Aston Martin

Le sport F1 : Aston Martin, l’effet Alonso

Fernando Alonso a créé un petit effet de surprise en montant, avec Aston Martin, sur le podium du premier Grand Prix de la saison. Pourtant, la montée en puissance de l’écurie britannique était prévisible du fait des énormes investissements engagés.

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X. BONILLA/DPPI

Des débuts de rêve pour Fernando Alonso avec Aston Martin.

L’Espagnol de 41 ans, plus vieux pilote du plateau, a décroché le 99 podium de sa carrière à Bahreïn.

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MOTORSPORTIMAGES/PANORAMIC

Que doit bien pouvoir penser Sebastian Vettel ? Le quadruple champion du monde, et jeune retraité de la F1, a quitté Aston Martin fin 2022, après une triste douzième place au championnat. En deux saisons disputées en vert, l’Allemand n’avait obtenu qu’un seul podium. Dès le premier Grand Prix 2023, son successeur Fernando Alonso fait aussi bien, et même mieux, car il s’agit d’un podium obtenu à la régulière. Troisième à Bahreïn après avoir dépassé les Mercedes et une Ferrari, Fernando Alonso pourrait bien être le poil à gratter des top teams habituels cette saison. “ Ça a été un long hiver de travail. Il a fallu passer beaucoup de temps à l’usine, car je changeais d’équipe, souligne Alonso. Nous avons fait de nombreuses réunions avec Lance Stroll et les ingénieurs pour leur décrire ce dont nous avions besoin. Les chiffres à la soufflerie étaient bons, mais il fallait que cela fonctionne en piste, et on a réussi. On avait la deuxième meilleure voiture à Bahreïn. C’est une surprise, mais je suis très heureux et fier. ” Alonso, 41 ans, critiqué l’été dernier après avoir choisi de quitter Alpine pour rejoindre Aston Martin, fait taire ses détracteurs. Pourtant, il y avait de quoi douter. A la base, à l’issue de ses deux ans chez Alpine, l’Espagnol souhaitait rester dans l’écurie française. Mais face au refus de la direction de lui proposer un contrat sur plusieurs saisons, et au vu du salaire offert par Aston Martin -qui serait au minimum le double, voire le triple de ce qu’il touchait chez Alpine -, Fernando Alonso avait tranché en faveur des Britanniques. Pas toujours inspiré dans ses choix de carrière, l’Espagnol quittait ainsi Alpine, quatrième du championnat, pour une écurie seulement septième. Finalement, le choix est payant, dans tous les sens du terme.

Un Alonso positif et constructif

Depuis le début de sa carrière en 2001, le vétéran Alonso n’a pas toujours ménagé ses équipes. La fin de sa collaboration avec Alpine s’est effectuée dans une ambiance lourde, avec une multiplication de déclarations amères et des attaques acides de l’Espagnol envers son team. Ses autres anciennes écuries, McLaren et Ferrari, n’ont jamais regretté son départ. Aujourd’hui, Aston Martin découvre le bon Alonso, celui qui s’investit, qui tient un discours positif, qui revêt le costume de leader. En interne, on évoque déjà un effet Alonso. “ On ne peut pas décrire l’énergie qu’il nous a apportée, confie Mike Krack, le directeur d’Aston Martin. Il est extrêmement constructif. Il nous aide à développer la voiture et l’équipe, il nous pousse au maximum. On avait besoin de cela pour faire un pas de plus. ” Alonso, habile politicien, ne manque jamais une occasion de souligner le potentiel et les performances de Lance Stroll, lui qui a si souvent pris plaisir à démolir ses coéquipiers. Précision importante : Lance Stroll est le fils de Lawrence Stroll, propriétaire de l’écurie et de la marque Aston Martin. Ainsi, Fernando Alonso ne s’est même pas plaint de la touchette de son équipier dans le premier tour, allant jusqu’à saluer “ la performance héroïque ” du Canadien dans cette course, moins de deux semaines après une violente chute à vélo. En effet, victime de fractures aux deux poignets et au gros orteil, Stroll avait manqué les essais hivernaux, mais a terminé sixième du Grand Prix de Bahreïn, confirmant le potentiel de l’Aston Martin. “ Cette voiture est un plaisir à piloter, mais les derniers vingt tours, ça commençait à faire mal, raconte Stroll. Il y a douze jours, je me faisais opérer, et il y aune semaine, j’étais dans un lit d’hôpital : je ne pouvais pas marcher, ni bouger les deux mains. Je suis très content pour l’équipe avec le podium de Fernando. ”

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ASTON MARTIN ARAMCO COGNIZAN TF1 TEAM, X. BONILLA/DPPI

Le Français Eric Blandin (à droite) et le Britannique Dan Fallows, ingénieurs de haut niveau, ont été recrutés par Aston Martin chez les top teams.

Derrière l’écurie Red Bull, ultra-dominatrice à Bahreïn, Ferrari a peiné en course, Mercedes et Alpine semblent avoir régressé, McLaren s’est effondrée, alors qu’As ton Martin a fait des progrès gigantesques. Pas aussi rapide que Ferrari en qualifications, la monoplace verte affiche un rythme impressionnant en course, tout en ménageant ses gommes. Maestro au volant, Fernando Alonso a utilisé toute sa malice pour surprendre Lewis Hamilton et sa Mercedes lors d’un dépassement magistral dans un virage où personne ne double. Puis il s’est défait de la Ferrari de Sainz, en ponctuant sa manœuvre d’un “ bye-bye ” dans la radio. “ Je manquais de vitesse de pointe, donc il fallait être créatif pour doubler dans des endroits inattendus ”, commente Alonso.

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J. PORZYCKI/NURPHOTO/AFP

Lawrence Stroll, propriétaire d’Aston Martin, investit énormément pour offrir une voiture performante à son fils Lance (à droite).

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Epoustouflant d’audace et de malice, Fernando Alonso (à droite) a dépassé Lewis Hamilton avec panache à Bahreïn. Pour son premier Grand Prix avec Aston Martin, il a conquis la troisième place à la régulière.

Une politique de recrutement agressive

Comment Aston Martin a pu autant progresser et effectuer le bond en avant que Mercedes ou Alpine n’ont pas su faire ? Alors que l’équipe devrait bientôt s’installer dans sa nouvelle usine ultramoderne, elle a déjà recruté d’excellents ingénieurs en chassant chez les écuries adverses. En premier lieu, Dan Fallows, directeur technique d’Aston Martin depuis avril 2022. Il avait été précédemment le chef aérodynamicien de Red Bull pendant huit ans. Son nouvel adjoint, le Français Eric Blandin, était, lui, le chef aéro de Mercedes depuis 2011. Une politique de recrutement agressive, orchestrée par Lawrence Stroll, qui irrite la concurrence. “ Sept personnes ont été débauchées de chez nous, déplore Helmut Marko, l’un des dirigeants de Red Bull. Notre chef aérodynamicien nous a été arraché par Aston Martin au prix d’une rémunération disproportionnée. On constate aujourd’hui que l’Aston Martin ressemble énormément à la Red Bull. On ne peut évidemment pas effacer ce que Dan Fallows a dans sa tête. Copier n’est pas interdit, mais comment peut-on copier dans de telles proportions ? ” Les accusations de plagiat éclatent déjà. On se souvient qu’en 2020, l’écurie Aston Martin, alors qu’elle s’appelait encore Racing Point, avait été accusée d’avoir cloné la Mercedes. Cette saison, les ressemblances avec la Red Bull sont si flagrantes que Sergio Pérez, arrivé deuxième au Grand Prix de Bahreïn derrière Max Verstappen, en a ainsi plaisanté : “ C’est sympa devoir trois Red Bull sur le podium. ” Assurément, le niveau de performance d’Aston Martin dérange les équipes de pointe, qui s’imaginaient se disputer les victoires entre elles. Red Bull semble posséder une certaine marge, mais Ferrari et Mercedes devront vite réagir, car Aston Martin compte encore progresser. “ La voiture va évoluer, explique Alonso.Pour l’instant, nous avons la première version de notre nouveau concept. Certaines équipes sont dans la continuité de 2022, nous, nous avons changé 95 % de la voiture, donc nous devons encore apprendre et progresser. Initialement, le but cette saison était d’être dans la bataille au milieu du peloton. On n’espérait même pas obtenir un podium. Depuis les essais hivernaux, je me dis que c’est trop beau pour être vrai, je m’attends à retrouver la réalité à un moment. Je suis très curieux devoir notre niveau en Arabie saoudite et en Australie, sur des circuits très différents. Si nous sommes bons là-bas, alors nous aurons une excellente saison. ” Une bonne raison de ne pas manquer le Grand Prix d’Arabie saoudite, diffusé en clair ce dimanche sur Canal+.

Du grand ART

Théo Pourchaire (photo) vainqueur de la course principale, Victor Martins sur le podium de la course sprint à l’occasion de son premier départ en F2 : l’équipe française ART GPa parfaitement démarré la saison à Bahreïn avec son duo de pilotes tricolores. Pour sa troisième saison dans la discipline, Pourchaire, également pilote de réserve Alfa Romeo en F1, vise le titre dans ce championnat F2 comptant quatre Français. Quant aux deux autres membres de ce quatuor : Isack Hadjar a marqué des points pour ses débuts, contrairement à Clément Novalak. Deuxième manche ce week-end à Djeddah.

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Une première musclée

La saison d’Indycar avait bien débuté pour Romain Grosjean (photo), avec l’obtention de la pole position pour la première course de la saison. Longtemps leader, le Français entrevoyait sa première victoire en Indycar quand il s’est retrouvé à la lutte avec McLaughlin, qui sortait des stands et dont la défense virile causa un accrochage. “ Je suis très déçu, on avait une voiture vraiment rapide ”, s’est désolé Grosjean, pas consolé par les excuses de son rival. L’autre tricolore, Simon Pagenaud, a été victime d’un carambolage en début de course.

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