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Voiture électrique, la fabrique du délire

voiture électrique, la fabrique du délire

L’avènement de la voiture électrique stimule l’imagination des créateurs. Voici quelques projets étonnants qui bousculent notre idée de l’automobile.

Est-ce parce qu’il y a plus de place dans une électrique du fait de la disparition de certains organes mécaniques et fonctionnels ? Est-ce parce qu’une voiture électrique est supposément plus facile et moins coûteuse, voire moins contraignante à produire ?

Toujours est-il que nous avons parfois la drôle de sensation de vivre depuis quelques années une sorte de renouveau de l’âge d’or de l’automobile, une époque où tout semble de nouveau permis. Une ère où la créativité retrouve sa place, autant chez certains grands constructeurs qu’en provenance de start-ups capables de presque réinventer la roue (et ce qui va autour) avec trois bouts de ficelle et un peu d’imagination.

Il faut dire que le marché évolue fortement, et que l’ère de la voiture telle que nous l’avons connue risque d’appartenir très vite au passé. Les valeurs des électromobilistes – en tout cas certains purs et durs – ne sont plus à l’esbroufe et encore moins à la recherche de puissance, mais dans une quête résolue de sobriété et donc d’efficience. Pour eux, les seuls métriques valables sont la consommation (davantage que l’autonomie, d’ailleurs, les deux étant de toute façon imbriquées), le poids et le sCx. Viennent ensuite l’espace intérieur, la capacité de chargement et le côté pratique de la voiture.

Dans ce contexte, certains constructeurs, établis ou nouveaux entrants, se creusent la tête pour inventer un nouveau paradigme automobile, qui commence souvent par adresser un marché qui n’existait pas vraiment jusqu’à présent, celui de la mini-voiture à usage urbain, légère, sobre et facile à garer et à recharger. Peu importe que son autonomie atteigne difficilement les 100 kilomètres dans le meilleur des cas puisqu’elle va servir pour les trajets urbains du quotidien (se rendre au travail) et les courses du week-end. De l’autre côté du spectre nous avons les irréductibles, qui ne voient la transition vers l’électrique qu’au travers du prisme de la frime et de la performance. Tant que c’est légal et homologué (« moral », c’est une autre histoire), c’est leur droit le plus strict, d’autant qu’il y a forcément une clientèle aussi pour des voitures électriques de 1000 chevaux et 2,5 tonnes coûtant le prix d’un manoir en province. Si si.

Petit panorama des projets les plus fous de voitures électriques. Attention, malgré les plans marketing béton et les meilleures intentions du monde, l’expérience nous incite à une certaine prudence : certaines sont déjà une réalité mais d’autres ne sortiront peut-être jamais.

La Bagnole

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Ce projet aussi attachant que barjot est le fruit de l’imagination des deux co-fondateurs de Kilow (!) une entreprise savoyarde. L’engin est un quadricycle électrique au look de mini-Jeep pesant 300 kilos et capable de transporter 2 personnes, certes dans des conditions de confort toutes relatives puisque la carrosserie n’est pas fermée. Cela étant, La Bagnole revendique son côté roots et pratique avec de vraies capacités en tout-terrain et un espace cargo digne d’un vrai break, avec un « coffre » modulable selon les besoins, et même réfrigéré sur demande. Le constructeur promet une autonomie allant de 70 à 140 kilomètres. Avec son double moteur roue Brushless, elle développe une puissance de 5KW en nominal et 15KW en pic (13,6 CV). Elle sera disponible en deux versions : sans permis (dès 14 ans), limitée à 45km/h (L6e), avec permis B ou permis B1 (dès 16 ans), limité à 80km/h (L7e) à partir de 10 900 €, dont il faudra déduire 900 € accordé aux voiturettes électriques. Les premiers exemplaires devraient être livrés en 2023.

Citroën AMI Buggy

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Petite sœur un peu délurée de la très urbaine AMI, la Citroën AMI Buggy ne s’embarrasse pas de dentelles et fait plutôt dans la randonnée en rangers. Présentée fin 2021, elle est – de façon éphémère – devenue réalité pour quelques chanceux qui ont réussi à en attraper une au vol parmi les 50 exemplaires disponibles, vendus en… 17 minutes. Rien de très décoiffant sous le capot en plastique, on retrouve en gros les caractéristiques de l’AMI de base, avec en bonus un look tout-terrain dans une robe kaki mat et une caisse légèrement surélevée.

Aptera

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Avec son look de vaisseau spatial ou de drone sans rotors, l’Aptera est un véritable OVNI dans le paysage automobile, y compris celui pourtant déjà assez débridé de l’électrique. Promettant une autonomie de 1600 kilomètres avec une seule charge (oui vous avez bien lu) et 25 à 60 kilomètres de portée avec la seule énergie solaire, l’engin à 3 roues semble véritablement avoir été sculpté par le vent. Avec son sCx promis à 0.13 – contre par exemple 0.23 pour une Tesla Model 3, qui n’est pourtant déjà pas une brique – l’Aptera est l’incarnation même de tout ce que peut être l’efficience poussée à son paroxysme. Poids, friction, gestion de l’énergie, tous les curseurs ont été poussés dans le rouge, ou plutôt le vert, pour obtenir cet engin qui pourrait théoriquement vous conduire d’Amsterdam à Barcelone d’une traite. Le tout pour un tarif somme toute raisonnable puisqu’il devrait se situer entre 25 900 et 50 700 dollars. Les livraisons devaient démarrer début 2022 mais le site indique toujours « Réserver » sans indiquer de date de disponibilité. A surveiller…

Microlino

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La petite voiture suisse proposée par le spécialiste des trottinettes Micro-Mobility, et fortement inspirée de l’Isetta, rentre dans la catégorie des quadricycles lourds à moteur L7e, soit la même classification qu’une Renault Twizy. Elle ne sera donc pas accessible au plus grand nombre puisqu’elle nécessite un permis de conduire B ou B1. Côté encombrement, elle n’occupe qu’un tiers de l’espace sur une (grande) place de parking, de quoi en garer trois pour le prix d’une. La version définitive est une évolution importante de la présérie, et l’engin est sorti des planches à dessin des bureaux d’études puisque les livraisons ont enfin débuté en série limitée pour 999 premiers clients avec des prix allant de 14 990 à 20 990 euros. Le véritable démarrage des livraisons de masse arrivera quant à lui au deuxième trimestre 2023.

Lit Motors C-1

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Enfin, j’ai gardé le meilleur – et peut-être le plus méconnu – pour la fin. Ce projet est juste le plus original et excitant qu’il m’ait été donné de voir depuis longtemps en matière d’automobile. Imaginez une moto avec la carrosserie, le confort et la sécurité d’une voiture, ou une voiture à habitacle fermé à deux roues. Comment tient-elle debout à l’arrêt ? C’est toute la magie de cet incroyable engin : ici, pas de béquilles ni de jambes rétractables permettant à la voiture de ne pas basculer, mais un système de gyroscope qui la fait tenir debout avec une stabilité quasiment équivalente à celle d’un engin à quatre roues. Il faut le voir pour le croire :  vous êtes donc à bord d’une machine qui occupe en gros l’encombrement au sol d’une grosse moto mais qui offre le confort et la sécurité d’une auto, avec non pas un guidon mais bel et bien un volant. La Lit Motors C-1 promet une autonomie entre 250 et 350 kilomètres et un 0 à 100 en 5 secondes, avec un prix de « seulement » 25 000 dollars (ok c’est beaucoup pour une moto mais raisonnable pour une voiture). Seule ombre au tableau, le projet semble trainer en longueur et semble ne plus beaucoup avancer depuis son lancement en 2012. Dix ans ça commence à faire long alors qu’un prototype roulant est visible en vidéo depuis de longues années, mais il se dit que le créateur de cet engin aurait eu un grave accident de moto ayant mis le projet en standby, et qu’il s’apprêterait à le relancer. Alors, vaporware ou vrai projet en phase d’aboutissement ? Croisons les doigts.

Bien sûr on ne pourra pas conclure ce tour d’horizon sans évoquer la pionnière du genre, l’indémodable Renault Twizy. Et puisque en introduction je mentionnais l’autre bout du spectre, nous aurons une pensée émue pour le Hummer EV, ses 1000 chevaux et ses 4,5 tonnes, la Rimac Nevera et ses 2000 chevaux, voire même le Tesla Cybertruck et sa démesure de voiture de comics. Sans parler évidemment des coussins péteurs de la Tesla Model 3, une autre grande avancée dans l’ingénierie automobile.

Quoiqu’il en soit, que vous soyez plutôt supermini ou superpuissance, convenez que sans ces créateurs on s’ennuierait un peu non ?

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