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Motorgate : Renault va devoir transmettre des documents internes aux automobilistes mécontents

Plus d’un millier d’automobilistes en colère demandent des comptes à Renault en pointant un défaut sériel sur des moteurs du groupe commercialisés entre 2012 et 2018. La justice vient d’ordonner au constructeur de produire des documents internes

motorgate : renault va devoir transmettre des documents internes aux automobilistes mécontents

Dans une usine Renault. Illustration.

Soupape – Plus d’un millier d’automobilistes en colère demandent des comptes à Renault en pointant un défaut sériel sur des moteurs du groupe commercialisés entre 2012 et 2018. La justice vient d’ordonner au constructeur de produire des documents internes

L’opportunité de « réunir des preuves » dans l’affaire du « Motorgate ». Voilà ce qu’a gagné un gros millier de propriétaires de véhicules Renault, Dacia ou Nissan à travers la décision rendue le 14 mars par le tribunal judiciaire de Versailles. Ce dernier a enjoint le constructeur à communiquer aux automobilistes en colère une partie des documents internes qu’ils réclamaient. « Rapports d’audit internes de qualité, sur plusieurs années, notes échangées avec les mécanos du réseau… C’est du lourd », assure Christophe Lèguevaques, l’avocat, parisien qui, avec son associé toulousain Pierre Delivret, a lancé une « action collective » contre le groupe Renault en janvier 2022 pour défendre les « naufragés » du Motorgate. Ces particuliers sont – ou ont été – les conducteurs malheureux d’une voiture dotée d’un moteur 1,2 l diesel (le H5Ft pour les spécialistes) fabriqué notamment en Espagne par le groupe de 2012 à 2018. Il a équipé quelque 400.000 voitures commercialisées en Europe dont 150.000 en France.

Le point commun de ces automobilistes mécontents est d’avoir trimballé un bidon d’huile dans leur coffre pour abreuver régulièrement un véhicule anormalement gourmand. Mais aussi, pour les plus malchanceux d’entre eux d’avoir connu les affres d’une « panne moteur » sur l’autoroute, le plus souvent lors d’un dépassement, avec une perte de puissance, qui n’a heureusement jamais provoqué d’accident, mais engendré de belles frayeurs. « Vous doublez un camion à 130 km/h et puis, pouf, vous vous retrouvez soudain à 50 », résume l’avocat.

« Il y a une forme de cynisme »

L’hypothèse d’un défaut sériel du moteur n’est pas nouvelle. Elle a été évoquée pour la première fois en 2019 par l’association de consommateurs UFC – Que Choisir qui a dévoilé une note interne du constructeur. Mais pour les naufragés, la galère n’en est pas moins grande pour faire reconnaître à coups d’expertises et de paperasse leur préjudice, alors que Renault traite les dossiers « au cas par cas ». « Il y a une forme de cynisme. Ils ont beau dire que 90 % des victimes reçoivent une prise en charge, le moindre raté d’entretien ou la moindre facture d’un garagiste qui n’est pas dans leur réseau pose problème », témoigne Olivier Blanchet, de l’association « Victimes du Motorgate » et créateur d’une page Facebook qui compte 7.000 followers. Certains ont connu la panne, d’autres n’osent tout simplement plus revendre leur voiture.

D’où le recours original à cette action collective en justice. « De façon très transparente, notre stratégie est de prouver que Renault avait connaissance de ce problème depuis le début et que le groupe, s’il a essayé d’y remédier par de solutions mécaniques ou électroniques [en reprogrammant le calculateur d’injection], n’en a jamais informé les propriétaires », expose Christophe Lèguevaques, qui espère trouver dans les documents que Renault doit désormais lui transmettre de quoi alimenter une « plainte bien dodue » auprès du parquet de Nanterre, où Renault a son siège. Il compte déposer cette plainte « aux alentours du 15 avril » en souhaitant que la justice s’en saisisse. Sinon, les désormais « 1.715 » requérants n’ont pas abandonné l’idée de citer directement Renault devant le tribunal correctionnel pour « tromperie » mais aussi « mise en danger de la vie d’autrui ». « A un moment donné, il faut qu’ils assument tout ce qu’ils n’ont pas fait », estime Olivier Blanchet.

Sollicité sur ce nouveau développement du « Motorgate », le constructeur n’a pas répondu à notre demande. Lors de la procédure en référé devant le tribunal judiciaire de Versailles, il a notamment invoqué des « faits rapportés des plus vagues », de « simple affirmations et supputations » et la possible prescription de ces litiges.

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