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L’effet Tesla s’essouffle : l’Allemagne délaisse les voitures électriques

L’Allemagne, longtemps considérée comme le moteur de l’innovation automobile, fait face à un ralentissement brutal de son marché électrique.

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Le marché automobile allemand connaît actuellement une crise qui remet en question l’avenir de la voiture électrique dans le pays. Selon une enquête récente menée par l’Association centrale de l’industrie automobile allemande (ZDK), que l’on trouve dans le journal Welt, la demande de voitures électriques s’est effondrée de manière spectaculaire depuis le début de l’année 2024.

Un recul brutal des ventes

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les commandes de voitures purement électriques par les clients privés ont chuté de 47 % depuis le début de l’année par rapport à la même période en 2023. Cette baisse vertigineuse n’épargne pas non plus les véhicules hybrides rechargeables, qui accusent une diminution de 37 % des ventes. Même Tesla n’échappe pas à la tendance du marché, malgré une année 2023 de tous les records.

En revanche, et c’est là que le bât blesse pour les défenseurs de la mobilité verte, la demande pour les véhicules diesel et essence connaît une hausse de 24 %.

Mais comment expliquer un tel revirement ? Selon les concessionnaires interrogés, le principal coupable serait le prix élevé des voitures électriques en comparaison avec leurs homologues thermiques. Et ce constat ne se limite pas aux particuliers : les flottes d’entreprises et les véhicules de société sont également touchés par cette tendance.

Il est intéressant de noter que seulement 9 % des concessionnaires mentionnent des « réserves » des conducteurs concernant la technologie des batteries. Cela suggère que les freins à l’achat sont davantage d’ordre économique que technique. En d’autres termes, les consommateurs allemands ne remettent pas en cause la fiabilité ou les performances des voitures électriques, mais plutôt leur accessibilité financière.

Le pessimisme règne chez les professionnels du secteur. Les prévisions pour le reste de l’année 2024 sont loin d’être encourageantes : 91 % des concessionnaires jugent la situation des commandes de voitures électriques par les clients privés comme « mauvaise » ou « très mauvaise ». Les hybrides rechargeables ne sont pas en reste, avec 79 % des concessionnaires constatant une évolution tout aussi négative.

Ces évaluations alarmistes sont corroborées par les chiffres officiels de l’Autorité fédérale des transports automobiles. En juin 2024, la part des voitures purement électriques dans les nouvelles immatriculations n’était que de 14,6 %, un chiffre comparable à celui de 2022 (14,4 %) mais bien en deçà des 18,9 % atteints en 2023.

Il faut cependant nuancer ces chiffres en rappelant que les immatriculations de voitures neuves sont largement dominées par les entreprises, les concessionnaires et les constructeurs. Le marché des particuliers, bien que significatif, n’est donc pas le seul facteur à prendre en compte.

Les raisons de ce recul

Un élément clé pour comprendre cette situation est la suppression du bonus environnemental à l’achat d’une voiture électrique neuve fin 2023. Cette décision semble avoir eu un impact considérable sur le marché, qui peine à s’en remettre. Ce phénomène n’est d’ailleurs pas propre à l’Allemagne : d’autres régions du monde ont connu des baisses similaires suite à la suppression des subventions pour les véhicules électriques, comme au Royaume-Uni.

Il y a aussi le coût de l’électricité. En Allemagne, les coûts d’électricité parmi les plus élevés d’Europe. Selon les données de 2023, le prix moyen pour les ménages était d’environ 0,46 €/kWh, bien au-dessus de la moyenne européenne. Cette situation peut rendre le coût d’usage des voitures électriques moins attractif qu’il ne l’est dans d’autres pays, surtout face à la baisse des prix des carburants fossiles observées récemment.

Face à cette situation préoccupante, tous les regards se tournent vers les constructeurs automobiles. Arne Joswig, président du ZDK, attend d’eux qu’ils « stimulent désormais le marché par des prix bas et des taux de location attractifs« . Cette déclaration souligne la nécessité pour l’industrie de repenser ses stratégies de prix et de financement pour rendre les voitures électriques plus accessibles au grand public.

Il y aura sans doute de bonnes affaires à faire en début d’année prochaine, d’autant plus que le prix des voitures neuves est amené à diminuer ces prochains mois, comme nous vous l’expliquions au sein de cet article.

Mais le prix n’est pas le seul levier d’action. Arne Joswig insiste également sur l’importance de réaliser des « progrès significatifs dans le développement de l’infrastructure de recharge« . En effet, la crainte de manquer de bornes de recharge reste un frein psychologique important pour de nombreux consommateurs, même si ce n’est pas la raison principale du recul des ventes.

Et en France ?

En France, le marché de la voiture électrique continue de croître, certes à un rythme plus modéré, mais sans connaître l’effondrement observé outre-Rhin.

Cette différence s’explique en grande partie par des choix politiques diamétralement opposés : tandis que l’Allemagne a brusquement mis fin à ses généreuses subventions fin 2023, l’Hexagone a opté pour une approche plus progressive, maintenant un bonus écologique significatif (avec le score environnemental) et introduisant même un système de « leasing social » pour rendre les véhicules électriques accessibles aux ménages modestes.

Un autre facteur clé qui joue en faveur de la France dans cette course à l’électrification est le coût de l’électricité. Avec un prix moyen au kilowattheure plus de deux fois inférieur à celui de l’Allemagne (0,21 € contre 0,46 €), nous bénéficions d’un avantage économique à l’usage.

Enfin, l’engagement de l’industrie automobile nationale joue un rôle crucial dans cette transition. Si les constructeurs allemands ont massivement investi dans le développement de véhicules électriques, ils font face à une transition plus complexe en raison de leur forte tradition dans les moteurs thermiques, notamment haut de gamme. À l’inverse, les constructeurs français comme Renault et Stellantis semblent avoir adopté une stratégie de transition plus agile, positionnant rapidement des modèles électriques accessibles sur le marché.

À l’inverse, prenons l’exemple de Volkswagen, le groupe a retardé l’arrivée de voitures électriques plus économiques comme l’ ID.2 ou, dans l’actualité plus récente, ils ont suspendu la production du Q8 e-tron à Bruxelles. Et tout ça, c’est sans parler des problèmes de développement que rencontre l’entreprise, même s’ils vont sans doute s’amoindrir grâce au récent partenariat avec le chinois XPeng.

Pour rappel, en 2035, si vous ne le saviez pas encore, les constructeurs n’auront plus le droit de vendre des voitures neuves thermiques et hybrides au sein de l’Union européenne. Une clause de revoyure est bien prévue en 2026, mais dans l’état actuel des choses, rien ne devrait changer, d’autant plus que les élections européennes qui ont eu lieu il y a quelques semaines n’ont pas permis de rebattre les cartes à ce niveau.

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