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Batteries de voitures électriques : l'accord de reprise Britishvolt (en faillite) retardé

batteries de voitures électriques : l'accord de reprise britishvolt (en faillite) retardé

Britishvolt visait une production annuelle de plus de 300.000 batteries de véhicules électriques et l’embauche directe de 3.000 personnes.

Le sort de Britishvolt n’est pas encore scellé. Pour rappel, cette entreprise a fait faillite en janvier après avoir échoué à lever assez de fonds pour financer son projet d’usine de batteries pour véhicules électriques d’un coût total de 3,8 milliards de livres (4,3 milliards d’euros). Un dépôt de bilan qui a fait couler beaucoup d’encre au Royaume-Uni et entraîné des critiques envers le gouvernement car il porte un coup à ses ambitions d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.

Début février, la startup australienne Recharge Industries a été sélectionnée par le cabinet EY pour reprendre Britishvolt. Rien n’a alors filtré sur le montant de la transaction ou le nombre d’ex-employés qui pourraient être réengagés. La majorité des 300 employés de Britishvolt avait en effet été licenciée après l’annonce du dépôt de bilan mi-janvier.

D’après le Sunday Times paru ce dimanche 26 février, les administrateurs d’EY supervisant le sauvetage avaient déclaré le 6 février qu’ils espéraient conclure la vente de Britishvolt à Recharge Industries dans les sept jours. Mais Glen Sanderson, le responsable du conseil de Northumberland, impliqué dans les discussions, a indiqué au journal que des vérifications étaient toujours en cours pour déterminer si Recharge disposait des fonds nécessaires pour conclure la transaction.

Recharge Industries, « repreneur privilégié »

Britishvolt avait reconnu en août dernier des difficultés, liées aux « conditions du marché, y compris l’inflation galopante et la hausse des taux d’intérêt ». Elle avait aussi invoqué « les incertitudes géopolitiques » et « la crise énergétique mondiale », repoussant la date de début de production de 2023, à 2025. Face aux difficultés, ses employés avaient accepté une réduction de salaire temporaire en novembre, mais en vain.

Dans son communiqué de début février, le cabinet EY indiquait que les administrateurs de la faillite « ont passé un accord avec Scale Facilitation Partners LLC et sa filiale (…) Recharge Industries pour être le repreneur privilégié de la majorité des actifs » de Britishvolt. Ce choix faisait suite « à un processus mené par EY » et qui a pris en considération « de nombreuses offres », poursuivait le texte.

Recharge Industries, qui porte un projet similaire d’usine de batteries à Geelong, près de Melbourne en Australie, prévoit le rachat de « la totalité du site et des installations » de Britishvolt. L’entreprise « offre une perspective pour conserver les employés actuels de Britishvolt et développer » sa technologie de batterie, avait-elle indiqué en janvier.

Des usines cruciales pour l’électrification du Royaume-Uni…

D’autres projets de méga-usines de batteries ont été lancés au Royaume-Uni. Dont par Nissan à Sunderland, au sud de Newcastle, en partenariat avec le chinois Envision AESC, et un autre dans la région des West Midlands (centre de l’Angleterre). En janvier, c’est WAE Technologies, une filiale britannique du géant minier australien Fortescue, qui a annoncé son intention d’en ouvrir une en avril à Kidlington, près d’Oxford.

Le Royaume-Uni s’est engagé à la neutralité carbone pour 2050 et interdira dès 2030 la vente de nouvelles voitures à essence et diesel. Reste que « les chaînes d’approvisionnement sont tendues, avec un seul fabricant de batteries actuellement en activité au Royaume-Uni », indiquait il y a quelques semaines Susannah Streeter, analyste de Hargreaves Lansdown. Ce qui explique « pourquoi l’effondrement de Britishvolt a été si décevant pour le secteur ». L’installation de telles usines dans le pays est cruciale alors que « les chaînes d’approvisionnement mondiales sont devenues plus fragiles », mais le raté de Britishvolt « montre à quel point il est difficile pour une start-up de batteries d’entrer sur ce marché », poursuit l’analyste.

Les constructeurs d’automobiles britanniques, qui exportent environ 80% de leur production, s’inquiètent aussi d’un durcissement l’an prochain des règles qui permettent de vendre des véhicules électriques dans l’Union européenne – et réciproquement – sans droits de douane, en vertu de l’accord commercial post-Brexit. En 2024, « une plus grande part des composants devra provenir de l’UE ou du Royaume-Uni, pour que (le véhicule) en soit exempté », ce qui handicapera autant les constructeurs de l’UE que britanniques, très dépendants de pays tiers pour les composants des batteries, assure Mike Hawes.

Faute d’accord entre Londres et Bruxelles, cela pourrait se traduire par des droits de douane de 10% sur ces véhicules pourtant moins polluants, prévient la SMMT, alors que les exportations vers l’UE, de loin son principal marché, ont fondu de 10% l’an dernier.

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… et de l’Europe

L’installation d’usines à produire des batteries pour véhicules électriques ne va pas sans mal en Europe. En octobre, l’entreprise suédoise de batteries électriques Northvolt faisait savoir que son projet d’usine géante en Allemagne pourrait être repoussé au profit d’une expansion aux États-Unis où l’énergie est moins chère et les subventions plus généreuses.

Une annonce qui a provoqué un véritable tollé. Pour calmer le jeu, un porte-parole du groupe a récemment déclaré à l’AFP que l’entreprise suédoise restait « engagée dans son expansion en Europe ». Le fabricant n’a « pas mis le frein » sur le projet et les discussions se poursuivent à propos du chantier de Heide, a assuré Björn Jörgensen, responsable du développement de la communauté de communes autour de Heide.

Reste que de nombreux groupes ont, comme Northvolt, commencé à tourner leur regard de l’autre côté de l’Atlantique. Certains fabricants de panneaux solaires, comme l’Italien 3Sun et le Suisse Meyer Burger, ont d’ores et déjà annoncé des projets d’expansion ou d’installation d’usines aux États-Unis. L’industrie européenne appelle donc à une réponse forte des pays de l’UE contre l’IRA, afin de ne pas plomber ses efforts de transition écologique.

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(Avec AFP)

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