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L'Alliance Renault Nissan redémarre après cinq ans de défiance

l'alliance renault nissan redémarre après cinq ans de défiance

Une nouvelle version de l’alliage Renault Nissan Mitsubishi est célébrée à Londres, lundi 6 février 2023.

Le choix du régime de la séparation de biens semble avoir calmé les esprits chez Renault et Nissan. Après des semaines de palabres entre les protagonistes de l’Alliance Renault Nissan, puis Mitsubishi – ce drôle d’attelage destiné à former l’un des premiers groupes automobiles mondiaux -, une nouvelle version, plus légère et plus pragmatique de ce couple à trois, est célébrée lundi 6 février à Londres.

Pour la première fois depuis la fin de l’ère Ghosn, une grande conférence de presse et d’analystes financiers réunit les dirigeants des trois groupes automobiles : Luca de Meo, le directeur général de Renault, et Jean-Dominique Senard, le président du conseil d’administration du Losange, Makoto Ushida, le directeur général de Nissan et Takao Kato, celui de Mitsubishi. Contrairement à ce qui était courant jusqu’en 2018, l’année où l’ancien dirigeant de Renault et de Nissan a été arrêté, aucun objectif de ventes mondiales, aucun chiffre d’affaires global ni aucun montant de synergies ne sera communiqué pour cette alliance revue et corrigée.

«Des centaines de millions de bénéfices par an»

«Les milliards d’euros de synergies annoncés par le passé, on n’y arrive pas, résume un bon connaisseur du dossier. Cette fois, nous partons des projets opérationnels pour les discuter au niveau de la direction générale des entreprises». Des chiffres sont tout de même évoqués. Ils n’ont plus rien à voir avec les 10 milliards de synergies annuelles que Carlos Ghosn prévoyait d’atteindre en 2022-2023. Il s’agit «de centaines de millions de bénéfices par an pour chaque entreprise, peut-être même un milliard d’euros», risque un acteur de ce nouveau partenariat.

Dans le mariage de raison conclu en 1999, les participations croisées entre Renault et Nissan favorisaient le Losange sur le papier. Le français possédait 43,4% du japonais, mais sans aucun pouvoir après un accord passé en 2002. Nissan ne disposait que de 15% de Renault mais sans pouvoir non plus. Dans le nouvel accord qui devrait prendre effet au quatrième trimestre 2023, les deux constructeurs seront à égalité, détenant tous les deux 15% de l’autre avec des droits de votes pendant une durée minimum de quinze ans. Le solde de la participation de Renault (28,4%) dans Nissan sera logé dans une fiducie.

Investissements mutualisés pour projets communs

Sa vocation n’est plus de former un géant dont le nombre d’unités consolidées talonnerait Volkswagen ou Toyota. Elle servira à donner corps à des projets communs en mutualisant des investissements ou des technologies dans différentes régions du monde, mais de manière contractuelle et opérationnelle.

Oubliée la philosophie «leader follower» présentée en 2020 qui donnait à chacun une zone du monde et une technologie dans lesquelles il serait le référent pour les autres. «Avec Nissan, nous allons travailler ensemble sur cinq à dix projets. La plupart sont prévus après 2025», indique une source de Renault.

Cela devrait être le cas avec une plateforme industrielle, ce socle technologique utilisé dans l’automobile, que Renault lancera en Inde, où Nissan possède une usine à Chennai. Elle s’inspirera des modèles de SUV de Dacia à bas coûts, et qui pourraient correspondre aux attentes du marché local et à l’export. Ce sera aussi le cas en Amérique latine, où Renault est présent depuis longtemps. Nissan profite déjà de l’usine argentine de son partenaire. Il y fabrique son pick-up Frontier, qui existe aussi chez Renault sous le nom d’Alaskan. En échange de cette collaboration, Renault va profiter de l’usine de Nissan au Mexique – qui lui appartenait à l’origine – pour y produire un nouveau modèle.

En Argentine et en Inde, Nissan et Renault devraient développer des véhicules électriques communs sur le segment des citadines. En parallèle, les deux alliés devraient lancer en Europe un véhicule utilitaire électrique, le Flex Van connecté, déjà évoqué par Luca de Meo en novembre dernier.

Profiter des atouts de chaque membre

Au-delà des projets opérationnels, Nissan et Mitsubishi vont s’engager aux côtés de Renault en investissant tous les deux dans Ampère, l’entité que Renault va créer dans l’électrique et le software. Ils deviendront également des clients de Horse, la filiale de Renault dédiée au thermique et à l’hybride, et pourraient aussi collaborer dans les batteries solides – une technologie dans laquelle Nissan est en pointe – et dans les aides à la conduite autonome.

Les trois entreprises ne voient plus l’Alliance en grand. Leurs dirigeants veulent seulement profiter des atouts des uns et des autres, et «que chaque entreprise prenne son destin en main», résume l’un d’eux.

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