Midi Pile

La voiture électrique ? Elle est dévastatrice pour la planète et pour une bonne partie de ses occupants

Ce n'est pas un fan du thermique qui le dit, mais une ONG plutôt écolo. Pour Somo, c'est son nom, la hausse des ventes d'autos zéro émissions verra les besoins en gigafactoriess multipliées par 17 en Europe et aux États-Unis. Des usines à batteries qu'il faudra alimenter en minerais venus de pays émergents qui n'en profiteront pas. Une vieille histoire de néocolonialisme ?

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Le lithium, l’or vert extrait par les pays du Sud pour être utilisés par ceux du Nord.

Que l’auto électrique soit pourfendue par plusieurs gouvernements et constructeurs européens, on peut le concevoir. Mais qu’elle le soit par des organismes qui ont un penchant ouvertement écologiste est plus surprenant. On se souvient de l’enquête menée par le site écolo Reporterre qui clouait au pilori les autos à batterie, mais voilà qu’une ONG néerlandaise tire à boulets rouges sur l’électrique en livrant une avalanche de chiffres.

Le tout électrique n’est pas durable

Somo (Center of research on multinational corporations) est un gardien du temple dont la mission est de veiller « à mettre en œuvre des solutions durables et agir comme contrepoids face aux stratégies et pratiques néfastes des multinationales » dixit ses fondateurs. On ne peut donc pas les soupçonner de collusion avec les grands groupes automobiles européens, sauf à souffrir d’accès de schizophrénie. C’est pourtant ce même organisme qui, ces temps-ci, va dans le sens des marques qui tentent de freiner la bascule vers le tout électrique. Car pour les enquêteurs de Somo, le tout électrique n’est pas une solution durable. Il serait même dévastateur pour les ressources minérales de la planète.

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Le nombre d’usines à batteries devrait être multiplié par 7 de par le monde, et par 17 en Europe et aux US.

Pour appuyer ses affirmations, l’étude se projette en 2031, lorsque les autos à watts seront réellement sur leur rampe de lancement. L’organisme a fait les comptes des besoins cette année-là, et ils seront gigantesques. Selon l’enquête, la production de batteries devra être multipliée par 7, passant de 1 045 GWh en 2021 à 7 740 GWh en 2031. Mais cet énorme bond est mondial, car en Europe et aux États-Unis, plutôt en retard sur la Chine, c’est pire : la hausse devra être multipliée par 17. Somo a même fait ses petits calculs continent par continent, en prenant en compte les déclarations des constructeurs qui tous, veulent s’offrir des gigafactories.

7,3 millions de voitures électriques vendues en Europe en 2031

Pour arriver à ces conclusions, l’organisme mise sur une demande de 7,3 millions de voitures électriques vendues en Europe en 2031. Un chiffre qui ne paraît pas totalement délirant, 4 ans avant l’interdiction totale du thermique (si elle a bien lieu). D’autant que sur le vieux continent, 9,3 millions d’unités (thermiques et électriques) se sont vendues l’an passé, et que 2022 est considérée comme une année noire. Augmenter les capacités de production, avec les emplois qui vont avec ne gêne pas outre mesure l’ONG, même si le recyclage de ces millions de batteries lui pose quelques soucis, malgré la nouvelle réglementation européenne qui entend pousser les fabricants vers ce recyclage. En revanche, l’origine et l’impact sur les ressources non renouvelables des minerais nécessaires poseraient un véritable problème, tant en matière d’environnement que d’impact social.

C’est que le lithium, le cuivre, le manganèse, le nickel et le graphite sont, du moins pour le moment, intégralement extraits dans les pays du Sud qui n’ont aujourd’hui, et peut-être demain, que faire de la voiture électrique. Ce sont donc eux, et eux seuls, qui subiront les méfaits de ces extractions, sans même profiter de leurs bienfaits.

23 nouvelles gigafatories à venir

Pour la seule Europe, qui compte aujourd’hui sept usines à batteries, il en faudra 30. Une hausse un tantinet moins élevée aux US qui devrait passer de 4 unités de production aujourd’hui à 25 dans 8 ans. Quant à la manne de ces minerais, évaluée à 400 milliards de dollars de chiffre d’affaires, elle ne reviendrait même pas intégralement à ces pays émergents, mais pour Somo, ils n’en percevraient que près de la moitié, un peu moins que les fabricants de batteries, tous issus des pays du Nord.

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Des voitures électriques plus petites et moins chères ? La Volkswagen ID2 et ses futures copines ont de l’avenir.

C’est donc une nouvelle et durable exploitation des pays du Sud que dessine et projette l’ONG. Sauf que pour l’éviter, l’étude ne propose pas grand-chose de nouveau. Pas grand-chose de plus en tout cas que les solutions déjà envisagées par nombre d’organismes et de partis politiques écologistes. « Il faut réduire la dépendance à l’égard des voitures individuelles au profit de modes de transport partagés » indique l’étude.

Comment ? L’étude suggère que les 12,5 milliards de subventions allouées à l’achat des voitures électriques chaque année en Europe soient destinées à de nouvelles infrastructures de transport en commun. Quant à nous, il faudra réduire notre dépendance à l’automobile, acheter de plus petites voitures moins chères comme la Dacia Spring ou la future Volkswagen ID2 et ID1, et les utiliser moins souvent.

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