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Les carburants de synthèses vont-ils sauver la voiture thermique après 2035 ?

Alors que l’interdiction de vente des véhicules thermiques neufs dès 2035 est au cœur des débats en Europe, l’Allemagne et l’Italie notamment, font pression. En outre-Rhin, le gouvernement fait pression pour que le sort des E-Fuel ou carburants de synthèse soit décidé. Mais où en est-on vraiment ?

Continuer à rouler en thermique, ou pas ? C’est la question que beaucoup d’automobilistes européens se posent. D’autant que la question de l’interdiction de la vente des véhicules thermiques dès 2035 sur le Vieux Continent est au cœur des débats. En effet, l’Allemagne, qui est bien avancé sur le sujet des carburants de synthèse, notamment avec Porsche, veut des garanties sur le sujet. « Nous avons toujours dit clairement que la Commission européenne devait présenter une proposition sur la manière dont les carburants synthétiques pourraient être utilisés dans les moteurs à combustion après 2035 (…). Ce qui manque maintenant, c’est la réalisation de cet engagement », a déclaré le ministre allemand des Transports, Volker Wissing.

En résumé, l’Allemagne voudrait s’assurer que les véhicules roulant au E-Fuel pourront encore être vendus après la date fatidique de 2035. Et pour cause, le pays compte investir massivement sur le sujet. Porsche a déjà une usine pilote au Chili qui produit du carburant de synthèse neutre en carbone. A l’horizon 2030, la firme de Stuttgart affirme que cette usine, qui se sera bien développée entre deux, pourrait produire jusqu’à 550 millions de litre de E-Fuel. Plus qu’il n’en faut pour alimenter les Porsche dans le monde, mais pas assez pour toutes les voitures de la planète.

consommation, technologie, les carburants de synthèses vont-ils sauver la voiture thermique après 2035 ? L'usine pilote de Porsche et Siemens Energy au Chili qui produit les premiers litres de E-Fuel de la firme allemande.

Et l’électrique dans tout ça ?

Présenté pour le moment comme LA solution, l’électrification totale du parc automobile n’est peut-être plus la seule envisagée et envisageable. En tout cas, pas pour l’Allemagne. Et pas que. Total, Aramco, Bentley, Porsche… de nombreuses entreprises, actrices d’une manière ou d’une autre du monde automobile, veulent une autre alternative à la mobilité décarbonée. En fait, les e-fuel, électro-carburants ou encore carburants de synthèse, sont fabriqués grâce à un procédé artificiel que l’on nomme communément « Power to X ». La base de tout ? L’eau !

Une électrolyse de l’eau permet d’abord de récupérer de l’hydrogène, qui est ensuite mélangée à du CO2 puis encore transformée via un processus complexe de synthèse chimique et de raffinage qui reste beaucoup plus secret. L’idée est donc de ne pas utiliser d’énergie fossile, de capter du CO2 qui est dans l’air, et de n’utiliser que de l’électricité « verte » pour assurer la fabrication. C’est comme cela que ces breuvages « magiques » peuvent se targuer d’être neutre en carbone.

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Un meilleur bilan, vraiment ?

Les études de l’ONG Transport & Environnement, ainsi que celles de Porsche et Siemens Energy (qui sont partenaires sur ce projet géant), la production de ces carburants de synthèse ont une empreinte carbone inférieure de 70% par rapport aux carburants traditionnels. Voilà qui représente déjà quelques avancées en matière d’écologie. Ensuite, les véhicules roulant au E-Fuel émettraient jusqu’à 40% de CO2 en moins. En bref, cela pourrait, sur le papier, réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Evidemment, comme l’ont montré nos récents essais de modèles Porsche fonctionnant au carburant de synthèse, les moteurs thermiques fonctionnent de la même manière. Et c’est aussi pour cette raison que les entreprises qui travaillent sur le sujet voient les choses en grand : les transports maritimes, aériens ou encore terrestres, pourraient aussi être alimentés par ces carburants synthétiques qui ont un énorme avantage : s’éviter de longues minutes d’attentes à la borne de recharge. Toutefois, selon une étude de la CONCAWE, l’association européenne des compagnies pétrolières traitant des questions liées à l’environnement, la capacité de production de carburants synthétiques sera capable de faire rouler seulement 2% du parc automobile, soit environ 5 millions de voitures. A titre de comparaison, l’Europe compte aujourd’hui 287 millions d’autos sur ses routes.

Mais à quel prix ?

Pour le moment, Porsche parle d’un tarif en-dessous des 2 dollars par litre de E-Fuel. Mais cela va dépendre des taxations mises en place par l’Europe (et plus particulièrement la France), mais aussi des investissements et de la capacité de productions des usines capables de fabriquer cette potion dite magique. Autrement dit, l’Europe doit dire oui aux carburants de synthèse après 2035, sinon, les investissements seront moindres, la production aussi, et le prix explosera. Affaire à suivre dans les semaines à venir : la partie de ping-pong entre l’Europe et l’Allemagne ne vient que de commencer.

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