Le gouvernement envisage de réduire la durée des concessions autoroutières. La faute à la trop grande rentabilité de ces dernières pour les sociétés gestionnaires.
Le modèle actuel des concessions autoroutières va-t-il évoluer ? Cela est possible et semble être le souhait du ministère de l’Economie. Bruno le Maire, ministre lié au dossier, a en effet admis que le gouvernement a demandé au Conseil d’Etat si une manière de réduire « de quelques années » les concessions autoroutières était possible.
Le ministre de l’Economie et des Finances a reconnu devant les commissions des Finances et du Développement durable de l’Assemblée nationale que la rentabilité de l’utilisation de ces tronçons a été mal calculée. De son propre aveu, ces calculs n’ont « pas été bons ». D’autant que la remontée actuelle des taux d’intérêt devrait demander de nouveaux calculs. Il précise :
«Ã‚ Nous nous sommes trompés. » « Il faudra voir le taux de rentabilité sur l’ensemble de la concession. » Ceci afin d’ »éviter toute rente ». Le ministre souhaite donc « raccourcir la durée des concessions (…) de quelques années. » « C’est la voie qui nous paraît juridiquement la plus solide et économiquement la plus prometteuse. »
L’homme politique a également annoncé qu’un rapport de l’inspection générale des finances sur la rentabilité des autoroutes allait être publié. Datant de février 2021, ce dernier était récemment découvert par Le Canard Enchaîné. Il y évoquait la possibilité d’une réduction des tarifs de 60%, pour que la rentabilité soit alignée avec celle prévue en 2006.
Une réduction impossible des concessions
La seule proposition légalement envisageable serait une fin anticipée des concessions. Cette dernière pourrait survenir au 30 avril 2026 pour ASF et Escota. Il faudrait attendre le 30 septembre 2026, pour APRR et AREA. Ce qui représenterait un raccourcissement respectif de 10 ans, cinq ans et demi, neuf ans et 10 ans.
« Une concession, c’est un contrat de financement àdurée indéterminée qui commence par des investissements très importants (…) Ensuite, ces montants sont remboursés grâce àdes profits très élevés. Il faut arrêter de feindre de découvrir que nous faisons des profits aujourd’hui, alors qu’ils sont conformes àce qui était prévu pour rembourser les investissements. »
«Ã‚ Le législateur a confié àl’autorité de régulation des transports (ART), par la loi Macron de 2015, le rôle de vérifier la rentabilité des concessions. Ce qui l’a conduit àpublier un premier album en novembre 2020, puis un second deux ans plus tard. Dans les deux cas, l’ART, après examen détaillé et approfondi, dit que le sujet de la rentabilité des concessions n’existe pas : elle est conforme aux prévisions ! »
Les autoroutes pour financer le rail ?
«Ã‚ Il y a aujourd’hui besoin d’investir sur la décarbonation des transports et que cela passe par la décarbonation de la routes, que peuvent mener les autoroutes. »
«Ã‚ C’est àl’Etat de choisir s’il préfère décarboner la route avec l’argent public ou l’argent privé, avec la dette publique ou privée, avec l’impôt ou avec le péage. Les impôts sont acquittés par les Français, tandis que les péages sont acquittés par les usagers. »
Une renationalisation des autoroutes n’est en revanche pas à l’ordre du jour. Cela coûterait en effet 40 à 50 milliards d’euros, selon Bruno le Maire. En attendant, Clément Beaune, ministre des Transports, a annoncé l’organisation d’ »Assises des autoroutes » à venir d’ici l’été.