On a enfin trouvé la BMW qui portait le mieux les naseaux rase-bitume : la M4 GT4. Une déclinaison de compétition aussi proche de la M4 de série côté fiche technique… que différente derrière le volant. Essai sur le circuit de Nogaro, dans le Gers, sous une météo exécrable !
- De la M4 Compétition à la M4 GT4
- À bord de la M4 GT4
- Au volant de la M4 GT4
- Prix BMW M4 GT4
- Le calendrier GT4 France 2023
- Fiche technique BMW M4 GT4
Voir les photos
À l’occasion d’une séance d’essai sur le circuit de Nogaro (Gers), nous avons pris le volant de la nouvelle BMW M4 GT4 de compétition.
BMW
Jeudi 23 février 2023, circuit de Nogaro, voie des stands. De fortes bourrasques fouettent mon visage, une fine pluie amplifie la sensation de froid et, sur la pointe des pieds, je tente d’observer le tracé de la piste, pour ma part inconnue et bordée de murets en béton… Pas les conditions idéales pour découvrir la nouvelle BMW M4 GT4, une propulsion crachant jusqu’à 550 ch et 650 Nm de couple. « Pour cet essai dédié aux journalistes, nous avons bridé la puissance à 400 ou 410 ch » prévient André Grammatico, propriétaire de deux M4 GT4 flambant neuves. À la fois pilote de talent, team manager et patron de trois concessions BMW Espace Bienvenue, le bougre engage des BMW en compétition depuis des décennies et n’a rien perdu de sa passion pour la course et la marque.
Media Image
Image
Champion de France des circuits en 1983 et 1985, André Grammatico gère aujourd'hui trois concessions BMW…
BMW
Media Image
Image
… et engage toujours des autos de la marque en compétition ! Deux M4 GT4 courront à ses couleurs en 2023.
BMW
La bride de puissance qu’il évoque touchera aussi les pilotes, les vrais, soumis en course à la fameuse balance of performance (BOP) imposée dans moult championnats automobiles. Son but : resserrer les performances entre les modèles répondant à l’homologation GT4 (BMW M4, mais aussi Mercedes-AMG GT, Toyota Supra, Porsche Cayman, Alpine A110, Aston Vantage, Audi R8…) pour décupler le spectacle et freiner la course à l’armement. À quoi bon développer une boîte ultra-rapide si le week-end de course suivant l’auto est handicapée par du lest ? Malgré sa puissance moindre, notre M4 GT4 devrait tout de même se montrer beaucoup, beaucoup plus rapide que la version de série dont elle est issue. Démonstration.
De la M4 Compétition à la M4 GT4
Sous ses airs de bête de course, la M4 GT4 est paradoxalement moins puissante que la M4 de série, dont elle est issue. BMW
De 550 ch d'origine, la puissance a été ramenée à 410 ch environ… ce qui était déjà suffisant sous cette météo pluvieuse. BMW
Le gros aileron arrière s'inspire de celui de la grande sœur GT3. Il est moulé en fibre de lin… BMW
… un matériau d'origine naturelle qui forme aussi les bas de caisse et plusieurs éléments de carrosserie. BMW
Le six-cylindres biturbo cube à 3.0 l de cylindrée. La boîte d'origine passe de huit à sept rapports, le dernier étant condamné électroniquement. BMW
Fourni par AP Racing, le système de freinage est identique à celui de la GT3. BMW
Et si la carrosserie la GT4 ne reprend ni les ailes très larges ni l’aileron XXL de sa majesté M4 GT3, elle récupère son système de freinage, à savoir des disques de 390 mm et étriers AP Racing 6 pistons à l’avant, 355 mm et 4 pistons à l’arrière. L’ultime écart par rapport à la série concerne le différentiel autobloquant (un mécanique plus fortement taré que le modèle piloté de la M4 standard) mais pas la transmission, restée intacte. La GT4 fait ainsi confiance à la boîte automatique ZF à convertisseur et huit vitesses… ou presque, le dernier rapport étant électroniquement condamné pour excès de « longueur ». Taillé pour limiter les rejets de CO2 de la M4 de série, il serait inutile sur circuit, même dans l’interminable ligne droite de la boucle nord du Nürburgring. C’est dire !
À bord de la M4 GT4
Que la M4 soit passée de familiale à monoplace tombe à pic. Son unique siège baquet est implanté pratiquement au niveau de la banquette d’origine, très reculé dans l’habitacle pour rééquilibrer la répartition des masses. Pas un souci une fois installé car, si le baquet reste fixe, le pédalier et la colonne de direction s’ajustent en longueur au moyen de manettes facilement accessibles. Quel confort de position ! Le volant à deux oreilles est fourni par Fanatec (le spécialiste des simulateurs de conduite), et il regroupe la plupart des commandes : limiteur de vitesse, essuie-glaces, réglages de l’ABS (oui, il y en a un), de l’antipatinage (oui, aussi) et même de l’ESP. Et pourquoi pas la clim’ non plus ?! Il y en a une également, secondée par un siège ventilé qui retardera la surchauffe du pilote lors des longs relais… Que reste-t-il à la luxueuse BMW Série 7 ?
Media Image
Pédalier et volant s'ajustent au millimètre pour magnifier la position de conduite, excellente.
BMW
Media Image
Image
Le volant issu de la GT3 est fourni par Fanatec, le spécialiste des simulateurs de conduite !
BMW
Plus sérieusement, l’ergonomie de l’habitacle apparaît excellente pour une auto de course et facilitera aussi la vie de l’équipe technique. Comme sur une auto de série, les trois molettes de réglage du volant sont configurables (vous êtes plutôt vitesse d’essuie-glaces, luminosité de l’afficheur ou seuil d’intervention de l’ABS ?), à l’image des fonctions du petit panneau de commande, à droite du cockpit. Il est dédié tantôt au pilote pour allumer les feux, régler les rétros ou lancer la ventilation, tantôt à l’équipe technique pour configurer les limiteurs de vitesse (voie des stands, régime de double drapeau jaune…), réinitialiser certaines données ou vérifier des niveaux. Nous visons personnellement le bouton Start, en haut à droite du clavier, pour enfin réveiller cette intimidante BMW…
Au volant de la M4 GT4
Au démarrage, le six-cylindres prend vie sans esbroufe auditive. Pour respecter les voisins du circuit de Nogaro, le niveau sonore des autos en piste est en effet limité à 95 décibels et impose un échappement spécifique, moins volubile que celui utilisé en course. Passé la séance de découverte de 30 minutes, lavée par des trombes d’eau et surtout utilisée pour apprendre le tracé, je repars pour une seconde tentative sur une piste séchante, mais encore glissante.
Assez sous-vireuse à l’abord des épingles à cheveux, puis bridée par son antipatinage en sortie lors d’une première session transformée en patinoire, la M4 GT4 dévoile ici un tout autre visage : celui d’une auto bigrement efficace mais toujours facile à prendre en main. Le freinage ? Incroyablement puissant malgré le grip aléatoire et secondé d’un ABS de course assez fin pour pouvoir frapper dans la pédale de gauche sans la moindre appréhension. Le train avant ? Bien plus incisif en entrée de virage et capable de resserrer encore la trajectoire en amplifiant l’angle au volant.
Quant à la motricité, servie elle aussi par le grip supérieur, elle est épaulée par l’antipatinage qui, réglé au cinquième cran sur dix positions, se contente d’éviter l’emballement des roues arrière sans jamais brider la puissance ni gêner le conducteur. En appui, on n’hésite plus à reprendre franchement les gaz. Qui provoquent tantôt une sortie de virage façon catapulte sur les zones séchantes, tantôt une légère dérive facile à corriger au volant dans les courbes intermédiaires encore détrempées.
Media Image
Image
BMW
Avec ce grip, on espère pouvoir passer aux stands pour réclamer la puissance maximale… avant de rejeter un œil sur les murs bordant la piste et les vibreurs encore humides. On conduit l’auto neuve d’André Grammatico, qui n’a même pas encore entamé sa saison ! Dans cette configuration, le six-cylindres biturbo relance sans la moindre inertie mais génère une poussée très linéaire, identique depuis les bas régimes jusqu’à l’arrivée des diodes vertes puis rouges ordonnant le passage du rapport supérieur. D’une pichenette sur la palette de droite, la vitesse s’exécute comme le ferait une boîte à double embrayage. Contre toute attente, cette boîte à convertisseur remplaçant l’ancienne DKG semble moins patiner à la montée et devient bien plus rapide à la descente, qui ne génère plus l’à-coup désagréable en fin de freinage, à en croire les habitués de la génération précédente. Voilà un produit prometteur qui devrait autant maîtriser les courses de sprint que les épreuves d’endurance. On vérifie bientôt ?
Prix BMW M4 GT4
Possiblement distribuée par Espace Bienvenue (représentant officiel de BMW M Motorsport en France), cette BMW M4 est affichée à 187 000 € HT. Cela peut faire tousser pour une auto issue de la série, mais c’est le lot des autos de compétition aux pièces rares et aux matériaux nobles. André Grammatico tempère en précisant que, dans cette catégorie, le coût d’exploitation raisonnable compense la mise de départ : la M4 GT4 reviendrait ainsi à moins de 10 € le kilomètre (hors pneumatiques) quand une GT3 d’il y a dix ans, aux performances très proches, frisait les 35 € sur la même distance. Formule courante dans la milieu du sport automobile, la location à la course ou à la saison reste possible. Comptez tout de même près de 300 000 € HT pour assurer la saison de six courses en championnat GT4 ! Une somme à se partager entre deux pilotes qui se relaient au volant lors des deux courses d’une heure organisées sur chaque épreuve.
Le calendrier GT4 France 2023
Créée en 2006, la catégorie GT4 montre une belle longévité dans un sport où les réglementations ne vivent parfois que trois ou quatre saisons. Le championnat GT4 France, réorganisé par SRO depuis 2017, se porte à merveille avec plus de quarante équipages engagés en 2022. Le niveau relevé et la diversité du plateau attirent les équipages amateurs comme professionnels, qui disposent chacun de leur classement (Silver pour les pros, AM pour les amateurs et Pro-Am pour les équipages mixtes). En 2023, six manches composent le calendrier français :
- 7-10 avril : Nogaro
- 5-7 mai : Magny-Cours
- 16-18 juin : Dijon-Prenois
- 7-9 juillet : Val-de-Vienne
- 22-24 septembre : Lédenon
- 6-8 octobre : Le Castellet Paul-Ricard.
Ne comptant pas pour le championnat, une dernière épreuve sera organisée les 28 et 29 octobre sur le circuit italien de Vallelunga et verra s’affronter les pilotes du championnat GT4 France et Europe. Ce dernier se déroule également sur six manches (Monza en avril, Paul-Ricard en juin, Spa et Misano en juillet, Hockenheim en septembre et Barcelone en octobre) et sera aussi, pour la BMW M4 GT4 d’Espace Bienvenue, l’occasion de s’illustrer parmi les concurrentes. Vivement le coup d’envoi !
Media Image
Image
La première manche du championnat GT4 France se déroulera sur le circuit de Nogaro, début avril 2023.
BMW
Media Image
Image
Souhaitons aux concurrents une météo plus clémente que celle que nous avons affrontée lors de notre essai, toutefois très instructif !
BMW
Fiche technique BMW M4 GT4
Moteur : 6 cylindres, 2 993 cm3Puissance maxi : 550 ch (selon BOP)Couple maxi : 650 Nm (selon BOP)Boîte : automatique ZF à 7 rapportsTransmission : aux roues arrière, différentiel Drexler à glissement limitéFreinage : disques ventilés de 390 mm et étriers 6 pistons à l’AV, disques ventilés de 355 mm et étriers 4 pistons à l’ARPneumatiques : 305/680 R18Poids minimum : 1 480 kgRéservoir : 120 lLongueur x largeur avec rétros x hauteur : 4,86 m x 2,09 m x 1,37 m
Empattement : 2,86 m
À lire aussi Notre aventure en Audi R8 GT4 aux 24 h du Nürburgring Tags
