- Rolls-Royce n’a jamais livré autant de voitures ni employé autant de collaborateurs
- Rolls-Royce ne souffre pas trop de son retrait de Russie
- Volontiers prescripteurs, les richissimes clients de Rolls-Royce se laissent séduire par son premier modèle 100% électrique
- Mieux que les livraisons, c’est le prix de vente moyen de Rolls-Royce qui ne cesse d’augmenter
Rolls-Royce : la gamme 2023 au complet
Le ralentissement de la demande en Chine n’aura pas empêché Rolls-Royce de franchir pour la première fois de son histoire le cap des 6.000 voitures livrées en un an. Bientôt trop communes pour justifier leur tarif élitiste, les Rolls?
Pari perdu! L’année 2022 a certes mal démarré, avec les tristes évènements que l’on connaît en Ukraine, et l’accélération de l’inflation. Mais la demande s’est maintenue au point d’augmenter de 8% les ventes annuelles de Rolls-Royce. “Nous avons livré 6.021 voitures très précisément”, claironne le grand patron de Rolls-Royce Torsten Müller-Ötvös. C’est la première fois que le constructeur anglais placé sous pavillon allemand (Rolls-Royce fait partie du Groupe BMW) dépasse la barre des six mille livraisons annuelles.
Rolls-Royce n’a jamais livré autant de voitures ni employé autant de collaborateurs
Pour expliquer le record de 2021, Torsten Müller-Ötvös n’avait pas hésité à avancer des causes d’ordre psychologique: “En voyant l’ampleur de la pandémie, certains parmi nos clients ont pris conscience de la fragilité de la vie et ont décidé qu’ils n’avaient aucune raison d’attendre pour se faire plaisir.” Pour 2022, cette explication ne tient plus: à en croire le patron de Rolls-Royce, “le comportement de l’acheteur est revenu à sa quasi-normalité”. De quoi l’inciter “à un peu plus de prudence” dans ses prévisions pour 2023.
Rolls-Royce ne souffre pas trop de son retrait de Russie
En 2021, Rolls-Royce avait livré quelque 300 voitures en Russie. La suspension des livraisons sur le territoire de cet État a donc pesé sur son bilan 2022. “Heureusement, la forte demande ailleurs dans le monde a plus que compensé ce manque à gagner”, confirme Torsten Müller-Ötvös.
De la même manière, le ralentissement de l’économie chinoise ne s’est pas fait trop cruellement sentir. “Avec une baisse à un seul chiffre, je n’ai pas à me plaindre”, se félicite Torsten Müller-Ötvös. La Chine absorbe toujours près du quart des voitures produites par Rolls-Royce, devant l’Europe (20% environ), le Moyen-Orient et l’Asie (10% chacun), mais derrière les deux Amériques (près de 35%). Le modèle le plus demandé — et de loin — reste le SUV Rolls-Royce Cullinan, qui pèse près de la moitié des livraisons.
Volontiers prescripteurs, les richissimes clients de Rolls-Royce se laissent séduire par son premier modèle 100% électrique
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Effet imaginé ou bien réel? Difficile de le dire aujourd’hui. S’il existe, il n’a probablement pas donné son plein, puisque Rolls-Royce ne compte cesser la production de ses motorisations thermiques qu’en toute fin d’année 2030. Le coupé Spectre (dont les premiers exemplaires ne seront livrés que fin 2023) ne constitue donc que la toute première étape de cette conversion au tout-électrique. Le client a encore le temps de voir venir.
Mieux que les livraisons, c’est le prix de vente moyen de Rolls-Royce qui ne cesse d’augmenter
Torsten Müller-Ötvös réfute toute forme d’attentisme, encore moins de réticence, de la part de sa clientèle. Il en veut pour preuve le niveau de commandes pour le coupé Spectre, qui “dépasse très largement nos espérances”. Le patron se l’explique aisément: “Nos clients nous avaient dit combien ils étaient attachés au fait que notre premier modèle électrique devrait rester fidèle à l’esprit de la marque. Le résultat les a rassurés: à leurs yeux, le coupé Spectre est une véritable, une authentique Rolls-Royce.”
Cette notion d’authenticité passe entre autres par la volonté du constructeur de dépasser le statut de “simple constructeur d’automobiles”, pour conforter celui de “référence dans le monde du très haut luxe”. Pour ce faire, Rolls-Royce développe son département de personnalisation “Bespoke”, bien outillé pour satisfaire le moindre caprice de la clientèle en matière de couleurs et de matières. C’est bien simple, “dorénavant, plus aucune Rolls-Royce ne quitte l’usine sans avoir été personnalisée par notre département Bespoke”, garantit Torsten Müller-Ötvös.
Les dizaines de milliers d’euros que la clientèle dépense volontiers dans l’incrustation d’une œuvre d’art dans la planche de bord, dans une teinte particulière de la carrosserie ou des peausseries concourent à pousser toujours plus haut le prix moyen qui “voisine le demi-million d’euros, dorénavant”. Le patron se félicite de cette évolution: “C’était plutôt de l’ordre de 250.000 euros voilà dix ou quinze ans.”
Torsten Müller-Ötvös est très fier de souligner que “Rolls-Royce est très rentable et ne coûte rien au Groupe BMW”. Une manière de combattre la rumeur qui voudrait que le constructeur allemand soit à la recherche d’un repreneur pour sa branche anglaise. Il rejette également l’idée selon laquelle Rolls-Royce devrait songer à s’imposer des quotas de production, afin de protéger la rareté de ses voitures et l’exclusivité de son image. “Nous ne courrons pas aux volumes”, admet Torsten Müller-Ötvös. “Ce qui compte est de maintenir la valeur de la marque aux yeux des clients”.