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Mazda MX-5

Essai Vintage Mazda MX-5 NA : les trente glorieuses

Les rencontres les plus sympas sont souvent inattendues. Quand elle a appris que des essais presse de la MX-5 30th Anniversary se déroulaient dans sa région, Chantal s’y est rendue avec sa superbe Miata série limitée “Sunracer” de 1995, achetée en Allemagne en 2014. Près de 40 000 km de plaisir cheveux au vent plus tard, Chantal file toujours le parfait amour avec son joli poussin. Comme beaucoup, elle adore l’authenticité de cette première génération NA apparue en 1989. C’est pourtant le troisième opus NC roadster coupé qui lui a mis le pied à l’étrier en 2010, avec son toit dur plus adapté à ses besoins quotidiens. Une révélation et une passion qu’elle souhaite partager en rejoignant les Club MX-5 France et mx5passion. Chantal devient vite une figure de cette communauté qui regroupe plus de 11 000 personnes sur les forums. Les sorties qu’elle organise sur les routes des grandes Alpes et près du lac Léman sont systématiquement prises d’assaut. Avec sa passion et sa bonne humeur, Chantal symbolise parfaitement l’esprit MX-5 : convivialité, partage, passion, simplicité et pas de prise de tête. Aucune autre sportive accessible ne suscite un tel engouement.

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Esprit similaire

Coïncidence amusante, notre invitée surprise a commandé un des 200 exemplaires 30th Anniversary alloués à la France : « J’ai opté pour une capote souple. J’ai eu l’occasion de la conduire sur le circuit Paul Ricard. Je ne regrette pas mon achat, même si c’est surtout sa couleur pétante qui m’a fait craquer ». En arborant un orange digne de la DDE sur la carrosserie, les étriers de frein Brembo ou dans l’habitacle, cette série spéciale de la quatrième génération de MX-5 (autrement dit ND) fait sa crise de la trentaine. Uniquement disponible avec le 2.0 de 184 ch, elle intègre d’office les amortisseurs Bilstein plus radicaux et s’offre de superbes jantes 17 pouces Rays allégées et estampillées 30th Anniversary. Trois décennies, cela se fête dignement, surtout de la part du roadster le plus diffusé au monde : plus de 1,2 million de modèles sont sortis des usines ­d’Hiroshima en quatre générations. Personne, même chez Mazda, ne s’attendait à un tel succès. Avec sa bouille craquante et son poids plume, cette propulsion au format de poche, animée par un petit 1,6 litre pétillant de 115 ch ressuscite l’esprit des roadsters anglais des années 60. Avec l’incomparable avantage de démarrer au quart de tour, qu’il pleuve, neige ou vente. Son succès inspire de nombreux constructeurs qui tentent de s’engouffrer dans la brèche, avec des fortunes différentes. La Z3 se montre plus élitiste quand l’accessible et mignonne Barchetta reste une simple traction.

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Trois décennies plus tard, la petite NA n’a pas pris une ride et s’avère toujours aussi craquante : proue lisse comme un galet, phares escamotables lui donnant un regard de grenouille et des détails comme les poignées de portes métalliques. Derrière le regard frondeur qui a fait couler beaucoup d’encre, la dernière ND conserve des proportions similaires. Elle est certes plus large de 6 cm, mais possède une hauteur comparable et une longueur réduite de 6 cm… Quand on connaît l’évolution des sportives, la démarche de Mazda se montre réjouissante, rafraîchissante et inédite. Trente ans et trois générations plus tard, la Miata n’a forci que de 90 kg et n’a gagné que 69 ch. En refusant la crise de croissance, la course à la puissance, la surenchère financière et en respectant le concept originel, la MX-5 tient là une des principales clés de son succès.

En respectant le concept originel, la MX-5 tient là une des principales clés de son succès

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Du plaisir, du plaisir et du plaisir !

Il suffit de s’installer à bord pour comprendre pourquoi Chantal reste aussi attachée à la NA. La sellerie a beau se montrer plus moelleuse que les Recaro de l’orange pressée, le conducteur n’est guère dépaysé avec la descendance ND. Le maniement de la capote souple qui comprend deux tirettes aux extrémités des montants de pare-brise demande juste plus de temps que la simple ouverture centrale de l’arrière-petite-fille. Mais la faculté à jouer les transformistes en un tournemain est intacte. Le volant trois branches Momo et le minuscule levier de vitesse qui tombent sous la main donnent l’impression d’être à la maison. La présentation ne verse pas dans le tape à l’œil et résiste bien aux assauts du temps. Bien des sportives trentenaires plus élitistes ne peuvent en dire autant !

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Dès les premiers tours de roues, les similitudes avec la petite dernière sont frappantes. Tout d’abord, la direction assistée, pratiquement aussi directe, donne l’impression de conduire une voiture moderne. L’ADN MX-5 se retrouve aussi sous le capot, non pas en matière de performances. Les 115 ch du 1,6 litre font aujourd’hui pale figure face au 2 litres de 184 ch. Par contre, le caractère pétillant au-dessus de 4 000 tr/mn traverse les générations. Il donne constamment envie de jouer avec la commande de boîte aux débattements courts. Tant mieux car une route de montagne peut rapidement lui couper les ailes. Ce tempérament vivant fait vite oublier le niveau commun des accélérations. La NA procure une telle banane que le reste devient secondaire.

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Comparés aux standards actuels, les mouvements de caisse paraissent marqués, mais ils n’ont rien de caricatural rapportés à l’époque. À un degré moindre, la descendante conserve cette souplesse de suspension, même avec des amortisseurs Bilstein plus fermes, et un toucher de route comparable. Dans les deux cas, la petite propulsion n’est pas là pour briser les côtes lors des gros appuis, mais pour donner du plaisir en lisant la route comme un livre ouvert. Le châssis de l’icône originelle n’est pas aussi rigide et joueur que celui de la descendante, qui dessine volontiers des virgules en sortie grâce au couple supérieur et au différentiel autobloquant. En trois décennies d’évolution, pratiquement aucune autre sportive n’offre une filiation aussi étroite entre les différentes générations. Mazda s’est contenté de faire évoluer la MX-5, sans travestir l’esprit “bio” originel. Il s’agit sans doute de sa plus grande force. Avec un tel ADN, les magnifiques paysages alpins sont une invitation à rouler jusqu’à plus soif, surtout que Chantal connaît les meilleures routes du coin…

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