Trottinettes à Paris: leur exclusion “réduira les nuisances”, affirme Hidalgo
L’interdiction des trottinettes en libre-service à Paris “réduira les nuisances” dans l’espace public, affirme la maire Anne Hidalgo dans un entretien à l’AFP avant la votation citoyenne sur le sujet dimanche, une première dans la capitale.
QUESTION: Le règlement de la votation stipule que l’avis des citoyens sera “pris en compte”. Comment réussir à motiver les électeurs s’il n’est que consultatif?
Q: Mais ni les procurations, ni le vote électronique ne sont possibles, et il n’y a que 21 sites de vote dans tout Paris…
R: “On a choisi, pour cette première, de regrouper les 203 bureaux de vote en mairies d’arrondissement, le plus souvent, car c’était plus facile pour l’accueil. C’est un exercice démocratique nouveau et il sera réitéré chaque année.”
Q: Combien va coûter cette votation?
R: “On le saura après. C’est le prix de la démocratie. Tout ce qui peut permettre la démocratie, le dialogue, la concertation, la consultation, vaut mieux que les blocages et les replis sur soi.”
R: “Peu importe le nombre. La première année du budget participatif (en 2014), on avait compté quelque 30.000 votants et aujourd’hui, on est autour de 200.000. Ce sont des outils de démocratie participative qui s’améliorent en les utilisant.”
Q: Si les trottinettes en libre-service sont exclues de Paris, les nombreuses nuisances sur l’espace public seront-elles réglées pour autant? Quid des trottinettes privées?
R: “Inévitablement, ça réduira les nuisances. Une étude montre qu’à Lyon, il y a eu sept fois plus d’accidents en un an à l’arrivée des trottinettes en 2019. C’est un modèle qui est cher, à la durabilité très contestable, qui se substitue à la marche. On les prend et on les jette alors que les trottinettes personnelles, c’est différent, on peut les amener chez soi, au travail, voyager avec, on en prend soin.”
Q: Mais de nombreux Parisiens déplorent les incivilités d’autres usagers, notamment des vélos, qui les mettent en danger dans les rues de la capitale. Vous avez promis de faire adopter à l’été un “code de la rue”. Que contiendra-t-il?
Q: Quant au périphérique, avez-vous la certitude de pouvoir réserver la voie olympique aux bus, taxis et covoiturage après les Jeux?
R: “Oui, ce sera un héritage des Jeux. Nous travaillons avec la Commission nationale du débat public (CNDP) pour établir la méthode et le calendrier du débat dans les semaines qui viennent. C’est un sujet qui dépasse largement Paris.”
Q: Parallèlement, le calendrier de la zone à faibles émissions (ZFE) du Grand Paris, qui interdit l’accès à la métropole parisienne aux véhicules les plus polluants, pourrait de nouveau être décalé…
R: “Je ne suis pas pour un nouveau report, pour que l’on cède face à un lobbying redoutable. Le problème, c’est la dimension sociale de cette transition écologique. Pendant la campagne présidentielle, j’avais proposé un leasing social qui permette aux automobilistes qui doivent changer leur véhicule d’accéder aux véhicules électriques pour 75 euros par mois. Le candidat Macron avait repris lui-même cette proposition. Où en est-on? Nulle part. Il faut qu’il prenne ses responsabilités, qu’il arrête de céder en permanence au lobby des énergies fossiles et accompagne nos concitoyens qui ne peuvent pas aujourd’hui acquérir une voiture électrique ou peu polluante. Quant aux contrôles à distance des plaques d’immatriculation, je suis prête à prendre en charge une partie de cet investissement.”
Q: En 2018, vous aviez promis la fin du diesel en 2024 dans la capitale, et celle des véhicules thermiques en 2030. Ce calendrier est-il tenable ?
R: “Il est tenable, en tout cas sur Paris. Le parc automobile parisien a baissé significativement, j’ai mis en place des aides, et je ne lâche rien.”
Propos recueillis par Pierrick YVON