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Pourquoi BMW redoute moins le tout-électrique que ses compatriotes allemands

pourquoi bmw redoute moins le tout-électrique que ses compatriotes allemands

BMW i Vision Dee (CES 2023).

Quand Volkswagen et Mercedes aspirent à prolonger la carrière de leurs moteurs à essence pour conserver leurs positions sur les marchés émergents, BMW profite de la hausse de ses revenus dans le haut de gamme pour financer de nouveaux modèles électriques. A eux seuls, ils assureront une vente sur trois dès 2026.

L’électrique? Même pas peur. Le groupe BMW annonce une multitude de nouveaux modèles électriques établis sur une base commune appelée Neue Klasse. Mais que les amateurs se rassurent, l’avènement de “nouvelle classe” ne signe pas l’arrêt de mort du moteur à explosion. Loin d’être réservée à la propulsion électrique, cette plateforme peut recevoir en effet des motorisations hybrides essence-électriques. “BMW Group est un acteur présent partout dans le monde”, justifie le directeur du développement Frank Weber. “Nous sommes convaincus de la nécessité de faire coexister le meilleur de la technologie électrique avec le meilleur du moteur thermique pour les dix années à venir.”

A terme, l’ensemble de la gamme BMW reposera sur l’une des nombreuses variantes envisagées de la plateforme Neue Klasse. “Hormis l’Union européenne, aucune région du monde n’a décrété l’arrêt de la commercialisation des motorisations thermiques”, rappelle Oliver Zipse. Le patron du Groupe BMW (BMW, Mini et Rolls-Royce) concède volontiers que toutes les technologies qui contribuent à la décarbonation de l’automobile ont leur place. Il rejoint en cela la position défendue par son homologue Oliver Blume, à la tête du groupe Volkswagen, qui appelle les autorités communautaires au respect du principe de neutralité technologique.

BMW Group sera prêt à produire des carburants de synthèse, pour le cas où Bruxelles les autoriserait après 2035

Lorsqu’il revêt sa casquette de patron du constructeur Porsche, Oliver Blume plaide avec ardeur la cause des carburants de synthèse. A condition de consommer de l’énergie électrique renouvelable (solaire ou éolien), ces fameux “e-fuels” issus de la combinaison entre le carbone de l’air et du dihydrogène réduisent pratiquement à zéro les émissions de carbone fossile du moteur thermique.

A l’instar du groupe Volkswagen (Porsche et Audi), le Groupe BMW investit dans l’industrialisation du processus de fabrication des carburants de synthèse. La division BMW i Ventures soutient la société américaine Promotheus Fuels. Cette production n’étant pas destinée à l’usage exclusif des véhicules du Groupe BMW, Oliver Zipse fait valoir que “la collectivité tout entière bénéficiera de la réduction des émissions de carbone fossile”. Car les ultimes véhicules thermiques vendus en 2035 auront une espérance de vie moyenne d’une dizaine d’années : autant les alimenter avec un carburant le plus neutre en carbone possible. Ses compatriotes Mercedes et Volkswagen se rangent d’autant plus volontiers à cet argumentaire qu’ils caressent des ambitions supérieures sur les marchés émergents et qu’ils sont très actifs sur le marché des véhicules utilitaires d’où BMW est absent.

BMW vise 50% de ventes en électriques avant 2030, un quart dès 2025

Malgré sa foi en le potentiel du moteur thermique dépollué, le groupe BMW voit dans la voiture purement électrique son principal relais de croissance, après ses activités dans le très haut de gamme. En 2023, la part des véhicules tout-électrique devrait représenter 15% des ventes totales du groupe, contre 9% l’an dernier. Quant aux ventes dans le haut de gamme, elles devraient connaître une hausse de l’ordre de 50%, avec un “haut pourcentage à deux chiffres” pour les variantes purement électriques des Rolls-Royce et des BMW les plus coûteuses, telles la limousine Série 7 et le SUV X7. Le Groupe BMW compte sur le déploiement rapide de la plateforme Neue Klasse à tous les échelons de sa gamme pour atteindre dès 2024 “au moins une vente sur cinq entièrement électrique”, puis “une sur quatre d’ici à 2025 et une sur trois en 2026”. L’an dernier, l’électrique ne représentait qu’une vente sur onze.

La branche auto du groupe BMW affiche une marge opérationnelle de 8,6% en 2022 et vise mieux en 2023

Cette électrification à marche forcée n’ira pas sans conséquence sur le prix de vente moyen des voitures du groupe BMW. “Notre gamme compte parmi les plus récentes du marché : cet atout renforce notre pouvoir de fixation des prix”, se targue Oliver Zipse. Le directeur des ventes Pieter Nota se félicite lui aussi de “la force des marques” et de “l’attrait des produits”, qui permettent de “répercuter sur le consommateur la hausse des coûts”.

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Pieter Nota prédit une stabilisation des prix pour 2023 sous l’effet de la résorption des délais de livraison, mais il ne voit aucune raison de renouer avec une politique de remises destructrice de valeur. La hausse des prix “sert l’intérêt du client en soutenant la valeur de revente” et elle “correspond à l’image premium” des marques du groupe. L’épaisseur des carnets de commande semble légitimer cette stratégie, même si le directeur des ventes concède avoir constaté un début d’accalmie dans les prises de commande au cours des deux premiers mois de 2023. C’est déjà l’effet palpable d’une amélioration sur le front des pénuries de semi-conducteurs et de la logistique.

En Chine, le positionnement haut de gamme de BMW Group le met à l’abri de la guerre des prix lancée par Tesla

Le Groupe BMW ne semble pas redouter la guerre des prix lancée par Tesla. Tout le contraire de Volkswagen qui annonçait le 12 mars dernier son intention de baisser de 3.000 euros les prix de son électrique ID.3, afin de la maintenir à hauteur de la Tesla Model 3. La concurrence est particulièrement exacerbée en Chine, mais BMW prétend ne pas être concerné : “La bataille fait rage surtout dans la catégorie des moins de 50.000 euros, soit en-deçà des segments de marché qu’occupe BMW Group”, avance le directeur financier Nicolas Peter.

Au bilan de l’exercice 2022, l’élévation des prix pratiqués par le groupe BMW lui a permis de dégager un bénéfice net record de 18,6 milliards d’euros, en hausse de 49% sur un an. Et ce, malgré une baisse de 5% du volume de ses ventes, en raison du goulet d’étranglement des approvisionnements. Ce dernier a pesé sur les revenus à hauteur de 2,5 milliards d’euros, l’an dernier.

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