Inauguré en 1973, mais partiellement ouvert 13 ans auparavant, le périphérique qui ceinture la capitale est un concentré de tous les maux parisiens : une saturation maximum et une pollution maximum aussi qui font peut-être du périf l’autoroute la plus haïe de France
Le chantier du périf dans les années soixante
Une goutte de sueur au milieu du front : c’est ce qui guette tout automobiliste, jeune ou venu d’ailleurs, qui s’aventure pour la première fois sur le périf parisien. Car la boucle parisienne, qui fête cette semaine ses 50 ans, a une spécificité, un truc unique en France : c’est la seule autoroute urbaine dont les voitures qui débouchent de la droite pour l’emprunter sont prioritaires. Comment, en déboulant par une bretelle d’accès, s’insinuer sur une artère, et un flot continu à trois ou quatre voix ? A priori, l’affaire est injouable, et devrait être source d’accidents depuis un demi-siècle. Et pourtant, tout se passe plutôt bien depuis le 25 avril 1973, depuis le jour de l’inauguration de l’anneau par le premier ministre d’alors : Pierre Messmer.
Le premier tronçon, dans le sud de paris, est ouvert à la circulation en 1960.
Les plans du super périf dérobés
Qu’à cela ne tienne, en cette année 1969, le gouvernement de Pompidou prévoit déjà un super-périf : une structure à deux étages, le second sulompant le premier, multipliant ainsi les capacités de cette voie rapide qui ceinture la capitale. Les coûts du chantier sont faramineux, le périphérique classique coûtant déjà deux milliards de francs nouveaux. En plus, à la veille d’être présentés au public, les plans de super périf sont dérobés en pleine nuit par un groupuscule baptisé les « saboteurs anonymes ». La présentation est annulée, et le projet rapidement abandonné.
Depuis, le périf ne cesse d’alimenter les polémiques. Dès son ouverture, il est saturé aux heures de pointe, et au fur et à mesure de son succès, il le sera tout au long de la journée. Les nuisances sonores et polluantes sont gigantesques. En 1985, des murs antibruit poussent tout au long des voies qui seront, en partie, enterrées à la porte des Lilas, à Vanves, aux Ternes et la porte de Champerret. Rien n’y fait. Les Parisiens râlent, et les banlieusards, obligés de transiter par le périf maudit pour se rendre d’un coin d’île de France à un autre, les rejoignent. Les frondeurs finissent par avoir gain de cause et deux autres boucles ceinturant la capitale sont construits. L’A86, à une dizaine de km de Paris et la Francilienne, à 30 km, sont inaugurés. Des autoroutes aussitôt construites, aussitôt saturées.
le périf en 2050 tel qu’il était voulu par le candidat à la Mairie de paris Gaspard Gantzer, et imaginé par Le Parisien.
Petit à petit, les limitations de vitesses deviennent elles aussi plus contraignantes. De 80 km/h, la vitesse maximum est abaissée à 70 sur le périf parisien qui risque, dans un an, de perdre une voie, réservée aux transports en commun et au covoiturage et, pourquoi pas, d’être limité à 50 km/h. Les bouchons comme les râleries ne sont pas près de s’éteindre. Et si le périf était l’ennemi préféré des Parisiens et Franciliens depuis 1973 ? Une catharsis de 35 km leur permettant de se défouler et d’exprimer toutes leurs difficultés qui, souvent, n’ont pas grand rapport avec le ruban qui ceinture la capitale.