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ESSAI – 1.000 bornes en Nissan Qashqai e-Power : que vaut l’étrange système hybride Nissan ?

D’abord lancé uniquement avec le bien connu 4 cylindres 1,3 l à micro-hybridation, le Nissan Qashai étoffait sa gamme l’an dernier avec une version hybride au fonctionnement particulier. Ici, le moteur essence fait office de générateur pour alimenter la batterie. Techniquement, l’intérêt est loin d’être évident. Usine à gaz marketing ou vraie bonne idée ? Nous avons mis le Qashqai e-Power à l’épreuve, en longue distance.

Cela dure depuis quelques années déjà. Tous les constructeurs y vont de leurs procédés, techniques et recettes plus ou moins éprouvées pour grappiller quelques grammes de CO2, et l’automobiliste profane a de quoi s’y perdre… L’argument “hybride” est devenu une sorte de formule magique fourre-tout, qui regroupe à peu près tous les degrés d’électrification. Pas de méprise possible dès que l’on s’intéresse un minimum au sujet, mais bien des constructeurs entretiennent sciemment la confusion. Pour peu que des anglicismes s’y mêlent, tout est foutu ! Mild-hybrid (ou hybridation légère), hybride classique ou full-hybrid, hybride PHEV (rechargeable)… Les malentendus sont fréquents, d’autant plus regrettables que ces systèmes ne s’appliquent pas du tout aux mêmes profils s’usage. Le plus efficace pour l’un sera peut-être le pire pour un autre conducteur.

nouveauté, hybrides, nissan, qashqai, android, essai – 1.000 bornes en nissan qashqai e-power : que vaut l’étrange système hybride nissan ? Hormis l'affichage propre à l'hybride et le bouton EV permettant de forcer la marche en électrique (superflu), rien ne distingue l'habitacle de celui d'un Qashqai classique.

Bon à savoir : anticiper l’achat et la revente.

Il est possible de connaitre la valeur de revente ou de reprise de votre véhicule grâce à la cote auto Turbo de votre Nissan Qashqai, l’alternative à la côte Argus.

Et maintenant, Nissan avance un Qashqai “électrique que l’on ne charge pas”. Stop ! La magie n’existe pas. Le Qashqai e-Power dissimule toutefois une technologie assez inédite dans le paysage, similaire à ce que l’on découvrait sur les Honda HR-V et Civic 11 l’an dernier. En clair, contrairement à un hybride conventionnel (rechargeable ou non), le moteur thermique fait office de générateur pour alimenter en quasi-continu une petite batterie de 2,1 kWh (située sous les sièges avant) qui alimente elle-même le moteur électrique, seul à assurer la traction de l’auto. Dans ce montage en série, le moteur essence n’est donc jamais en prise avec la transmission. Contrairement au système Honda, où électrique et thermique sont associés à vitesse routière ou en relance prononcée. En son temps, le duo Opel Ampera / Chevrolet Volt fonctionnait sur ce principe (mais en plug-in, un cas unique !). Bref, les idées et expérimentations ne manquent pas dans la course à l’efficience.

Techno pointue et atypique

Au démarrage et à basse vitesse, le Qashai e-Power se comporte donc exactement comme n’importe quelle auto électrique. En douceur et en silence. Ensuite, comme avec n’importe quel hybride classique, le moteur thermique s’ébroue bien vite… première particularité un rien troublante de ce 3 cylindres turbo d’1,5 l, au développement pointu (158 ch et taux de compression variable) : puisqu’il ne tourne pas pour déplacer la voiture en entrainant une boite de vitesse, son fonctionnement est totalement décorrélé des phases de conduite. On a beau accélérer pied au plancher, le régime reste constant ou, éventuellement, modulera légèrement. L’impression de promener un groupe électrogène est très concrète. Heureusement, l’isolation est plutôt soignée et ce “3 pattes” se montre discret. Sauf en relance musclée, a fortiori sur voie rapide, où il “pioche” et gronde pour maintenir une charge suffisante de la batterie. Pas très engageant… et le punch n’est pas immédiat bien que les chronos affichés soient tout à fait corrects et en phase avec la puissance totale annoncée (190 ch) : 7,9 s de 0 à 100 km/h.

nouveauté, hybrides, nissan, qashqai, android, essai – 1.000 bornes en nissan qashqai e-power : que vaut l’étrange système hybride nissan ? La douceur de marche est le gros atout de cette mécanique hybride assez spéciale. Mais à la pompe, le bilan déçoit : pas catastrophique, la moyenne relevée n'a rien de spectaculaire. A 6 l /100 km, d'autres font aussi bien.

A rythme plus coulé, tout s’arrange et le Qashai ainsi gréé délivre un agrément tout à fait intéressant. Aucune vibration ! Fluide et sans surprise sauf que… la batterie étant constamment sollicitée, la récupération au freinage joue au yoyo. Et les variations de la pédale de frein qui vont avec. Agaçant, et surtout sensible à allure très modérée : tantôt très direct à l’attaque, puis mollasson. Ce sera finalement le seul vrai grief concernant la conduite de cette curieuse mécanique. Le système e-Pedal, permettant de conduire presque exclusivement en modulant l’accélérateur et sans toucher aux freins, n’est pas désagréable mais demande un temps d’adaptation. Son intérêt en termes de consommation est discutable, nous y reviendrons.

Pour le reste, on retrouve les qualités routières du Qashqai classique. Rassurant et rigoureux, servi par un amortissement progressif et une direction bien calibrée, ferme et directe comme il faut. Le surpoids n’est finalement guère sensible, et on lui trouve même une relative agilité : le train arrière multibras et les suspensions plutôt fermes, sans excès heureusement, se traduisent par un comportement stable et raisonnablement verrouillé. Le Qashqai e-Power n’a rien perdu de ses atouts de voyageur familial : l’espace ne manque pas, et le coffre présente la même capacité que les versions dotées du 1,3 l micro-hybride : de 455 à 1.521 l, avec un double plancher fractionnable permettant de compartimenter l’espace de chargement.

Qashqai e-Power, l'hybridation nouvelle génération vue par Nissan – Essai TURBO du 04/09/2022

nouveauté, hybrides, nissan, qashqai, android, essai – 1.000 bornes en nissan qashqai e-power : que vaut l’étrange système hybride nissan ? Sur les aspects pratiques, le Qashqai e-Power conserve toutes les qualités des versions classiques : coffre vaste et habitabilité arrière généreuse.

Rendement, consommation… pas de miracle à la pompe

Voilà précisément où l’on attendait de pied ferme ce Qashqai e-Power. Dans l’argumentaire technique, Nissan met l’accent sur le rendement élevé du petit 3 cylindres et l’absence de contrainte impliquée par une transmission mécanique. Certes, mais ces avantages servent finalement tout juste à compenser les pertes énergétiques propres à l’architecture en série d’un ensemble moteur thermique – batterie – moteur électrique : ajouter un élément intermédiaire se traduit fatalement par une déperdition plus importante que dans le cas d’une liaison directe !

A l’usage, l’appétit du e-Power ne se démarque guère d’un système hybride conventionnel, comme ce que pratique Toyota avec le RAV4 par exemple. Aucun record à relever sur route et en péri-urbain, mais sans excès toutefois : on reste aisément à 5,5 l / 100 km. Ensuite, la consommation s’envole sur voie rapide et frise vite 8 l / 100 km. Pas d’exploit à prévoir, et sa moyenne pondérée en cycle mixte tourne autour des 7 l. Soit la même chose, peu ou prou, que le 4 cylindres 1,3 l Turbo mild-hybrid ! Plus léger, plus simple, et moins cher à l’achat. Tout ça… pour ce résultat ?

nouveauté, hybrides, nissan, qashqai, android, essai – 1.000 bornes en nissan qashqai e-power : que vaut l’étrange système hybride nissan ? Le 3 cylindres 1,5 l Turbo a fait l'objet d'un développement pointu pour optimiser son rendement. Mais il serait certainement encore plus efficace si il était occupé à entrainer les roues, et pas uniquement à charger en continu la batterie de marche.

Tarifs, concurrence : pas de malus, surcoût adouci

Selon l’usage qu’on lui réserve, l’intérêt à la pompe (donc financier) du e-Power ne coule pas de source. Surtout si on le compare à la plus modeste motorisation (140 ch, 34.150 € en Acenta). Ce Qashai hybride fait payer cher sa technologie élaborée : 38.200 € minimum en version d’accès Acenta, à l’équipement déjà plutôt complet, heureusement (interface Carplay / Android, radar et caméra de recul, régulateur, alerte d’angles morts, franchissement de ligne). Cela représente 1.450 € de supplément par rapport au 1.3 Mild Hybrid 158 ch, dont les prestations sont proches… Mais ce dernier étant pénalisé à hauteur de 898 € (144 g), le surcoût est atténué gommé : l’hybride échappe au malus (122 g pour notre version supérieure Tekna +).

En face, les plus sérieux concurrents se trouvent du côté Hyundai, avec un Tucson Hybrid plus classique techniquement et plus onéreux, mais aussi efficace à la pompe et mieux présenté. Citons également le cousin Renault Austral, lui aussi plus cher que le Nissan Qashqai e-Power mais un peu plus sobre, sur le papier.

Caractéristiques techniques Nissan Qashqai e-Power (2023)

 
Modèle essayé : Nissan Qashqai e-Power Tekna +
Dimensions L x l x h 4,42 / 1,83 / 1,62 m
Empattement 2,66 m
Volume mini – maxi du coffre 455 -1.521 l
Poids à vide 1.685 kg
Cylindrée du moteur 3 cylindres Turbo, 1.497 cm3 (158 ch), essence + moteur électrique
Puissance maximale 190 ch
Couple 250 Nm (thermique) / 330 Nm (électrique)
0 à 100 km/h 7,9 s
Vitesse max 170 km/h
Taux de CO2 122 g/km
Consommation relevée 6,8 l / 100 km (annoncée, WLTP mixte : 5,3 l)
Malus 2020 0 €
Tarifs à partir de 38.700 € (modèle essayé : 46.800 €)

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