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Le futur de Dacia vu par le patron du style

Dans un long entretien accordé à L’argus, David Durand, le directeur du style Dacia, évoque le futur de la gamme. Quels modèles seront lancés d’ici à 2035 ? Quels sont les défis industriels et environnementaux auxquels les équipes doivent faire face ? Voici comment il imagine la voiture de demain.

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Le directeur du design de Dacia nous a ouvert les portes de son studio.

Géraldine Gaudy – L’argus

Saviez-vous que les Dacia d’aujourd’hui n’étaient plus toutes jeunes ? Leur conception remonte déjà à plusieurs années, comme c’est le cas pour bon nombre de véhicules en circulation. En ce moment, les équipes du design de la marque roumaine planchent déjà sur nos voitures de demain, celles que nous croiserons dans la rue en 2030. Des modèles qui nécessitent à la fois de réfléchir aux attentes/besoins des clients (les SUV feront-ils toujours autant d’adeptes dans dix ans ?), mais aussi de prendre en compte des paramètres extérieurs comme les normes environnementales ou les contraintes industrielles. « C’est un consensus permanent, explique David Durand, le directeur du style de Dacia. Il faut essayer de résoudre les problèmes techniques ou de réglementation en touchant le moins possible à notre design. » Et cela se révèle parfois être un vrai casse-tête.

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Les équipes du style doivent continuellement faire des consensus pour mettre en œuvre des projets.

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Quand le cahier des charges technique s'en mêle…

Les contraintes aérodynamiques pour réduire les émissions de CO2 entraînent une pression beaucoup plus forte que par le passé. Ainsi, appuie David Durand, « entre une Sandero 2 et une Sandero 3, il a fallu en tenir compte par exemple ». C’est pourquoi le spoiler a été abaissé de plus de 20 mm. Le pavillon est aussi plus bas afin d’obtenir un meilleur Cx. « Mais l’aérodynamique n’est pas l’unique facteur à prendre en compte pour réussir à respecter les normes, rappelle-t-il. Il y a aussi les motorisations. » David Durand explique alors être avantagé par le fait de pouvoir utiliser la plate-forme multi-énergie (CMF-B) du groupe Renault. « On peut ainsi répondre à la réglementation sans avoir obligatoirement à se diriger vers du 100 % électrique » dit le responsable, précisant que « tout le monde n’est pas forcément prêt à sauter le pas aujourd’hui ». Grâce à cette technologie « disponible sur étagère », et pour laquelle la marque n’a eu à supporter aucun coût, Dacia vient de lancer son tout premier modèle hybride sur la base d’un Jogger.

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Le Jogger est le premier modèle Dacia à s'équiper d'un moteur hybride. Dacia

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La Dacia Spring restylée sera lancée mi-2024. Oufti Design

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Le directeur du design trouve la Spring parfaitement complémentaire à une gamme Dacia tournée vers l'outdoor. Oufti Design

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La Dacia Sandero 3 a été optimisée pour améliorer ses rejets d'émissions polluantes. Alexandre Krassovsky

Pour ce qui est de l’électrique, la Spring joue les porte-drapeaux, et elle continuera à le faire dans les années à venir. Mi-2024, le constructeur présentera une évolution de la citadine zéro émission. « On travaille dessus, c’est un complément parfait », estime David Durand. Pour lui, cependant, faire aujourd’hui une petite voiture « ça n’a plus tellement de sens » au regard des réglementations à respecter et des coûts engendrés. « Pour le même prix, on peut en faire une grosse », déplore-t-il. C’est au final plus rentable.

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L’avenir de Dacia

Quant à la suite à donner à la gamme, David Durand indique « explorer plusieurs pistes ». Avec ses équipes, il étudie « les segments où Dacia pourrait avoir une légitimité, où l’on peut proposer un produit qui respecte notre ADN et qui fasse sens avec les usages de nos clients ». Mais, nuance-t-il, « je ne peux pas donner de direction précise, c’est le futur », tout en concédant « qu’il y a encore de la place pour de nouveaux projets ». Comme entre la Sandero et le Duster ?, lui suggère-t-on. Ce à quoi il répond avec un évasif « oui, je pense ». Autrefois, il y avait la Logan, mais elle n’est plus vendue en France. Pour commencer à dessiner une nouvelle voiture, il faut d’abord trouver « la bonne adéquation entre la demande de nos clients, la plate-forme et l’équilibre financier », ajoute David Durand. Les équipes de design Dacia travaillent donc main dans la main avec le produit, qui fonctionne à partir d’analyses chiffrées sur les tendances de marché. Selon les besoins, ils se tournent ensuite vers les ingénieurs, qui répondent alors factuellement sur ce qu’ils sont capables de mettre en œuvre « pour un prix, une motorisation et des dimensions » définis.

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Dacia travaille déjà sur les véhicules qui seront en circulation à l'horizon 2035.

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Si Dacia utilise aujourd’hui très largement la plate-forme CMF-B (sauf pour la Spring), « tout est assez ouvert » assure notre interlocuteur. Qui poursuit : « Moi, je pousse et j’organise des recherches avec les designers en ne leur donnant aucune contrainte. » Le design de Dacia ne va pas changer dans les années à venir estime David Durand, « il va évoluer ». Le concept Bigster donne une idée assez précise de ce qui nous attend. Cela commencera dès 2024 avec le Duster de troisième génération. « Il va avoir une influence assez longue », certifie le directeur du design. Mais ce n’est pas pour autant que les équipes vont arrêter de phosphorer et de « coller ce look sur une Sandero ou autre », dit-il. Toute la difficulté va être, selon lui, de « garder des traits et des graphismes communs » entre les différents produits au catalogue « pour conserver une homogénéité ».

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Le concept Dacia Bigster, qui préfigure un SUV familial, inaugure des pare-chocs en plastique recyclé.

Laurent Lacoste

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Le Dacia Duster de troisième génération sera lancé en 2024.

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La Dacia de 2035, celle qui devra répondre aux cahiers des charges de l’Union européenne, n’« angoisse pas plus que ça » le directeur du style. Pourquoi ? « Parce que nous sommes dans un groupe leader sur l’électrique. Nous avons donc le savoir-faire à portée de main. Ce n’est pas comme si nous partions de zéro », explique David. Il ajoute que même « si la réglementation changeait plus vite que prévu », Dacia aurait la faculté de s’adapter, en veillant toujours à proposer un prix compétitif. Comment feront-ils ? « Nous aurons sûrement des modes de production de batteries moins chers qui nous permettront de compenser dans le futur », prédit notre interlocuteur. « Le but, ajoute-t-il, c’est que, même si on augmente nos prix parce que la technologie est moins abordable, on conserve l’écart avec nos concurrents. Nous voulons être les seuls là où on est. »

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Des nouveaux matériaux à l’étude

Le véhicule de demain doit aussi être un modèle écologiquement responsable. David Durand explique ainsi qu’un « pourcentage de matières recyclées » est intégré dans les plastiques. Pour l’heure, seules les zones « qui ne se voient pas », comme dans le compartiment moteur, sont concernées. Mais à l’avenir les pare-chocs des modèles de série seront également composés de ces pièces bimatière, à l’image de ceux des concepts Bigster et Manifesto.

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Le buggy Manifesto a repris à son compte les pare-chocs bimatière que l'on retrouvera prochainement en série.

DR

« Notre rГ©flexe est dГ©sormais d’en mettre constamment В» explique David Durand, mГЄme si ces piГЁces ne sont pas forcГ©ment moins chГЁres. В« C’est de la mise au point, c’est du travail, mais Г§a fait partie de nos challenges В», poursuit celui qui veut augmenter la part des matГ©riaux rГ©utilisГ©s dans les futurs vГ©hicules de la marque. Diminuer l’empreinte Г©cologique d’un modГЁle, Г§a passe aussi par une rГ©duction de son poids. Dacia essaye donc В« de trouver la bonne limite pour que la voiture reste confortable В» sans traГ®ner de superflu. В« L’essentiel, Г§a a aussi un sens В», rГ©sume David Durand.

Je mets souvent économie et écologie en parallèle, parce que c’est lié. 

Ce dernier fait référence aux barres de toit amovibles qui, en quelques secondes, se transforment en galerie. Plus besoin d’acheter des barres en alu supplémentaires. Il prend aussi l’exemple du dispositif Media Control, qui se sert du smartphone de l’utilisateur pour assurer les fonctions de divertissement (GPS, radio…). Cette astuce, « un “ must have ” pour les clients Dacia », explique-t-il, a permis de supprimer l’écran central et l’attirail technique lié. « Quand on fait un nouveau modèle, on réfléchit à mieux l’intégrer, à le rendre plus pratique », souligne-t-il. Enfin, parmi les pistes étudiées par Dacia pour réduire les coûts à l’avenir, il y a l’impression 3D. Le constructeur ne l’envisage pas encore pour des pièces, mais cela semble à l’étude. David Durand l’imagine plutôt dans un premier temps pour « des accessoires fabriqués à la demande ». Des pistes qu’ont certainement déjà dû explorer les aficionados de la marque, très enclins à customiser leur voiture favorite.

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