La Peugeot 408 présente des lignes à la croisée du SUV et de la berline. (TIBO)
En se réveillant, après une nuit agitée, vous risquez de tomber prochainement sur ça. Ça, ce n’est pas Gregor Samsa, transformé en monstrueux insecte par l’étrange imagination de Franz Kafka. Ça, c’est la 408 qui devrait très vite circuler dans nos rues.
Pas insecte, pas monstrueux mais clairement une métamorphose de ce que nous avons l’habitude de voir au point d’en être, à première vue, dérangé lorsque la 408 vous apparaît. Votre premier regard donne l’impression d’avoir affaire à un SUV, le seconde à une berline. Et ce n’est que lorsque vous vous posez devant ses lignes que vous pouvez enfin mesurer l’origine de ce trouble : la 408 se présente, en apparence, comme un croisement de ces deux segments.
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En apparence, seulement. « Lorsque nous avons décidé de lancer le projet 408, il nous a d’abord fallu définir le concept, se souvient Michael Trouvé, le concepteur de cette créature hybride mais pas tant que cela. Mettre en place le cahier des charges, lister les ingrédients. » Et pour cette voiture qui sera mise en vente en 2023, le travail a débuté… en 2016. « Nous sommes partis d’un constat, poursuit Aurélie Bresson, chef de produit de la nouvelle Peugeot. Certains de nos clients cherchaient du différent. Et nous avons vu qu’il y avait de la place entre une 308 classique et notre SUV, le 3008. » Une analyse qui permet alors de se lancer dans le trou découvert entre ces deux réussites de la firme de Sochaux.
La 408 n’est pas un concept-car mais une voiture à vendre. On reprend donc le châssis de la 308 comme base de travail même si son empattement est allongé et l’on s’amuse à créer cette nouvelle bête mi-SUV mi-berline. Enfin, c’est ce que l’observateur pense grâce au travail du bureau de style. « On a voulu créer le trouble », s’en amuse avec fierté Michael Trouvé. Les lignes très carénées de la demoiselle ainsi que le très haut bas de caisse donnent clairement l’idée que l’on montera dans un SUV. Surtout avec cet arrière très plongeant.
Il n’en est rien. « Illusion d’optique, en rigole le désigner. Oui, nous avons mis des voies plus larges pour les roues et travaillé certains des codes du SUV mais vous avez bien à faire avec une berline. » Elle est effectivement moins haute qu’un SUV (15 cm) et la garde au sol n’est que de 5 cm plus haute qu’une berline. Ce n’est donc plus une berline mais pas encore un SUV. Une 408 dont le style inédit, entre bicorps et tricorps, a coûté beaucoup de temps à ses créateurs, capables par exemple de faire rentrer des jantes carrées dans une roue mais surtout de sculpter ce haillon très plongeant et longuement travaillé.
Son dessin très pointu contribue également à cette sensation de désorientation sur ce que pourrait être la 408. « Nous voulions rendre dynamique une silhouette rehaussée », s’en explique le designer, qui a cravaché comme un fou à coups de plume, d’astuces, de visites en soufflerie pour grignoter des dixièmes de Cx (coefficient de pénétration dans l’air).
Car la 408 devait afficher du 0,29. Pas plus. On n’est pas dans un SUV, très peu aérodynamique par essence. Alors, Michael Trouvé et ses troupes ont lissé cet arrière, repoussé les charnières du coffre très loin, les ont masquées par des oreilles de chat et installé un becquet pour « porter cette idée d’efficience ». Et offrir tout sauf un cafard à cette métamorphose de berline, très joliment réinventée. Une lourde chenille qui a déjà fait sa mue qu’on pourra baptiser berSUV ou SUVline.