Le gigantesque péage, l'un des plus grand d'Europe, a été inauguré le 30 octobre 1972. Retour sur le demi-siècle de la vague qui flotte au-dessus de l'autoroute A10. Une histoire de bouchons, de nostalgie et de performances artistiques.
La vague, signée de l’architecte Michel Herbert, flotte au-dessus de l’A10 depuis 1994.
Qui n’a pas débuté, ou achevé, son week-end, ou ses vacances, par cette sentence n’est pas parisien. “Dix kilomètres de retenue à St Arnoult”. Ces sept petits mots entendus à la radio, ou lus aujourd’hui sur des GPS, constituent depuis cinquante le top départ pour les Franciliens du vendredi soir. Un signal plutôt heureux, puisque, malgré les bouchons, il va les entraîner vers les Sables d’Olonnes, La Baule, Bordeaux ou le bassin d’Arcachon. Un signal plus malheureux lorsqu’ils l’écoutent, au retour du dimanche soir, ou au moment de la fin des vacances.
Un péage plus ancien que la vague
Pourtant, ce péage, qui se targue, selon son propriétaire actuel Vinci Autoroute, d’être le plus grand d’Europe, est plus vieux que la vague, puisqu’il a été inauguré le 30 octobre 1972. Ce dimanche, il fête donc son demi-siècle à coups de chiffres : 39 voies modulables, sous la fameuse vague, une fréquentation moyenne et quotidienne de 80 000 voitures et des pics, lors des grands chassés-croisés estivaux, de 170 000 véhicules.
Mais on l’a dit, St Arnoult vend du rêve de vacances. Et au-delà de la prouesse technique et de l’énorme infrastructure qui emploie plus de 100 personnes, c’est ce rêve qui a inspiré les artistes, Et pas seulement l’architecte Michel Herbert. C’est ainsi que la plasticienne et photographe Sophie Calle, dont le travail consiste à être toujours au centre de son œuvre, s’est installée à St Arnoult en 2014, avec le consentement et le soutien de Vinci.
L’artiste a passé une nuit dans la cabine N° 7. Au préalable, les panneaux généralement dédiés aux bouchons et aux incidents indiquaient ses messages. “Ou pourriez-vous m’emmener ?”, “Faites-moi voyager et je vous offre le péage”. Dans sa cabine, Sophie Calle écoutait les propositions les plus classiques et les plus folles des automobiles et leur offrait un passage gratuit. L’initiative, ainsi que celles d’autres artistes, a fait l’objet d’une exposition à Paris et d’un beau livre.
L’un des messages de Sophie Calle, qui interpellait les automobilistes avant le péage.
Reste que le symbole des grands départs vers l’Atlantique, et des plus tristes retours, ne pourrait, dans l’avenir, n’être plus qu’un souvenir. Louis Du Pasquier de Vinci Autoroutes a évoqué ce futur lors de l’interview qu’il nous a accordé. Les barrières de péages sont une espèce en voie de disparition. Des caméras capables de scanner nos plaques d’immatriculation vont les remplacer, les abonnements et nos téléphones vont faire disparaître les cabines et la vague risque de couler avec elles. Les générations futures n’entendront donc plus le fameux mot d’ordre à la radio et s’en sera fini des “”Dix kilomètres de retenue à St Arnoult”.