqués n’avaient pas de clients précis” ayant signé un bon de commande, explique le dirigeant.

On a quinze fois moins de défauts

Par ailleurs, un important effort a été réalisé au niveau de la qualité.  Pour réduire les fais de garantie. “On a quinze fois moins de défauts chez les clients dans les trois premiers mois de possession qu’il y a cinq ans”, ajoute celui dont le père a possédé les modèles parmi les plus emblématiques de la firme : Giulietta (1954-1964), Giulia (1962-1977), Alfetta (1972-1984), coupé GTV (1974-1987). La qualité a d’ailleurs toujours été le talon d’Achille des Alfa. “Du temps de mon père, il fallait deux Alfa”, c’est-à-dire une qui roule pendant que l’autre était au garage, reconnaît avec humour ce natif de Sète aux racines… transalpines. Son arrière grand-père  était un marin italien, qui avait pris le bateau dans le port de Gaète (entre Rome et Naples) pour débarquer à… Sète en 1904. Pour le Tonale, le groupe a notamment consenti un investissement important – non chiffré – dans l’usine, pour améliorer la qualité et rendre les installations plus compétitives. Synonyme d’absentéisme, de productivité désastreuse et de qualité déplorable dans les années 70, 80 et 90, “Pomigliano arrive aujourd’hui très largement au niveau d’une usine comme Mulhouse”, souligne à présent un connaisseur des deux sites chez Stellantis.

 Jean-Philippe Imparato a aussi dépêché une directrice qualité provenant de l’usine Stellantis de Rennes et également implanté un système de remontées rapides des défauts en clientèle à partir des concessionnaires italiens, notamment ceux de la région de Naples. Et, pour surveiller la production, “je vais tous les mois à Pomigliano et Cassino (production des Giulia et Stelvio).” En juin 2024, la gamme va enfin s’élargir vers le bas, avec un petit modèle sur la plate-forme CMP de l’actuelle Peugeot 208. Ce véhicule, disponible en version à essence et hybridation légère mais aussi en électrique, doit, selon la marque, regagner les clients perdus de la citadine Mito (2008-2018) et de la berline compacte Giulietta (2010-2020). Elle sera fabriquée à Tychy en Pologne aux côtés du nouveau Jeep Avenger et d’une future Fiat. Jean-Philippe Imparato vise un retour pour la marque aux 200.000 ventes annuelles, mais il se garde soigneusement de donner une échéance.

TOP STORIES

Top List in the World