- Le Porsche Cayenne, cible éternelle du Range Rover Sport
- Un comportement excellent, mais moins impressionnant que celui du Range Rover
- Des reprises vigoureuses, une autonomie généreuse
Range Rover Sport
ESSAI – La troisième génération de Range Rover Sport a toujours le Porsche Cayenne en ligne de mire. En reprenant les innovations de son grand frère tout juste renouvelé, il apparaît plus raffiné que jamais. Avec sa motorisation hybride rechargeable de 510 ch, il mérite son qualificatif de SUV sportif.
Né en 2002, le Porsche Cayenne a inspiré Land Rover, qui a rétorqué avec le Range Rover Sport trois ans plus tard. Une affaire qui marche, puisque la marque britannique lance tout juste la troisième génération de ce grand SUV. Mais à mesure que les années passent et que la gamme Land Rover se fait plus touffue, la fenêtre de tir du Range Rover Sport se fait plus étroite. Au sein de la fratrie, le Velar lui fait de l’ombre. Construit sur une base de berline et doté d’un profil athlétique, ce dernier affiche de plus de dimensions très proches. Voilà qui a conduit la marque à augmenter – une fois de plus – le gabarit du Range Rover Sport. Désormais, il s’étend sur 4,95 m, soit 7 cm de plus que la précédente génération. Quant à la largeur, elle atteint 2,21 m rétroviseurs déployés, ce qui apparaît problématique en ville.
Les dimensions du Range Rover Sport sont généreuses, mais tout de même un peu moins que celles de son grand frère le Range Rover “tout court”. Les perturbations qui ont affecté l’industrie automobile ces derniers mois ont retardé le lancement du roi des SUV, si bien que les Range Rover et Range Rover Sport ont vu le jour quasi simultanément. De quoi perturber le public, tant la confusion est permise entre ces deux SUV au style voisin… Qui ressemblent de plus en plus fortement à leurs prédécesseurs respectifs! Comme le Range Rover, le Range Rover Sport a repris les lignes de l’ancienne génération en gommant tout détail superflu: les poignées de portes sont encastrées, et les panneaux de carrosserie lissés, comme… sur le Velar. Au tour de ce dernier d’être démodé par ses frères, lui qui avait donné un coup de vieux au reste de la gamme à son lancement! A l’intérieur également, la simplicité est de mise: l’écran, aux graphismes et à l’ergonomie soignés trône au milieu d’un mobilier épuré. Les matériaux et la console centrale surélevée diffèrent du Range Rover, pour une ambiance plus sportive, mais le lien est manifeste.
Le Porsche Cayenne, cible éternelle du Range Rover Sport
Range Rover Sport P510e Autobiography – 20 Crédit : Challenges – N. Meunier
C’est bel et bien la suspension qui différencie le plus le Range Rover Sport du Range Rover. Non par sa technologie, mais par ses réglages. Un peu plus ferme, celle-ci ne donne pas le même effet tapis volant que sur son frère. Le confort est toujours au-dessus de la moyenne, mais les percussions des immenses jantes de 23 pouces sont sensibles, et on regrette un peu de pompage (à une fréquence plus élevée que sur le Range Rover), surtout aux places arrières en mode Confort. Voilà qui apparaît déplacé dans cet habitacle empli de sérénité, tellement soigneusement encapsulé que les klaxons des autos voisines paraissent lointains.
En images: Range Rover Sport
Un comportement excellent, mais moins impressionnant que celui du Range Rover
Cette consistance de direction est d’autant plus regrettable que le comportement routier s’avère convaincant. Le Range Rover Sport est tout autant capable de filer à plus de 200 km/h sur la voie de gauche d’une autoroute allemande, avec une trajectoire impeccable, que de se balancer de virage en virage sur une petite route sinueuse. L’inscription est immédiate à l’action simultanée sur le frein et le volant. Lors des forts freinages, le Range Rover Sport mord le bitume, se plantant sur son train avant sans perdre complètement la stabilité du train arrière. Mais celui-ci déboîte franchement lors de la mise en appui… Presque comme sur une petite Ford Fiesta ST, réputée pour la vivacité de son châssis! C’est amusant et maîtrisé, mais voilà un réglage osé pour un modèle aussi lourd (2.730 kg à vide dans notre version P510e), qui ne se destine pas vraiment à des pilotes professionnels. Le châssis est vif, adhérent. Mais la conduite sportive moins fluide que sur son grand frère, alors que le Porsche Cayenne semble plus prévisible et rapide.
Range Rover Sport P510e Autobiography – 12 Crédit : Challenges – N. Meunier
Le Range Rover Sport propose une gamme complète de motorisations (six-cylindres diesel, V8 essence et hybride rechargeable). Etant donné la fiscalité actuelle, ce sont évidemment les versions électrifiées qui devraient rencontrer le plus de suffrages. Après l’essai du Range Rover de 440 ch, nous avons cette fois choisi la mécanique hybride rechargeable P510e. Celle-ci associe un six-cylindres en ligne de 400 ch et un moteur électrique de 142 ch, logé à la place du convertisseur de couple de la boîte de vitesses à huit rapports ZF 8P75XPH. Au cumul, l’ensemble peut développer jusqu’à 510 ch (et 750 Nm), comme le nom de cette version l’indique.
Des reprises vigoureuses, une autonomie généreuse
Motorisation hybride du Range Rover P440e Crédit : Land Rover
Pour limiter l’appétit, il faudra souvent charger ce Range Rover Sport hybride rechargeable. Celui-ci s’en remet à une énorme batterie de 38,2 kWh, dont 31,8 kWh utiles, qui promet une autonomie de 100 km sur le cycle de mesure officiel. Dans les faits, nous avons mesuré en conditions réelles 65 km comme avec le Range Rover P440e. La recharge en courant alternatif réclame cinq heures, du fait d’un chargeur monophasé de 7 kW seulement. Land Rover propose en plus un mode de charge en courant continu, rare sur un hybride rechargeable, allant jusqu’à une puissance de 50 kW. Si dans les faits, nous nous sommes approchés de cette valeur (45 kW) lors de notre essai sur une borne Ionity, ce maximum n’a rien de constant. La chute est prononcée, pour descendre sous la barre des 20 kW aux environs de 80%. Il faut 36 minutes pour atteindre ce seuil, plus d’une heure pour le plein.
En lançant simultanément les Range Rover et Range Rover Sport, Land Rover risquait la confusion entre les deux modèles. Si le doute est permis lorsqu’on voit circuler les deux modèles dans la rue, la différence est subtile mais sensible au volant. Le Range Rover Sport impressionne un peu moins que son grand frère, véritable référence parmi les SUV de luxe. Il n’écrase pas la concurrence, mais offre des prestations au meilleur niveau de la catégorie, ce qui n’est déjà pas si mal. Car évidemment, il est capable, en bon Land Rover, de semer ses rivaux sur les terrains les plus escarpés… A condition de disposer des pneus adéquats. La boîte de vitesse à gamme courte et les assistances électroniques, uniques dans la catégorie, ne peuvent en effet faire oublier la masse, qui peut vite rendre l’engin incontrôlable sur terrain glissant avec des gommes au profil routier. Cet excellent et élégant SUV sportif ne brade pas ses charmes : 101.500 € minimum en hybride rechargeable de 440 ch, quand le Cayenne E-Hybrid débute à 100.077 €. Et si on veut les 510 ch de notre exemplaire d’essai, qui impose la finition haut-de-gamme Autobiography, il faut débourser au moins 140.100 €. Le prix de l’excellence.
Range Rover Sport P510e Autobiography – 27 Crédit : Challenges – N. Meunier
Range Rover Sport P510e
- Performances impressionnantes
- Comportement agile
- Présentation soignée
- Insonorisation remarquable
- Quelques trépidations
- Tarif élevé
- Consommation excessive
- Chargeur rapide peu convaincant
- Confort4/5
- Consommation0/5
- Aspects pratiques4/5
- Rapport prix/équipements2/5
- Performances5/5
- Comportement routier4/5
- Qualité de présentation5/5