- «Des centaines de millions de bénéfices par an»
- Investissements mutualisés pour projets communs
- Profiter des atouts de chaque membre
Une nouvelle version de l’alliage Renault Nissan Mitsubishi est célébrée à Londres, lundi 6 février 2023.
Pour la première fois depuis la fin de l’ère Ghosn, une grande conférence de presse et d’analystes financiers réunit les dirigeants des trois groupes automobiles : Luca de Meo, le directeur général de Renault, et Jean-Dominique Senard, le président du conseil d’administration du Losange, Makoto Ushida, le directeur général de Nissan et Takao Kato, celui de Mitsubishi. Contrairement à ce qui était courant jusqu’en 2018, l’année où l’ancien dirigeant de Renault et de Nissan a été arrêté, aucun objectif de ventes mondiales, aucun chiffre d’affaires global ni aucun montant de synergies ne sera communiqué pour cette alliance revue et corrigée.
«Des centaines de millions de bénéfices par an»
«Les milliards d’euros de synergies annoncés par le passé, on n’y arrive pas, résume un bon connaisseur du dossier. Cette fois, nous partons des projets opérationnels pour les discuter au niveau de la direction générale des entreprises». Des chiffres sont tout de même évoqués. Ils n’ont plus rien à voir avec les 10 milliards de synergies annuelles que Carlos Ghosn prévoyait d’atteindre en 2022-2023. Il s’agit «de centaines de millions de bénéfices par an pour chaque entreprise, peut-être même un milliard d’euros», risque un acteur de ce nouveau partenariat.
Investissements mutualisés pour projets communs
Sa vocation n’est plus de former un géant dont le nombre d’unités consolidées talonnerait Volkswagen ou Toyota. Elle servira à donner corps à des projets communs en mutualisant des investissements ou des technologies dans différentes régions du monde, mais de manière contractuelle et opérationnelle.
Oubliée la philosophie «leader follower» présentée en 2020 qui donnait à chacun une zone du monde et une technologie dans lesquelles il serait le référent pour les autres. «Avec Nissan, nous allons travailler ensemble sur cinq à dix projets. La plupart sont prévus après 2025», indique une source de Renault.
En Argentine et en Inde, Nissan et Renault devraient développer des véhicules électriques communs sur le segment des citadines. En parallèle, les deux alliés devraient lancer en Europe un véhicule utilitaire électrique, le Flex Van connecté, déjà évoqué par Luca de Meo en novembre dernier.
Profiter des atouts de chaque membre
Au-delà des projets opérationnels, Nissan et Mitsubishi vont s’engager aux côtés de Renault en investissant tous les deux dans Ampère, l’entité que Renault va créer dans l’électrique et le software. Ils deviendront également des clients de Horse, la filiale de Renault dédiée au thermique et à l’hybride, et pourraient aussi collaborer dans les batteries solides – une technologie dans laquelle Nissan est en pointe – et dans les aides à la conduite autonome.
Les trois entreprises ne voient plus l’Alliance en grand. Leurs dirigeants veulent seulement profiter des atouts des uns et des autres, et «que chaque entreprise prenne son destin en main», résume l’un d’eux.