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La France peut-elle revenir en force dans la course à l’électrification ?

La France peut-elle revenir en force dans la course à l’électrification ?

Le Sénat souhaite freiner l’arrivée des voitures électriques asiatiques en France. Il a, pour ce faire, adopté le 2 décembre dernier un amendement sur le budget 2023, visant à réduire les subventions à l’achat de véhicules électriques. La baisse demandée est d’un demi-milliard d’euros.

Il faut croire que le Salon de l’Auto de Paris a fait frémir une majorité de sénateurs. Ces derniers ont en effet proposé un amendement au texte de budget 2023 pour réduire les aides et subventions à l’achat de véhicules électriques, et ce pour un montant de 500 millions d’euros. De quoi faire ainsi passer la proposition du gouvernement de 1,3 milliard (qui correspond à une hausse de 30 % par rapport aux budget 2022) à seulement 800 000 millions d’euros.

Le Sénat, via sa commission des finances, considère que les investissements sont trop prématurés pour profiter à l’industrie française, et que ce sont en majorité les constructeurs asiatiques qui prennent leur part du gâteau, avec une entrée facilitée sur le marché européen. Une attitude protectionniste destinée à contrecarrer la stratégie de marques comme MG, qui mise tout sur des tarifs ultra agressifs une fois les bonus étatiques déduits, pour séduire les clients de l’exigeant marché hexagonal. De son côté, le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu rétorque qu’adopter l’amendement serait un frein à l’électrification du parc automobile et donner la toute-puissance au pétrole, qui reste un produit importé et non une ressource de nos sols.

Des voitures françaises qui se vendent pourtant bien

Le Sénat détaille son point de vue dans un rapport, où il est notamment mentionné que les entreprises chinoises ont la main mise sur 75 % de l’ensemble de la production de batterie et sur 50 % de la valeur totale d’un véhicule électrique. Il est vrai que beaucoup de composants et de matières premières proviennent de l’étranger, c’est pourquoi le Sénat demande à temporiser les aides, le temps qu’une filière nationale -ou au moins européenne- soit mise en place et profite de ces financements à la place de constructeurs étrangers. Le débat risque malgré tout de tourner court si le gouvernement décide purement et simplement d’user du 49.3 pour faire passer son budget en force, mais la question de la souveraineté nationale sur l’industrie de la voiture « verte » demeure.

D’autant que chez nous, le palmarès des électriques est assez fortement tricolore, puisque que l’on trouve cinq françaises dans le top 10 des ventes cumulées sur les 11 mois de l’année. Mais dans un autre registre, il faut aussi noter qu’elles ne sont pas toutes produites en France, loin s’en faut… La Peugeot e-208 (en tête du classement) est par exemple produite en Slovaquie et sera bientôt transférée en Espagne, comme le e-2008 (neuvième place du classement), tandis que la Renault Twingo E-Tech 100 % électrique (sixième du classement) vient de Slovénie. En revanche, les Mégane E-Tech (cinquième) et Zoé (septième) sont bien produites chez nous, dans les usines de Douai et Flins respectivement.

Vers des aides ciblées ?

Une solution temporaire pour accéder à la requête des sénateurs serait de suivre le modèle américain et de proposer des aides gouvernementales qui concerneraient uniquement les voitures françaises. Mais si l’idée est relativement facile à mettre en place dans un pays comme la France, elle n’est pas transposable à l’échelle de l’Europe, puisque des pays comme la Norvège ou le Danemark importent toutes leurs voitures. Reste que si ces questions de subventions sont cruciales pour l’économie du secteur, il faut aussi pouvoir assurer, en parallèle, une production d’énergie suffisante pour répondre aux besoins croissants du parc automobile électrifié.

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