Le premier test collectif de l’année, qui débutera vendredi à Sepang, marquera quoi qu’il arrive un tournant pour Honda après une période d’inertie, que la nouvelle moto réponde aux attentes ou non.
La pression sera particulièrement forte chez Honda à l’occasion des essais qui vont se dérouler à la fin de cette semaine en Malaisie, déjà perçus comme décisifs pour le constructeur après une saison 2022 catastrophique. Sans surprise, la plupart des éléments de l’équation tournent autour de Marc Márquez, l’un des pilotes les plus influents qu’ait eus la marque à l’aile dorée avec Valentino Rossi et Mick Doohan. L’Espagnol, qui fera son retour sur la RC213V après avoir passé l’hiver à se préparer pour être physiquement au niveau au début de la saison, a haussé le ton l’an dernier en demandant publiquement une réaction du constructeur japonais et le message a été entendu.
La direction du HRC a changé d’état d’esprit et cela s’est bien senti dans les dernières déclarations de Tetsuhiro Kuwata, son directeur, qui a ouvertement admis la frustration de n’être désormais plus qu’un chasseur et non plus le chassé. “Malheureusement, Ducati est en avance sur nous. C’est frustrant de voir que nous sommes en retard sur ce point, que nous sommes à leur poursuite”, a admis le responsable. “C’est la raison pour laquelle nous voulons inverser cette tendance le plus rapidement possible, c’est l’un de nos premiers objectifs.”
Il est toutefois peu probable que ces réorganisations portent leurs fruits avant la fin de la première moitié du championnat. Or, à ce moment-là, il sera peut-être déjà trop tard.
Le potentiel que sera en mesure d’afficher la version de la moto que Marc Márquez et Joan Mir vont tester cette semaine est susceptible de marquer un tournant pour Honda. Et ce peut être en bien comme en mal. On pourrait penser qu’il serait difficile pour l’usine de Tokyo de descendre plus bas qu’actuellement : dernière au classement des constructeurs en 2022, elle n’a pas remporté la moindre victoire (comme en 2020) et n’a décroché que deux podiums ; le team Repsol, sa formation officielle, s’est classé neuvième parmi les équipes, tandis que le pilote le mieux positionné était 13e au championnat − et il s’agissait de Marc Márquez, qui a manqué huit courses. Et pourtant, la chute pourrait bien ne pas s’arrêter là, mais s’accentuer encore.
D’après les informations de Motorsport.com, il existe en effet une conviction croissante au sein du HRC que si la moto de 2023 ne représente pas une avancée significative aux yeux de Márquez, alors le champion espagnol sera susceptible de chercher une porte sortie. Et il pourrait même ne pas attendre la fin de la saison 2024, que couvre son contrat actuel. Sauf que pour le moment, les premiers signaux envoyés par cette version de la RC213V n’incitent pas tout à fait à lancer des confettis…
Marc Marquez, Repsol Honda Team
Marc Márquez s’est montré très clair quant à ses attentes et c’est maintenant à Honda d’y répondre
Comment Márquez finira-t-il sa carrière ?
Marc Márquez aura 30 ans la semaine prochaine et il n’est plus le même qu’en ce dimanche de juillet 2020 lorsqu’il s’est cassé le bras à Jerez en réalisant l’une des remontées les plus mémorables de la discipline, surpuissant pour cette première course de l’année qu’il avait menée avant de sortir de piste une première fois. L’épreuve physique et morale qu’il a traversée depuis a fait bouger le curseur pour l’Espagnol, qui veut désormais s’écouter plus et prendre moins de risques pour atteindre ses objectifs. Peu sont les observateurs qui l’imaginent à présent courir au-delà de 35 ou 36 ans. Mais pour un pilote qui avait réalisé une saison 2019 record, il n’existe qu’un seul objectif avant de raccrocher, celui de remporter un nouveau sacre. La recette pour y parvenir n’est cependant plus la même que lors des six années où il a décroché le titre suprême.
Des chiffres étourdissants qui semblent désormais appartenir au passé. Pas tant à cause de sa condition physique, lui qui a réalisé une quatrième opération d’importance en juin dernier, mais en raison de l’indéniable progression de la concurrence, à la fois les marques sur le plan technique et les pilotes.
Marc Marquez n’a obtenu qu’un podium en 2022
Marc Márquez n’a obtenu qu’un podium en 2022
Márquez a plus que jamais besoin de Honda, mais la question est de savoir si le constructeur sera capable de répondre aux attentes de celui qui, depuis une décennie, est la pierre angulaire de son projet, celui qui l’a porté presque seul. Si la réponse à cette question est oui, alors il est probable que le #93 renouvelle son contrat, qui expire fin 2024, et on pourra l’imaginer finir sa carrière MotoGP auprès de la seule marque qu’il ait connue. Mais dans le cas contraire, on sent de plus en plus, au sein même du HRC, qu’il cherchera une issue lui offrant plus de garanties.
Le géant japonais a beau être puissant, il est peu probable que Márquez se laisse convaincre par un simple chèque, d’autant qu’il sait déjà qu’il ne pourra pas resigner de contrat équivalent à celui qu’il a en poche actuellement, qui prévoyait qu’il gagne 100 millions d’euros entre 2021 et 2024 − avant qu’il accepte une réduction notable de ses émoluments en 2020 du fait de son absence. Aujourd’hui, le contexte économique a fortement changé et la nature des accords est bien différente d’avant l’apparition du COVID-19. Généralement, les nouveaux contrats réduisent la base salariale fixe pour privilégier des récompenses liées aux performances.
Tout cet écosystème, combiné à la situation actuelle de Marc Márquez lui-même, ouvre la porte à n’importe lequel des grands constructeurs engagés en MotoGP afin que le champion espagnol puisse envisager une nouvelle aventure qui, jusqu’à encore récemment, semblait impossible.
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