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Renault-Nissan: l'Inde, un choix stratégique pour démontrer la vitalité de leur nouvelle Alliance

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Présentation de la Renault Kiger en février 2021

Le pragmatisme dicte à Renault et Nissan de relancer leur collaboration en Inde. Pour les besoins du marché local comme de l’exportation, les deux associés y produiront trois SUV compacts et trois électriques à bas coûts. Leurs ambitions sont grandes.

Enfin rabibochés, Renault et Nissan n’auront pas perdu de temps pour préciser les termes de leur offensive sur le troisième marché mondial. Le 6 février dernier, les membres de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi offraient de nouvelles bases à leur collaboration. Ni contrat de mariage ni convention de divorce, cet accord-cadre se veut un “catalogue de règles clarifiées et simplifiées”, à partir duquel seront négociés une “multitude d’accords de collaborations techniques, industrielles et commerciales”, résume Jean-Dominique Senard, président de l’Alliance et président du conseil d’administration de Renault. Au sommet de la liste de ces “projets opérationnels à forte création de valeur” figure le marché indien, dont le taux de croissance aiguise tous les appétits.

En réponse aux analystes qui se perdent en conjectures quant à la manière de qualifier la nouvelle Alliance, le directeur général de Renault Luca de Meo rétorque que “la meilleure démonstration de la vitalité de l’Alliance sera apportée par l’exécution des projets, les uns après les autres”. Abondant en son sens, le patron de Nissan Makoto Uchida leur conseille carrément “d’oublier le passé” et d’accepter l’idée que “Renault, Nissan et Mitsubishi inventent une nouvelle forme de collaboration, qui ne correspond pas à une définition établie”.

Renault et Nissan augmenteront la production et leurs activités de R&D à Chennai, en Inde

C’est en conservant ce conseil à l’esprit qu’il convient d’analyser les termes de “la nouvelle vision à long terme pour l’Inde” que partagent Renault Group et Nissan Motor Corporation. Ce n’est pas tant l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi que deux constructeurs indépendants — quoique associés — qui projettent d’investir “environ 600 millions de dollars”, soit l’équivalent de 562 millions d’euros ou de 53 milliards de roupies indiennes pour “la création de 2.000 emplois supplémentaires au Renault Nissan Technology & Business Centre de Chennai”. Cette réaffirmation de l’identité de chacun des deux constructeurs alimentera à n’en pas douter la rumeur de leur divorce, quand d’autres observateurs préféreront y voir la concrétisation de cette entente nouvelle tant vantée, basée sur le volontarisme plutôt que la contrainte. “Les synergies ne sont pas un objectif mais une conséquence heureuse de l’Alliance”, résume le directeur des opérations de Nissan, Ashwani Gupta.

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Visiblement, Nissan considère qu’il en va de ses intérêts de relancer son association avec Renault en Inde. Dans le même temps, le constructeur japonais préfère ne pas entrer au capital de la nouvelle entité Horse définie par le français pour la poursuite du développement de ses motorisations thermiques et hybrides. “Chacun est libre de lancer ses propres développements et de s’associer à ceux des partenaires”, résume Luca de Meo. “C’est à moi, directeur de Renault de rendre Ampère [NdlR : l’entité dédiée à l’électrique et au logiciel] suffisamment pertinent et attractif pour convaincre Nissan d’y investir au-delà de 15%”.

Chennai produira trois nouvelles Renault et trois Nissan sur des plateformes communes

Dans la liste des collaborations potentielles entre Renault et Nissan, le marché indien s’imposait donc comme une évidence. Ainsi que le rappelle Guillaume Cartier, Président de Nissan Région Afrique, Moyen-Orient, Inde, Europe et Océanie, “l’Inde a été la première usine de l’Alliance”. Depuis “plus de 15 ans”, Renault et Nissan opèrent conjointement cette usine implantée près de Chennai, pour l’assemblage de petits modèles conçus localement (Renault Kwid, Triger et Kiger, ce dernier étant décliné chez Nissan).

Sans donner de détail ni de calendrier, Renault et Nissan évoquent “quatre nouveaux SUV du segment C” (de la taille du Dacia Duster, donc), ainsi que “deux nouveaux véhicules électriques du segment A” (de la taille de la Dacia Spring). Le centre de recherche et développement conjoint reçoit la tâche de concevoir “de nouveaux véhicules”, à destination non seulement de l’Inde mais aussi “de nouveaux marchés d’exportation”. De quoi décupler les cadences de production du site de Chennai, d’où sont sortis 127.000 véhicules en 2022.

Le marché indien aiguise les appétits de tous les constructeurs européens et asiatiques

En un an, la pénétration de Renault a chuté de 3% à 2% sur le marché indien, avec un total de 87.118 véhicules immatriculés en 2022. Malgré cette chute de 9% de ses ventes, Renault se targue de conserver le titre de “première marque européenne sur le marché indien”. Les deux partenaires ont tout intérêt à s’accrocher car les Indiens — bien que presque aussi nombreux que les Chinois — achètent six fois moins de voitures qu’eux. Mieux, après l’année noire du Covid qui a vu les ventes chuter de 3,5 millions d’unités à 2,5 millions, l’Inde est remontée en 2022 à un volume de 3,8 millions de véhicules. Le potentiel semble immense.

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Hélas! Si le marché indien des véhicules particuliers a augmenté de 23% en 2022 par rapport à 2021, après une hausse de 28% en 2021 par rapport à 2020 (source : Inovev), l’essentiel de la demande se concentre sur de très petits modèles, à faibles marges. Les Renault Kwid, Triber et Kiger ont beau être assemblées localement et profiter du coût extrêmement compétitif de la main-d’œuvre locale, elles font face à la concurrence féroce des géants locaux Maruti-Suzuki et Hyundai.

En vertu d’un nouvel accord-cadre, Renault Nissan Automotive India Private Ltd (RNAIPL) passera à un actionnariat de 51% pour Nissan et de 49% pour Renault. Le Renault Nissan Technology Business Centre (RNTBCI) sera détenu à 51% par Renault et à 49% par Nissan. Par ailleurs, le site de production de Chennai ambitionne d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2045, en intensifiant ses approvisionnements en électricité d’origine renouvelable et en réduisant de 50% sa consommation énergétique par rapport à aujourd’hui.

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