Avec 23 hypercars engagées cette année aux 24 Heures du Mans, les qualifications auront un rôle beaucoup plus important que par le passé selon certains pilotes. D’autres, au contraire, voient plus cet exercice comme celui du prestige.
En 2021 et 2022, lors des deux premières apparitions de la catégorie Hypercar, celle-ci ne comptait que cinq voitures au départ. Cette année, la division reine accueille désormais 23 voitures, avec des écarts plus serrés que jamais. Cette édition des 24 Heures du Mans portera une attention particulière à la séance de qualifications. Une position haute sur la grille permettra d’éviter le risque d’accident au départ, ainsi que les difficultés de dépassement.
Chez Toyota depuis 2013, Sébastien Buemi a connu les dernières éditions où la catégorie Hypercar, anciennement LMP1, comptait moins d’une dizaine de participants et où les qualifications ne jouaient pas un grand rôle dans le résultat final.
“C’est un problème qu’il n’y avait pas l’année passée et aujourd’hui, la qualif est importante. Certes, c’est une course de 24 heures mais quand tu pars pour une course de 6 heures… À Imola, par exemple, j’ai fait deux relais derrière la BMW, impossible de dépasser. À moins que je fasse un truc de fou furieux, je n’arriverais pas à dépasser. Tu as la position sur la piste qui est beaucoup plus important qu’avant. Si tu es capable de te retrouver devant un mec et vraiment pouvoir rouler, tu fais un écart. Mais là, même si c’est une course de 24 heures, si tu pars 15e tu as les risques d’accident.”
Avant la manche au Mans ce week-end, le WEC est passé par le Qatar (10h), Imola (6h) et Spa-Francorchamps (6h), des courses où la séance de qualifications était beaucoup plus importante en raison du format beaucoup plus court. David Floury, directeur technique de Toyota, suit les propos de son pilote et évoque les problèmes que peut engendrer une mauvaise position sur la grille.
“Au Mans [la pole] c’est un peu moins important que sur des courses de 6 heures, mais effectivement, avec le nombre d’Hypercars, c’est malgré tout bien de ne pas se retrouver derrière complètement. Il y a des risques, et aussi parce que ce n’est pas forcément facile de doubler, on peut perdre beaucoup de temps dès le départ.”
“Ce n’est pas un élément majeur sur une course de 24 heures. Mais c’est sûr que partir 5e ou 18e, le temps que tu perds, tu le perds… et forcément derrière il y a le trafic. C’est quand même plus simple et globalement les voitures sont plus proches en performance, donc faire la différence n’est pas toujours facile. La qualif est plus importante qu’elle n’a pu l’être par le passé, mais ça reste une course de 24 heures.”
Le Safety Car change la donne ?
Le Safety Car est moins pénalisant au Mans depuis 2023.
Photo de: Marc Fleury
“Les qualifs ont un rôle clé en WEC à l’heure actuelle, parce que ce sont des courses de 6 heures et ce sont vraiment des sprints”, explique Frédéric Makowiecki, pilote de la Porsche 963 #5. “Au Mans, avec le système de Safety Car d’il y a encore trois ou quatre ans qui divisait un peu le groupe et pouvait faire perdre une minute, là c’était déterminant. De nos jours ça l’est moins. Mais là où c’est assez déterminant, c’est que pour une relance ou un départ, il vaut toujours mieux être devant que derrière, car on n’est pas à l’abri de se faire toucher.”“Ça a de l’importance. Ça en avait déjà l’année dernière avec pas mal de voitures, il y en a encore plus cette année. Après, louper sa qualif n’est pas quelque chose de catastrophique”, ajoute Kévin Estre, pilote sur la #6. “Mais c’est sûr que c’est mieux de partir devant, dans le peloton de tête, de rouler avec les plus rapides sur le début de course, mais c’était plus critique avant, avec ces histoires de trois Safety Car sans regroupement. Maintenant, avec les trois SC qui deviennent une seule à la fin, on peut se permettre de rouler dixième pendant les cinq ou six premières heures.” “Pour moi, ça a de l’importance pour rouler devant, pour être dans le bon rythme, connaître aussi un peu les forces et les faiblesses des adversaires contre qui on pense se battre à la fin si on y arrive, et rouler en se tenant à l’écart des ennuis. La qualif, c’est beaucoup de prestige et oui, c’est toujours bien de partir devant.”.
“Je pense personnellement que dans cette course de 24 heures, les qualifications ne sont pas si importantes. C’est toujours plus une question de prestige. Évidemment c’est bien pour le gars qui fait les qualifications et s’il fait un bon tour comme la pole position ou le top cinq, c’est un bon résultat, mais ça ne dit rien.”
“La course dure 24 heures et beaucoup de choses peuvent arriver, comme avec les accidents ou la météo, qui n’est pas claire pour le moment. Tout peut arriver, donc c’est plus une sorte de prestige. Je pense que ce n’est pas très important. C’est différent d’une course de six heures où je pense que la position de qualification est importante, mais dans une course de 24 heures, surtout ici au Mans où vous avez les longues lignes droites, où vous pouvez dépasser, tout est possible.”
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