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La voiture est définitivement devenu un produit de luxe

La très grosse étude de la filiale allemande de BNP Paribas montre que les Européens ont de plus en plus de mal à accéder à l’automobile. Le début d’un déclin durable du marché ?

Les pauvres et classes moyennes en occasion ou en Dacia, et les cadres et foyers plus aisés en voiture électrique haut de gamme ? Le découpage est extrêmement caricatural, mais il illustre tout de même ce qui est en train de se produire actuellement en Europe, y compris dans des marchés développés et plutôt riches comme l’Allemagne ou la France, les deux plus gros sur le Vieux Continent. Une étude d’une filiale allemande de BNP Paribas vient justement d’enfoncer le clou. Son titre est d’ailleurs particulièrement évocateur : “Voitures, quoi qu’il en coûte ?”. BNP Paribas est loin d’être un anonyme dans le secteur automobile puisqu’il fait partie des deux ou trois plus grosses structures de financement pour l’achat d’une voiture neuve. Près d’une voiture sur cinq vendue en Europe l’est par BNP Paribas, Allianz ou encore RCI Bank. Ils sont donc en première ligne pour mieux comprendre la situation du marché, qui n’est visiblement pas des meilleures.

La voiture, un produit de luxe comme un parfum

la voiture est définitivement devenu un produit de luxe

Plus le temps passe, et plus les Européens ont l’impression que l’automobile devient un produit de luxe© Bugatti

Il subsiste désormais un décalage énorme entre la perception du grand public sur la voiture neuve, de plus en plus chère, et les bénéfices monstrueux réalisés par la plupart des grands groupes automobiles en 2022. L’étude, menée dans 18 pays (dont la France, qui est le principal sujet), a débouché sur 17 000 entretiens avec des automobilistes et de nombreuses questions qui ont amené de grands enseignements. Trois automobilistes sur quatre ne “pourraient pas vivre sans leur voiture”, mais l’accès à un véhicule récent et en bon état semble de plus en plus difficile. En Allemagne, où le pouvoir d’achat est plutôt élevé, 20 % des consommateurs pensent aujourd’hui qu’une voiture est “l’apanage des plus riches”. Un taux impressionnant dans un pays très porté sur la voiture haut de gamme ! D’autant plus que le prix moyen d’achat d’un véhicule neuf outre-Rhin s’élève à un peu plus de 42 000 €. En tenant compte des achats neufs et d’occasion, c’est en Chine que le prix moyen est le plus élevé : 27 794 €, contre 20 084 € en Allemagne et 16 553 € en France.

Dans une impasse ?

Au niveau européen, à peine 13 % des sondés répondent que la possession d’une voiture est “financièrement faisable pour tout le monde”. Il faudrait alors se rabattre sur le marché de l’occasion, mais deux problématiques émergent : le VO est de plus en plus cher, et ce marché est alimenté par le VN, qui ne doit donc pas ralentir pour éviter que les prix des occasions ne s’envolent encore un peu plus. Toujours est-il que les acheteurs de voitures d’occasion sont moins amères : 77 % des clients d’un VO ont affirmé être “satisfaits” du prix d’achat de leur véhicule, contre 57 % pour le neuf.

Plus généralement, toute l’Europe fait grise mine. La plupart des pays sondés affichent une faible part d’automobilistes pensant que la voiture est financièrement accessible à tous. Seuls la Chine (44 %) et les Etats-Unis (27 %) se démarquent.

Plus significatif encore, la question “seriez-vous prêts à ne plus jamais posséder de voiture ?”. 14 % des Allemands ont répondu “oui, absolument” et 17 % “oui, probablement” ! Plutôt inquiétant pour les constructeurs d’un pays historiquement très “autophile”. En France, les taux sont de 7 et 14 %. Les Allemands semblent donc clairement plus pessimistes et inquiets que les Français. Une conclusion presque irréelle. Et cette impression est renforcée par la question suivante : “craignez-vous de ne plus être capable d’acheter une voiture dans le futur ?”. 61 % des Allemands ont répondu “oui”, contre 59 % des Français.

la voiture est définitivement devenu un produit de luxe

Sur ces deux graphiques, le prix moyen des voitures pondéré a monté plus vite que l’inflation et les revenus moyens des foyers depuis 2012© BNP Paribas

La hausse du coût de l’automobile est-il finalement une vue de l’esprit ou une réalité ? Deux graphiques issus de l’étude démontrent que le prix des voitures a clairement commencé à fortement augmenter en 2012. Bien plus que l’inflation et les revenus médians. La conséquence pourrait donc être une baisse durable des commandes de véhicules neufs de la part des particuliers et très petites entreprises, qui représentent plus d’un acheteur de VN sur deux. D’ailleurs, certains signaux d’alerte émergent déjà en 2023 sur la baisse des commandes en Europe…

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