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« Fast & Furious X » : regain d’énergie pour famille au bord de l’explosion

« fast & furious x » : regain d’énergie pour famille au bord de l’explosion

«Â Fast & Furious X » : regain d’énergie pour famille au bord de l’explosion

C’est une ritournelle répétée à l’excès par le grand patriarche de la saga, Vin Diesel : Fast & Furious est une affaire de famille. Difficile de lui donner tort quand on se penche sur l’historique de ces films. Car il fut un temps où la franchise Fast & Furious semblait condamnée. Après le succès surprise du premier opus, production modeste qui propulsa les carrières de Vin Diesel, Paul Walker et Michelle Rodriguez, la popularité de la saga marqua sévèrement le pas. Il faut dire que les deux premières suites bafouèrent la valeur cardinale des Fast & Furious : fini les réunions familiales autour d’un barbecue arrosé à la Corona.

Du groupe original, seul Paul Walker participa au second opus, tandis que Vin Diesel ne faisait qu’une brève apparition dans le final d’un troisième film boudé par le public. Échaudés par ces détours malheureux, les auteurs des épisodes suivants mirent un point d’honneur à systématiser l’union de la famille séminale et, surtout, à en grossir les rangs. Depuis Fast 5, chaque film s’est échiné à absorber une quantité phénoménale de personnages, pour la plupart interprétés par des stars affiliées au cinéma d’action. L’affiche du dernier opus en date est éloquente de cette inflation un tantinet risible. On y voit une quantité délirante de protagonistes se bousculer pour célébrer ce qui est vendu (pour l’instant, du moins) comme le premier volet de la trilogie finale de la franchise.

Un scénario absurde, comme d’habitude

Voilà donc que revient dans un fracas de métal et de doucereuses vapeurs d’essence Dominic Toretto aux commandes de sa rutilante muscle car. Le regard fier, le torse bombé, Dom protège cette fois sa famille d’un nouvel ennemi surgi d’un des innombrables méandres scénaristiques de la saga. On apprend dans une de ces révélations absurdes, marque de fabrique des Fast & Furious, que le baron de la pègre floué puis tué au terme du cinquième épisode avait un fils ! Or cet héritier, qui assista impuissant à la victoire de Dom, se révèle être un génie du crime à tendance psychotique. Pour preuve : dans une scène improbable, il se fait les ongles des pieds en papotant avec deux cadavres de policiers, confortablement installés dans un salon de jardin. Forcément, ce grand gaillard haut en couleur a fomenté un plan diabolique pour mettre à terre Dom et les siens.

Mais le véritable mal qui ronge la franchise se cache au c?ur même de sa conception.En effet, le récit de la grande ?uvre familiale populaire porté, devant et derrière la caméra, par Vin Diesel ne fait plus illusion depuis longtemps. Le caractère inflationniste des films a tout d’abord éloigné Fast & Furious de ses racines populaires, jadis ancrées dans des milieux modestes proches du public cible. Même si tous les films sacrifient à la traditionnelle scène de barbecue dans le jardin d’un discret pavillon de banlieue, la famille Toretto semble depuis bien longtemps détachée de sa base. Jadis restreintes à leur ville, leurs aventures sont devenues internationales, tandis que leur modeste garage a laissé place à des repaires cyclopéens bourrés de gadgets improbables. Le pire, pourtant, n’est pas là, car cette thématique de la famille usée jusqu’à la corde a été sévèrement malmenée par les conflits qui ont émaillé la production des derniers films. Il y eut évidemment le départ avec fracas sur Fast and Furious 8 de Dwayne Johnson, qui a publiquement dénoncé le comportement de diva de son confrère. Et, plus récemment, la production a été marquée par la démission du cinéaste emblématique de la saga, Justin Lin (il a réalisé la moitié des épisodes), au bout d’une semaine de tournage de Fast & Furious X ! Un sévère accident de parcours qui, pourtant, a débouché sur la relative réussite de ce dernier opus.

Louis Leterrier sauve les meubles

Débarqué en catastrophe sur ce plateau monumental, le réalisateur français Louis Leterrier a tiré de l’urgence de la situation une indéniable énergie. Certes, le film garde les traces de sa production chaotique. On relèvera notamment le dénuement total de plusieurs scènes d’exposition poussives, certaines étant tournées devant des fonds d’incrustations avec des décors numériques qui ne tromperont personne. Et, si plusieurs effets spéciaux sont indignes d’une production de ce calibre, il est aussi plus que jamais difficile de retrouver son chemin dans la foultitude de personnages et de récits parallèles gérés à la va-vite. Reste que Leterrier est parvenu à boucler, dans des conditions que l’on imagine difficiles, un blockbuster généreux, certes crétin, mais qui, le temps de quelques scènes, propose un grand bazar réjouissant. En somme, le réalisateur a réinsufflé dans la saga ce qui manquait tant aux derniers films : une envie réelle et communicative de s’amuser en imposant un ton parfaitement adapté à ce qu’est devenue la franchise. Excepté quelques scènes alibis dans lesquelles Dom nous rejoue sa sempiternelle figure du leader avide de justice, le film se contente de proposer un divertissement léger, humble et roboratif.

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