- Quand Pépé va chercher le pain en Xantia
- Comment viriliser une voiture « pépère » ?
- L’une des suspensions les plus évoluées de l’Histoire
En 1993, Citroën lance la Xantia, une berline familiale qui remplace la BX. Celle-ci pâtira toute sa carrière d’une image ringarde au possible. Pourtant, une incroyable version Activa est commercialisée entre 1994 et 2000.
Pour se démarquer de la concurrence, Renault Laguna, Peugeot 406, Volkswagen Passat en tête, Citroën abat un gros travail sur l’aérodynamique, censé lui faire consommer moins de carburant sur route et autoroute. Problème, le design, pourtant « typiquement Citroën », en pâtit. La Xantia est une berline remplie de qualités, desservie par une réputation de « voiture de vieux ».
Mais en 1994, Citroën cherche à se débarrasser de cette image, en sortant le cocktail mécanique le plus improbable de sa catégorie : voici la Citroën Xantia Activa.
Quand Pépé va chercher le pain en Xantia
Extérieurement, la Xantia Activa se remarque difficilement d’une Xantia haut-de-gamme classique. Elle se reconnaît à ses boucliers avant et arrière plus enveloppants, ses jantes de 15 pouces, son becquet sur la malle arrière et son badge Activa présent sur les baguettes de portes.
A l’intérieur, la clientèle avait le choix entre le velours/Alcantara et le cuir sur les finitions les mieux dotées. En clair, c’était une Xantia Exclusive avec quelques options supplémentaires.
Là aussi, il n’y a pas de quoi sauter au plafond. C’est la partie mécanique complète, qui va faire entrer la Xantia Activa dans la légende.
Comment viriliser une voiture « pépère » ?
A la sortie de la Xantia, Citroën n’avait doté sa berline que de 5 moteurs : 3 blocs essence de 90 à 155 ch, et deux moteurs Diesel de 71 et 92 ch. Rien d’exceptionnel sur le papier.
La marque aux chevrons développe la gamme de moteurs de la Xantia, avec l’arrivée d’un 2.0 TCT (pour Turbo Constant Torque) de 150 ch. Sa robustesse et son souffle infini vers la zone rouge ont fait de ce bloc un moteur très apprécié des mécaniciens les plus fous. Tout le monde connait un oncle qui a posé un moteur TCT dans sa Peugeot 205 GTI, par exemple …
Pourtant, Citroën avait conçu la Xantia pour y accueillir un moteur V6. Ce sera chose faite, avec le 3.0 V6 ES9 de 200 ch, développé en commun avec Peugeot et Renault. Ce bloc est associé à une boite manuelle à 5 rapports ou automatique à 4 rapports. Il permet à la berline française d’attendre 100 km/h en 7,6 s et 237 km/h en vitesse de pointe.
La Citroën Xantia reçoit enfin le moteur noble qu’elle mérite. Et les performances de premier plan qui vont avec. Pour faire passer cette cavalerie, il fallait des trains roulants adaptés. Déjà maître dans l’art du confort routier grâce à suspension pneumatique Hydractive, Citroën va encore plus loin et présente le SC/CAR.
L’une des suspensions les plus évoluées de l’Histoire
Basée sur la suspension Hydractive, qui corrige déjà l’assiette de la voiture face au relief de la route, l’Activa ajoute un vérin supplémentaire sur chaque roue qui limite les mouvements de bascule des trains roulants.
Quand un véhicule prend un virage à gauche ou à droite, il survient un phénomène physique : le roulis. A gauche, le côté droit de la voiture s’affaisse et le côté gauche se soulève et inversement sur un virage à droite. Avec le SC/CAR, Citroën va détruire la concurrence grâce à ce système qui permet à la voiture de garder une assiette constante.
A tel point que la Xantia Activa V6 a tenu pendant très longtemps le record de vitesse du test de l’élan ! Cet exercice d’évitement est très connu pour évaluer la prise de roulis du véhicule en cas d’urgence.
La Xantia Activa V6 passe le test à 85 km/h sans toucher le moindre cône. C’est mieux que la meilleure des Porsche, BMW, ou Ferrari de l’époque. Même la McLaren F1, pourtant infiniment plus évoluée et chère que la Xantia, est derrière la berline française !
Problème, la Citroën Xantia Activa faisait payer cher sa technologie embarquée. La version la moins puissante, dotée du 2.0 TCT de 150 ch, nécessitait un surcoût d’au moins 20% face à des concurrentes à puissances égales.
Pire, la côte actuelle d’une Activa commence à atteindre des sommets : comptez 15.000 euros pour une version 2.0 TCT, et plus de 20.000 euros pour un noble moteur V6 sous le capot. Avec seulement 18.000 exemplaires produits dont seulement 2.700 unités à moteur V6, chaque Xantia Activa commence à valoir son pesant d’or.
Design pas emballant, intérieur velours, moteurs anémiques … l’image de voiture déprimante, sans intérêt ou de « papi » (rayez la mention inutile) de la Citroën Xantia lui colle encore aujourd’hui à la peau. Collez un badge Activa à celle-ci, et vous pourrez vous battre avec n’importe quel monstre de la route, bien plus puissant, mais moins agile.
