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ESSAI – Land Rover Range Rover Sport P530 (2022) : il faut sauver le soldat Range Sport

Attention, légende de poids. Land Rover lançait voilà 17 ans le pendant “sportif” du Range Rover. Cette troisième génération du Range Sport, toujours plus gros, cher et luxueux, pousse presque à se demander ce qu’il peut bien rester au grand frère. Admettons, il est toujours moins onéreux que le Range classique… ce qui laisse une marge pour se lâcher sur la motorisation. Le V8 4,4 l de 530 ch lui va comme un gant brut de fonderie.

Au même titre que son homologue Range Rover traditionnel, le Range Sport est devenu un pilier établi de la gamme Land Rover. Loin de passer pour un parent pauvre, en tout cas, le premier du nom est apparu en 2005 en pleine explosion des SUV premium à tendance vaguement dynamique. Nous ne sommes pas à un paradoxe près, lorsque l’on appose un badge “Sport” sur un mastodonte de plus de 2 tonnes qui frise (ou dépasse) les 5 mètres de long. Mais passons, la lutte Sumo est bien un sport. La prouesse, justement, est de pouvoir faire courir des sprints brutaux et d’infliger de grosses séances d’agilité sévère à ces sumotoris routiers que sont les Porsche Cayenne Turbo et autres BMW X6.

Le premier Range Sport, à son époque qui semble bien lointaine (le malus n’existait pas), n’était pourtant pas un as du genre. Sa plate-forme empruntée au Discovery, la finition et l’électronique parfois fantaisiste ne gageaient pas d’un avenir brillant. Mais les mécaniques étaient là, ainsi qu’un certain sens de la provoc’ truculent. D’autant plus perturbant qu’un sens certain du raffinement et de la retenue ont toujours fait partie du cahier des charges. Même avec le démentiel V8 5 litres à compresseur de 510 ch, fantasque bras d’honneur au politiquement correct. Essai transformé, en 2013, avec la seconde génération autrement plus aboutie. Il reposait cette fois sur la base technique du “vrai” Range Rover, avec des prestations et un niveau de luxe qui s’en rapprochaient dangereusement… pour moins cher.

Le constat se confirme avec le nouveau venu, troisième du nom : sans vraiment en offrir moins, le Range Sport 2022 passe presque pour une machine rationnelle face au Range “tout court”. Qui n’a de court que le nom, du long de ses 5,05 m… en version courte. Le “Sport”, lui, émarge dorénavant à 4,95 m. Vous suivez ? C’est aussi clair que de l’eau de roche dans un passage à gué à 90 cm (le maximum dans lequel un Range Sport peut barboter en position haute) : les deux fleurons de la gamme Land Rover ont pris du poids, des centimètres et du galon dans les grandes mesures. A tel point qu’un Range Sport actuel… et aussi long qu’un Range Rover L322 (2002 – 2012, troisième génération).

nouveauté, luxe, land-rover, range rover sport, essai – land rover range rover sport p530 (2022) : il faut sauver le soldat range sport Il est possible d'opter pour plus discret que notre configuration. En revanche, pas le choix pour avoir droit au V8 biturbo : il n'est disponible qu'en finition haute First Edition, à 144.200 €.

Bon à savoir : anticiper l’achat et la revente.

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Un Range à taille humaine, mais taille XXL

Laissant le Range Rover officier désormais face au Rolls Royce Cullinan au sommet de la chaine alimentaire de la route, le Range Sport évolue dans un registre à peine moins intimidant. Du moins, une fois que l’on a pu s’extirper du parking souterrain de la rédaction de Turbo qui annonce une toise à 1,80 m. Tiens donc ! En position normale, le Range Sport culmine à 1,82 m. Le passage en position basse “Accès” est donc obligatoire… Les premières impressions ne seront donc pas accaparées par la présentation remarquablement soignée, digne du plus élitiste des clubs de Londres. Mais bien par quelques sueurs froides et manœuvres millimétrées pour épargner ses immenses jantes de 23 pouces (oui !) en glissant ses 2,04 m de large entre de traitres piliers bétonnés. Ouf ! Enfin dehors, nous n’avons rien cassé, et pouvons maintenant nous extasier sur les panneaux de portes parés de vrai carbone compressé, le cuir épais étendu, les inserts en vrai métal chromé. Dire que toute cette opulence devrait finir recouverte de boue par nos soins dans quelques heures…

Notre modèle d’essai First Edition, sommet de gamme un rien clinquant dans cette configuration, se remarque de loin. Ce n’est pas seulement du aux grondements rauques du V8 4,4 l biturbo, bien éduqué (d’origine BMW mais c’est un secret). La carrure en impose. Visuellement, rien n’a pourtant radicalement changé et les contours semblent même plus épurés, curieusement. Au volant, le long capot presque à l’horizontale, bien visible, s’étend loin devant.

nouveauté, luxe, land-rover, range rover sport, essai – land rover range rover sport p530 (2022) : il faut sauver le soldat range sport Cuirs étendus, inserts en chrome massifs ouen vrai carbone compressé et quasiment aucun plastique apparent. Le niveau de luxe a grimpé d'encore un cran. Prêts à salir les moquettes épaisses ?

La plate-forme est totalement nouvelle, en revanche. Baptisée MLA-Flex, la structure essentiellement en aluminium du nouveau Range parvient à limiter la prise de masse, tout de même annoncée à 2.505 kg à vide. Terrifiant ! Ou plutôt, sidérant, vu ce que nous réserve le monstre par la suite. D’abord, quelques centaines de kilomètres sur billard autoroutier, avalés bon train sur un tapis volant, dans un silence de cathédrale tout juste ponctué des modulations du V8 bavarois. Cette greffe était une bonne idée, même si on regrette les envolées métalliques rageuses de l’ancien V8 Supercharged.

La musique, son entrain, sont devenus plus policés. Cette retenue (relative) dénote, au vu des chronos… furieux compte tenu du poids ! Une fois passés les 100 km/h (4,5 s), la poussée reste constante et sans faiblesse, jusqu’au bout. Nous avons ici 750 Nm à disposition, dès 1.800 trs/mn. Formidable, bien qu’avec 14 l / 100 km au cours de notre essai, les pénuries de Sans Plomb ont tout de suite un autre parfum. Peu importe, car au-delà du remplissage du réservoir, grosse cuve de 90 l, se pose une autre question. D’ordre cinétique, cette fois, ou balistique : stopper une telle masse, et la contenir hors des lignes droites, cela doit bien réserver quelques surprises.

nouveauté, luxe, land-rover, range rover sport, essai – land rover range rover sport p530 (2022) : il faut sauver le soldat range sport Le châssis profite d'une mise au point extrêmement élaborée : amortisseurs bi-valve, suspension pneumatique et barres anti-roulis motorisées. Prions pour sa fiabilité…

Les lois de la physique

Evidemment, des surprises… Ou plutôt, le plus déstabilisant est précisément l’absence de piège. Tant que l’on ne se hasarde pas à le maltraiter couteau entre les dents ! Les liaisons au sol, servies par une suspension pneumatique extrêmement pointue et des amortisseurs adaptatifs bi-valve (conçus par Bilstein) le permettraient pourtant, ou presque. Perçoit-on encore le poids, finalement ? Oui, et heureusement d’ailleurs. C’est logique : le Range Sport est né Range, il reste donc Range dans l’esprit et n’essaie pas de se prendre pour une GT haut perchée.

Il est toutefois possible de passer déraisonnablement fort en courbe. Presque à plat, grâce au travail des barres anti-roulis actives (motorisées !). Mais on se cabre toujours en forte accélération, et un léger flottement de suspension se fait toujours sentir lorsque le revêtement devient plus tourmenté. Au bénéfice du confort, royal ! A peu près tout ce qui se passe sous les immenses gommes de 285/45 est filtré au possible. Concernant le feeling général, tout est bien trop gommé pour parler de… Sport. Cela, on le savait déjà.

nouveauté, luxe, land-rover, range rover sport, essai – land rover range rover sport p530 (2022) : il faut sauver le soldat range sport A moteur identique, l’écart entre Range Sport et Range « classique » s’élève de 33.000 à 38.000 € ! Prestations routières, offroad et raffinement sont très proches, il y a donc de quoi s’interroger sur l’intérêt du grand frère. La démesure peut-être ?

Le ressenti est toutefois infiniment plus rigoureux qu’au volant du précédent Range Sport. Pas au point de tenir tête, pour ne citer que lui, à un Cayenne Turbo. Le colosse britannique, son truc, c’est autre chose : rouler fort, partout, sans donner l’impression de forcer ou de maltraiter l’imposante machine. Voilà déjà une belle pirouette d’insolence génialement décalée. Aujourd’hui, cela n’a pas de prix. Sauf lorsqu’il faudra remplacer les immenses disques de 400 mm à l’avant, 370 mm à l’arrière. A ce moment, les lois de la physique recouperont quelques principes d’économie de base. Idem pour les pneumatiques, qui servent littéralement de fusibles aux pattes d’engins de cet acabit. Mais est-ce bien important ?

Quant à oser réellement patauger ou trainer ces fragiles gommes hors du propret macadam… On pourrait. Dommage, la météo était au soleil lors de notre essai automnal. Nous n’aurons guère pu nous aventurer qu’en sous-bois, sur chemin forestier, bien en-deçà de l’impressionnant potentiel off-road, servi par le programme Terrain Response plus complexe et abouti que jamais. En pratique, le Range Sport est plutôt dans son élément lors de montées en station hivernales, chaussé de gommes idoines. Un regret, concernant le coffre. Pour un voyageur de ce gabarit, le volume ne sort pas vraiment du lot : de 647 l à 1.491 l banquette rabattue. Attention d’ailleurs, les deux écrans gênent le repli des dossiers si les sièges avant sont à peine trop reculés ou inclinés.

nouveauté, luxe, land-rover, range rover sport, essai – land rover range rover sport p530 (2022) : il faut sauver le soldat range sport Pas de surenchère numérique ni d’écran géant mais une interface soignée et sobre. La navigation est fluide, l’arborescence des nombreux menus s’appréhende facilement. Les fonctions du Terrain Response se sélectionnent via la molette centrale.

Tarifs : qui s’en soucie ?

Bien plus sage que le V8 P530, le Range Sport d’entrée de gamme débute à 94.200 € avec le bien plus sage 6 cylindres en ligne Diesel de 250 ch. Notre V8, uniquement disponible en finition haute First Edition, toise la famille du haut de ses 144.200 € hors taxe CO2, évidemment dans la tranche maximale de 40.000 €.

A ce niveau, personne dans la clientèle Land Rover la plus huppée ne se demande s’il est raisonnable de signer le chèque. Certains y verront une excellente alternative au Range P530 classique : pour le prix de ce dernier (182.400 € en First Edition équivalent, hors malus), on peut ainsi s’offrir un Range Sport et une Porsche Boxster ou Cayman avec un flat-6 atmosphérique. Quelque part, le Range Sport est donc formidablement rationnel.

Caractéristiques techniques Land Rover Range Rover Sport (2022)

Fiche Technique Land Rover Range Rover Sport
Modèle essayé : Range Rover Sport P530 V8 First Edition
Dimensions L x l x h 4,946 / 2,047 / 1,820 (hauteur accès : 1,770) m
Empattement 2,997 m
Volume mini / maxi du coffre 647 / 1.491 l
Poids à vide 2.505 kg
Cylindrée du moteur V8 essence, biturbo – 4.395 cm3
Puissance maximale 530 ch à 5.500 trs/mn
Couple maximal 750 Nm à 1.800 trs/mn
0 à 100 km/h 4,5 s
Vitesse max 250 km/h
Taux de CO2 théorique 261 g/km (WLTP)
Consommation annoncée – relevée 11,7 l / 100 km – 14 l / 100 km
Malus 2020 40.000 €
Tarifs à partir de 94.200 € (modèle essayé : 144.200 €)

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