Vivaldi et les 4 saisons, tout le monde connaît. Les pizzas 4 saisons aussi. Mais jusqu’en 1979, personne ne connaissait la voiture 4 saisons ! Un genre initié par Audi à partir de 1980, avec la fameuse quattro, dont vous avez ici l’essai d’un superbe exemplaire de la première heure…
Par Jack Seller, photos Joseph Bonabaud
En bref
Première Audi équipée du quattro (Torsen)
Moteur 5 cyl. 2,1 litres 10v 200 ch
Perfs : 0 à 100 km/h en 7,1 sec – 220 km/h
Nombre d’exemplaires produits : 11 452
Pour donner un positionnement premium à ce concept alors inédit en Europe, décision est prise de l’implanter dans un grand coupé, vecteur d’une image autant sportive que haut de gamme. Il est vrai qu’avec un prix fixé en 1980 à 165 700 Francs, la nouvelle Audi quattro n’est pas vraiment bon marché ! Voilà un frein certain à sa diffusion, surtout qu’elle est presque passée inaperçue lorsqu’Audi l’a dévoilée au Salon de Genève 1980. La faute sans doute à un style froid et rigoureux, manquant singulièrement de charme par rapport aux coupés anglais ou italiens. La carrosserie assez banale taillée au cordeau, comporte une calandre 4 phares, propre aux premiers millésimes, mais aussi un aileron en caoutchouc noir mat surplombant le coffre. En fait, la seule audace stylistique sur cette grosse GT de 4m40 de long se cantonne à de subtiles « boursouflures » sur chaque aile, au-dessus des roues en alliage de 15 pouces. Une trouvaille permettant d’atténuer l’aspect rigide de ce coupé qui fera le bonheur, bien dans années plus tard, des BMW M3 et Lancia Delta HF Intégrale ! En tant que pur produit d’ingénieur, c’est surtout en ayant la curiosité de se pencher sur la fiche technique que l’Ur quattro fait enfin saliver !
Audi a bien fait les choses, en reprenant le 5 cylindres « turbo » de la grande routière 200. Mais grâce à quelques modifications, comprenant notamment l’ajout d’un turbo plus important, un KKK, la puissance atteint le seuil – ô combien symbolique en ces belles années où les performances comptent encore – des 200 ch. Voilà qui pose son homme, surtout que, question chrono, la quattro tient toutes ses promesses en couvrant le 0 à 100 km/h en 7,1 secondes, la vitesse maximale étant de l’ordre de 220 km/h. Une vitesse jugée très élevée pour l’époque, que l’on pouvait atteindre sur route sèche… ou humide. C’est sur ce dernier point que l’Audi quattro creuse l’écart avec ses rares rivales, son arme secrète étant sa transmission intégrale, baptisée du nom génial et évocateur de « quattro ». Et si l’Audi quattro n’étonne dans un premier temps par son efficacité que quelques rares personnes éclairées, comme des journalistes de la presse automobile (dont André Costa, de l’Auto Journal), le coup de génie de Piëch sera de faire connaître les atouts de cette technologie au monde entier en engageant des voitures dans le populaire Championnat du monde des Rallyes.