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Imola 1983 - Quand Patrick Tambay "vengea" Gilles Villeneuve

Au Grand Prix de Saint-Marin 1983, un an après la guerre fratricide ayant éclaté entre Gilles Villeneuve et Didier Pironi, Patrick Tambay faisait triompher le numéro 27 ayant appartenu à son ami, le fougueux québécois.

Le palmarès de , disparu ce week-end à l’âge de 73 ans, ne fait état que de cinq pole positions, deux victoires et onze podiums en Formule 1 en 114 Grands Prix. Toutefois, le pilote au casque bleu et blanc a été l’un des meilleurs représentants français du début des années 1980.

Propulsé au volant d’une Ferrari après le décès de son ami ayant mis un terme à la carrière en catégorie reine du tricolore, Tambay a dû rapidement s’imposer et prendre le capitanat dans une équipe de Maranello sans repère. En dépit de cette tâche gargantuesque, le porteur de l’emblématique numéro 27 a répondu présent, en signant un succès fort en émotion au Grand Prix d’Allemagne, lors du même week-end où s’est blessé Pironi, et en assurant à la Scuderia de repartir avec le titre constructeurs avec quatre autres arrivées dans les points.

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L’autre victoire de Tambay en Formule 1, elle aussi pleine d’émotion, est survenue l’année suivante, à l’occasion du Grand Prix de Saint-Marin. Un an auparavant sur le même tracé, Villeneuve et Pironi s’étaient déchirés en se bagarrant pour la victoire. Malgré une consigne d’équipe demandant aux deux hommes de ralentir, Pironi avait fondu sur son coéquipier, en tête de la course, avant de prendre le dessus dans le dernier tour. Pour le fougueux pilote québécois, cette issue a été vécue comme une trahison, l’ambiance glaciale régnant sur le podium l’illustrant plus que bien, et jamais ces deux amis n’ont eu l’occasion de se réconcilier puisque Villeneuve s’est tué deux semaines plus tard, lors des qualifications du Grand Prix de Belgique.

Le podium du Grand Prix de Saint-Marin 1982

Les tifosi, eux, avaient tranché et leur cœur battait pour le Canadien dans les tribunes d’Imola le dimanche 1er mai 1983. Plusieurs mots d’encouragements étaient adressés aux pilotes Ferrari, néanmoins un traitement particulier était réservé à Tambay puisque c’était lui qui portait le #27 ayant autrefois appartenu à Villeneuve. Sur la grille de départ, le Français pouvait voir des fans encore plein de chagrin lui demander de “venger” son ami, pour sa victoire perdue en 1982.

Troisième sur la grille de départ, derrière son nouvel équipier, , pointer en tête… jusqu’à ce que l’arrêt du transalpin ne s’éternise et fasse inverser les positions.

Mais ce jour-là, la Ferrari 126C2B devait composer avec un moteur V6 turbo défaillant, ce qui n’a fait que faciliter le retour de Patrese. En quelques minutes seulement, l’Italien était au contact de son adversaire avant de le dépasser à cinq tours du but, à la sortie du virage Tamburello, sans trop d’effort. Mais une erreur du nouveau leader dans la même boucle s’est conclue par un accident et a donc remis les clés de la course dans la paume d’un Tambay qui n’y croyait plus !

Malgré un moteur à la santé défaillante et le poids que représentait une victoire sur les terres de Ferrari, un an après le drame, le pilote est parvenu à garder son calme et ses roues dans les limites de la piste pour remporter le Grand Prix de Saint-Marin devant une foule en délire ! Et il ne fallait pas un tour de plus puisque Tambay a fini par tomber en panne dans son tour de décélération. Les tifosi, ayant déjà sauté par-dessus les grillages pour envahir la piste, ont alors profité de l’occasion pour se précipiter sur le vainqueur, porté à bout de bras tel un héros. Un an après la défaite de Villeneuve, on avait enfin vengé le numéro 27.

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Patrick Tambay, Alain Prost, et René Arnoux sur le podium

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