Billet d'humeur

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La Jeep Avenger 2023 élue voiture de l'année ? Un drôle de choix qui couronne une techno bien connue

Pour une surprise, c’est une surprise. Avec une très large avance, le petit SUV urbain Jeep Avenger a été élu voiture de l’année 2023. Pourquoi les jurés ont-ils attribué un prix qui, pour le moins que l’on puisse dire, n’apporte aucune nouveauté technique ? Tentative d’explication.

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l’Avenger vainqueur est bien une Jeep. Du moins sa calandre dispose-t-elle des 7 barrettes de rigueur.

C’est une double première pour Jeep. Non seulement la marque américaine du groupe Stellantis n’avait jamais décroché le trophée au cours des soixante années d’existence du COTY (Car Of The Year) mais de plus, elle rafle la mise avec sa première auto électrique. Et de quelle manière, puisque son Avenger a raflé 328 points, reléguant le deuxième (le Volkswagen ID Buzz) à 80 points derrière lui. Pourtant, cette victoire écrasante pose quelques questions, même si elles ne concernent pas les qualités routières du modèle qui, selon le premier essai réalisé par Stéphane Lémeret, sont tout à fait réelles. En fait, cette victoire permet de s’interroger sur les motivations des 59 journalistes automobiles européens qui lui ont attribué ce prix.

Des éléments bien connus dans d’autres modèles du groupe

En tout cas, une chose est certaine, les jurés n’ont visiblement que faire de l’apport technique, stylistique, ou pratique qu’un nouveau modèle peut apporter à l’édifice automobile. Car en ce qui concerne l’innovation, elle est restée bien cachée au fond de l’ordinateur des concepteurs de l’Avenger. De quel bois mécanique se chauffe ce SUV, si ce n’est d’éléments déjà vus ailleurs ?

Sa plateforme n’est autre que l’e-CMP largement diffusée dans le groupe. Son moteur de 156 ch et sa batterie de 54 kW sont archi connus puisqu’on les retrouve, depuis peu, sous le capot et le plancher de la Peugeot e-208, de la e-308 de la DS3 e-tense. Difficile de faire plus partageur que ce groupe motopropulseur.

On peut d’ailleurs se demander pourquoi la nouvelle Opel Astra électrique, qui elle aussi adopte la même mécanique, n’a pas eu droit de figurer dans la liste des 7 finalistes de cette voiture de l’année ? Sans doute parce que ce n’est qu’une pauvre compacte. Un truc ringard, sans grandes roues. Un engin du siècle dernier.

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Une ligne cohérente, mais qui ne bouscule pas les habitudes.

Mais peut-être que les jurés ont tenu à saluer l’innovation stylistique de cet Avenger après tout ? Sauf que le design du petit SUV n’apporte pas grand-chose de neuf en la matière. Il gomme tout effet clivant. Surtout ne pas bousculer, surtout rester consensuel pour séduire tout le monde en ne choquant personne, tel semble avoir été le cahier des charges des designers de Jeep.

Le résultat est une accumulation d’arêtes vives, pour garder la cohérence de la marque, sans oublier la fameuse calandre aux 7 barrettes pour revendiquer l’appartenance Jeep. L’ensemble n’est ni moche ni magnifique : il est standard et ne risque de déplaire à personne ni de provoquer l’admiration de qui que ce soit. Ce consensus mou était évidemment le but recherché, puisque ne pas déplaire, à défaut d’enthousiasmer, est un gage de réussite commerciale.

Un intérieur plus réussi que l'extérieur, mais une qualité de matériaux et d'assemblage pas au niveau.

Un intérieur plus réussi que l’extérieur, mais une qualité de matériaux et d’assemblage pas au niveau.

Mais alors, qu’est ce qui peut bien justifier la victoire de l’Avenger ? La qualité des assemblages de son habitacle ? Elle n’est pas vraiment au rendez-vous, comme le premier essai du modèle le signale, et comme Stéphane Schlesinger l’a déjà également remarqué  lors de nos tops/flops au cours du récent Mondial de l’auto à Paris. Pourtant, cet intérieur est beaucoup plus original et esthétique que l’extérieur et constitue un bond en avant stylistique pour la marque américaine. Dommage que les matériaux utilisés soient de piètre qualité. Pas de quoi troubler néanmoins les jurés qui lui ont accordé leurs suffrages.

Pourtant, face à l’Avenger, d’autres modèles faisaient montre de cette innovation qui a manqué à l’Américain. le Volkswagen ID Buzz a pour lui une ligne craquante, revisitant celle du Combi des années 60. Le Renault Austral peut, quant à lui, revendiquer une qualité d’assemblage et de matériaux en nette hausse par rapport aux autos produites par le losange il y a quelques années. Quant au Kia Niro, il bénéficie, outre ses qualités perçues, d’un système mécanique encore plus efficace que le Jeep.

La recette pour décrocher le titre ? Faire consensus, sans prendre de risque

Étant donné cette accumulation d’éléments qui auraient du empêcher l’Avenger de décrocher le prix, on peut se demander in fine, pourquoi il a été couronné, et de belle manière, sauf par les jurés français qui lui ont préféré le Renault Austral. Les autres jurés ont-ils tenu à saluer l’arrivée de la marque américaine dans un groupe français ? Ont-ils voulu donner un signe d’encouragement à la première incursion de Jeep vers le monde électrique ? Possible.

En tous cas, cette victoire livre une recette aux constructeurs qui briguent le titre dans les années à venir. Pour être élu, il suffit peut-être de dessiner une auto consensuelle, en s’appuyant sur des éléments mécaniques existants et en améliorant les réglages des suspensions, ce qui semble être le cas ici. Finalement, une auto cohérente et sans innovation est suffisante pour remporter une palme sans imagination.

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