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Cadillac-en-Gironde, Le Bono, Montreuil-sur-Mer.... Pourquoi certaines communes ont changé de nom au 1er janvier

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Photo prise le 25 avril 2002 du village de Saint-Pierre d’Aurillac. En France, neuf communes portent simplement le nom de «Saint-Pierre».

C’est un changement de plus qui s’est opéré au 1er janvier 2023. Depuis le jour de l’an, cinq communes ont changé de nom en France. Bono devient Le Bono (Morbihan), Saint-Christophe (Allier) prend le nom de Saint-Christophe-en-Bourbonnais, Montreuil (Pas-de-Calais) s’appelle désormais Montreuil-sur-Mer, Cadillac (Gironde) devient Cadillac-sur-Garonne et Cramchaban (Charente-Maritime) se nomme maintenant Cram-Chaban. Le décret officialisant ces changements de nom a été publié le 12 septembre dernier par la première ministre Élisabeth Borne.

Mais quel est l’intérêt d’une telle démarche ? «Le plus souvent, c’est pour se différencier de communes homonymes ou pour retrouver un nom historiquement utilisé», explique au Figaro Eric Delattre, maître de conférences en Gestion à l’université de Lille et auteur d’un article à ce sujet sur The Conversation .

Un patrimoine historique

Une question de patrimoine, donc, qui justifie notamment le changement de nom de Cadillac en Cadillac-sur-Garonne. «Nous récupérons notre nom d’origine, qui était inscrit aussi bien sur notre Marianne et sur nos cartes postales», assure au Figaro Jocelyn Doré, maire de cette commune de près de 3000 habitants. Sur le plan administratif, le nom retenu était Cadillac, mais Cadillac-sur-Garonne «était un nom d’usage». «Pour nous, la question ne se posait pas car nous pensions que le nom officiel était Cadillac-sur-Garonne», complète celui qui est arrivé dans la commune en 1965. D’après lui, la commune s’est rendu compte de cette erreur en voulant changer les panneaux de la ville, lorsque l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) lui a assuré que le nom officiel était bien Cadillac.

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Un retour aux origines également mis en avant pour la désormais nommée «Le Bono». «Lorsque la ville est devenue autonome en 1947, deux documents ont été publiés : un arrêté préfectoral donnant le nom de ”Le Bono” et une publication au Journal officiel parlant seulement de ”Bono”. Cela devait seulement être une erreur humaine», affirme au Figaro Alain Brulé, adjoint au maire de Le Bono chargé du Patrimoine et des Affaires maritimes. Problème, selon lui, c’est le document publié au Journal officiel qui fait foi devant la loi. «Il n’y a pas d’enjeux touristiques , c’est purement patrimonial, complète-t-il. C’est un peu comme un nom de famille. On ne souhaite pas qu’il soit amputé d’une de ses parties».

Eviter l’homonymie

Parmi les autres arguments mis en évidences par Eric Delattre : l’homonymie. «Historiquement, c’est la raison principale», indique-t-il. Dans son article publié sur The Conversation, il avance notamment qu’il existe «neuf communes françaises» portant le nom de «Saint-Pierre». «Les changements de différenciation […] s’effectuent généralement en ajoutant une référence régionale ou locale, à l’instar de Saint-Christophe-en-Bourbonnais», ajoute le maître de conférences. D’après La Voix du Nord , l’homonyme est aussi l’un des points qui a poussé Montreuil à devenir Montreuil-sur-Mer dans le Pas-de-Calais, l’autre explication étant historique et patrimoniale.

Des questions d’image peuvent également entrer en jeu. «Elles ne peuvent pas être ignorées, souligne Eric Delattre. Montreuil-sur-Mer est peut-être plus attractif touristiquement que Montreuil». De même, le changement de nom peut s’expliquer par des raisons «purement pratiques ou orthographiques». «L’orthographe «Cram-Chaban» permet de retrouver l’ancien nom de la commune, correspondant à la combinaison du nom du village «Cram» à celui de son principal hameau «Chaban», écrit-il pour The Conversation.

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Dernier point avancé par Eric Delattre : une raison politique. «Celui qui nomme possède un certain pouvoir politique sur la chose nommée. Cela peut être important pour véhiculer une idéologie», avance-t-il, même si selon lui «la procédure fait que ces situations-là sont évitées».

Une procédure longue

Ladite procédure pour changer de nom n’est pas si simple. Tout commence par un nécessaire vote du Conseil municipal. La demande est ensuite «transmise au préfet du département, qui vérifie le respect des règles, notamment les trains d’union et les accents». «Il faut par exemple qu’il y ait un train d’union entre chaque mot du nom de la ville», certifie Eric Delattre.

Par la suite, le préfet sollicite l’avis du service des archives départementales puis celui du Conseil départemental. C’est enfin la Direction générale des collectivités locales (DGCL) qui délibère sur le changement de nom. En bout de chaîne, le premier ministre prend un décret «applicable au 1er janvier de l’année suivante», officialisant le changement de nom. «Tout cela peut prendre un an», précise Eric Delattre, même si cela varie en fonction des communes.

L’ensemble des démarches doit par ailleurs s’appuyer sur des preuves. Par exemple des documents d’archives mentionnant le nom «historique» pour les communes souhaitant récupérer un nom patrimonial.

Depuis 1943, 1352 communes ont officiellement changé de nom en France, d’après le décompte d’Eric Delattre. Selon lui, ce nombre «s’élève à 165» depuis 2000. En 2021, elles étaient onze : «Le nombre est globalement stable chaque année depuis les années 2000».

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