Il y avait une grande usine de construction automobile à Paris. Cela paraît incroyable aujourd’hui, mais à une époque pas si lontaine, c’étaient des milliers de voitures qui étaient fabriqués chaque semaine à l’usine Citroën du XV°arrondissement. Et juste un peu plus loin en suivant la Seine, il y avait plusieurs usines Renault. A Boulogne, et au milieu du fleuve, sur l’île Seguin. Tout a disparu, et les derniers vestiges de l’usine Citroën d’Aulnay sous Bois prennent le même chemin. Il n’y a pas plus d’usine automobile à Rome, Berlin, Londres ou Madrid, et c’est presqu’une anomalie qu’il reste une grande usine Audi à Bruxelles. A Forest, dans l’une des communes qui forment la capitale belge. Coïncidence, il y avait là une petite usine Citroën, mais elle a fermée il y a 40 ans.L’usine Audi à Bruxelles est sauf erreur la dernière usine automobile dans une capitale européenne, et le constructeur a annoncé officiellement qu’il s’interrogeait sur son devenir. D’abord parce que la zone, autrefois périphérique, est aujourd’hui hyper urbanisée. Ce qui signifie qu’il n’est pas simple d’y faire venir des poids lourds, et que toute expansion est impossible puisqu’il y a d’un côté une gare, et de l’autre une route à très fort traffic.Enfin, il y a le produit. L’unique modèle fabriqué là est en fin de vie, c’est l’Audi Q8 e-tron (dont le nom était juste e-tron à son lancement en 2019). Une auto spéciale, unique, partageant très peu de pièces avec d’autres modèles de la marque aux anneaux. Et c’est surtout une auto chère, ce qui est plutôt bien, parce que les salariés belges le sont aussi. Mais cela ne colle plus trop bien à la réalité du marché, et à la concurrence qui s’est renforcé. On pensera d’ailleurs à la récente Q6 e-tron, plus performante et moins chère que la Q8, alors qu’elle est à peine plus petite. Cette Q6 partage presque tout avec la Porsche Macan, comme on peut imaginer que la prochaine génération de la Q8 partagera presque tout avec la future Porsche Cayenne électrique.La remplaçante aura donc besoin d’un vaste site de production, puisque le rationalisme impose qu’on fabrique plusieurs modèles. Le site de Bruxelles pourrait-il être restructuré en ce sens ? Si c’est peut-être possible (avec une bonne dose d’argent public), il vaut mieux s’habituer à penser que cela ne pourra pas se faire.Laurent J. Masson
