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Rappels de Citroën C3 et DS 3 : «Nous sommes pris en otage», fulminent des automobilistes

rappels de citroën c3 et ds 3 : «nous sommes pris en otage», fulminent des automobilistes

Dans l’affaire des rappels de Citroën C3 et DS 3, une action collective sera lancée le 6 juin.

La grogne monte parmi les propriétaires de Citroën C3 et de DS 3, rappelés par le constructeur automobile à cause d’airbags défectueux. Démunis, ils veulent se faire entendre par le groupe Stellantis. Leur contre-attaque s’organise avec la préparation d’une action collective en justice, sous l’égide de l’avocat Christophe Lèguevaques.

L’affaire du rappel de Citroën C3 et de DS 3, aux airbags potentiellement dangereux, va prendre une tournure judiciaire. Des milliers de propriétaires, qui ont reçu un courrier du constructeur automobile voilà quelques semaines leur demandant de cesser immédiatement de conduire leur véhicule, se trouvent démunis. «La campagne de rappel est mal organisée, les concessionnaires Citroën n’ont pas d’airbags en stock et, le temps qu’ils se fournissent, cela peut prendre plusieurs mois. On se demande aussi pourquoi la marque a attendu tant de temps pour lancer la campagne de rappel alors que d’autres constructeurs, confrontés au même problème, ont, eux, agi dès 2016», explique à Capital l’avocat Christophe Lèguevaques, sollicité par des propriétaires de C3 et de DS 3. Et d’ajouter : «Nous allons agir ensemble, dans le cadre d’une procédure collective. Tous ces manquements pourraient avoir des qualifications pénales, par exemple de fraude, de mise en danger de la vie d’autrui ou d’escroquerie en bande organisée, si Citroën a dissimulé volontairement des caractéristiques essentielles du produit». L’avocat prépare ainsi une action collective en justice, à laquelle les automobilistes pourront s’inscrire à partir du 6 juin sur un site internet dédié.

Plus de C3, plus d’emploi

C’est Kevin, dans les Bouches-du-Rhône, qui est à l’origine de la sollicitation de maître Lèguevaques, après avoir créé un groupe Facebook dédié, qui compte près de 3 000 membres. Propriétaire d’une Citroën C3, il n’a aucune nouvelle depuis qu’il a entrepris les démarches indiquées dans le courrier de Citroën reçu il y a quinze jours. Il n’a même pas en sa possession le code, qu’il devait recevoir 48h après la validation de son dossier, pour commander de nouveaux airbags. Il est également en attente d’un signe de son concessionnaire, qui ne lui propose pas de véhicule de remplacement. En effet, son assureur ne veut plus couvrir son véhicule rappelé, qui ne répond plus aux normes de sécurité. Kévin a écrit au procureur de la République d’Aix-en-provence, au ministre des Transports Patrice Vergriete, ainsi qu’à Emmanuel Macron pour les informer de la situation. «Nous habitons en ville, nous nous débrouillons, mais d’autres personnes sont dans l’urgence. Certaines sont vraiment isolées ou sont en train de perdre leur emploi. Des aides ménagères subissent un chantage de leur employeur si elles ne récupèrent pas vite un véhicule. Des personnes handicapées n’ont pas accès aux soins. Ce qui est honteux, c’est que Stellantis (maison-mère de Citroën) ne communique pas. Nous sommes dans une sorte de prise d’otages».

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Un code indispensable à la commande des airbags

«Quel code ? Je n’ai pas de code !» Janice, Toulousaine, elle attend elle aussi ce fameux code depuis son enregistrement sur le site de rappel de Citroën, le 18 mai. Elle peut l’attendre plusieurs semaines selon son garagiste, qui ne lui propose par ailleurs pas de véhicule de remplacement. A la différence de Kevin, Janice continue de conduire sa voiture alors que son assureur ne l’assure plus. «Le constructeur et l’assureur se moquent de nous», estime-t-elle, évoquant, elle aussi, l’impression d’être «prise en otage. Personne ne pense aux conséquences physiques et financières pour nous».

Également en attente de ce code indispensable, Christine a dû annuler ses vacances «en catastrophe». «Après l’accord de mon assurance, je prends ma voiture pour de courts trajets indispensables. La gestion du problème est lamentable, il n’y a aucune préparation, l’imprévoyance est totale,nous sommes condamnés à attendre», soupire-t-elle.

Pour Marie, c’est la double peine. Elle possède deux modèles concernés par la demande d’immobilisation. Sa fille apprend à conduire sur une DS 3 : «je ne peux pas laisser ma fille en conduite supervisée avec une bombe potentielle dans les mains.» Elle est également propriétaire d’une Citroën C3 et doit accompagner sa mère à ses rendez-vous médicaux une dizaine de jours par mois. Elle aussi est sans nouvelle de Citroën.

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Comme Joëlle, qui préfère ironiser : «je fais partie de ces heureux propriétaires d’une DS 3, complètement livrés à eux-mêmes après avoir engagé beaucoup d’énergie pour essayer d’avoir une réponse à mes questions et, surtout, une solution à ce problème». Elle a rédigé un courrier à l’intention du directeur de la marque et souhaite contacter la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) et l’Institut national de la consommation. «La gestion de cette crise est déplorable. Il est temps que cela cesse», s’alarme-t-elle.

Que répondent Citroën et Stellantis ?

Un concessionnaire Citroën du Vaucluse compte déjà 800 voitures concernées par le rappel. «J’ai encore contacté une soixantaine de propriétaires hier et ils ne veulent pas de voiture de remplacement alors même qu’ils font un scandale. Et de nuancer: «tout le monde s’affole, mais il n’y a pas que notre marque qui est concernée par des rappels. Personne ne parle de Volvo, de Mercedes, de Nissan, de Volkswagen. Si Citroën n’avait pas ordonné d’arrêter de conduire, tout se passerait très bien».

Contacté par Capital, Stellantis «comprend que cette étape initiale de la campagne (de rappel) suscite des préoccupations et de la frustration chez certains clients, même avec toute la planification et la préparation, dans lesquelles les autorités, les fournisseurs, les réseaux de concessionnaires et d’autres parties prenantes clés étaient activement impliquées, ainsi qu’avec le travail diligent et les meilleurs efforts de l’entreprise. Tous les problèmes rencontrés sur le terrain sont soigneusement suivis 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et sont rapidement abordés par une équipe multidisciplinaire de professionnels hautement qualifiés». Selon le constructeur, 111 000 clients ont suivi le processus d’enregistrement et 8 000 véhicules ont déjà été réparés en France. Il y aurait également 25 000 véhicules de courtoisie à disposition des clients. Et 200 chargés de relation clientèle sont aujourd’hui mobilisés pour répondre aux questions des clients, avant d’être soutenus par 180 personnes supplémentaires au cours des deux prochaines semaines. Pas sûr que cela suffise à calmer les automobilistes…

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Par ailleurs, Stellantis assure que l’ancien fournisseur d’airbags Takata, qui a fait faillite en 2017,«a confirmé à plusieurs reprises de l’absence de risque sur les airbags équipant ces véhicules, ainsi produits dans une usine européenne pour laquelle aucun n’avait été signalé. Nous avions mis une surveillance en place sur cette pièce en procédant à des tests périodiques dans des laboratoires extérieures, les résultats étant partagés avec les autorités allemandes, anglaises et françaises. Un cas potentiel nous a été signalé en juin 2019 en Guadeloupe et nous avions décidé immédiatement une campagne de rappel. En 2023, cette surveillance a également détecté des cas potentiels dans le pourtour méditerranéen, aussi nous avons pris la décision d’informer les clients du risque, et commencé une campagne de rappel par lots en traitant en priorité les véhicules identifiées comme étant les plus à risque. Malgré ces mesures, en accord avec les autorités compétentes, nous avons estimé qu’il fallait, par mesure de sécurité, demander à nos clients de cesser d’utiliser leur véhicule.»

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