Technologie électrique avancée et tarifs agressifs, les marques chinoises font craindre un déferlement chez nous. Mais quand on est sur place, cette appréhension semble moins justifiée, du moins à court terme.
La relative jeunesse du marché automobile chinois ainsi que le basculement vers l’électrique, technologie moins compliquée à maîtriser que le thermique pour de nouveaux acteurs, ont facilité cette profusion – exagération même – de naissances, un peu comme ce fut le cas dans les pays européens au début du 20e siècle. Pour un européen la diversité de modèles, souvent très exotiques, est donc étonnante dans les grandes métropoles comme Guangzhou (Canton) ou Pékin.
Des villes où la population dépasse allègrement les 10 millions d’habitant, et dont l’urbanisation s’oriente étonnamment vers celle du meilleur ennemi américain, avec des tours d’habitation omniprésentes, d’immenses buildings, d’innombrables autoroutes urbaines sur pilotis, des échangeurs urbains à multiples étages, et des axes souvent à quatre ou cinq voies dans chaque direction.
Des véhicules allongés en Chine
Sur le marché chinois, l’Audi A4L se distingue par son empattement majoré et ses portes arrières étirées. La longueur atteint 4,81 m contre 4,72 m pour la version standard que nous avons en Europe.© DR
Au milieu de ces automobiles chinoises, désormais majoritaires, on croise tout de même pas mal d’européennes – majoritairement allemandes – et de japonaises, quelques américaines, peu de coréennes, mais quasiment aucune française. Ce qui surprend le plus dans ces grandes villes, c’est l’absence totale de sportives et de petites voitures, avec un parc composé de SUV, bien sûr, mais aussi de pas mal de Vans, ainsi qu’une grosse proportion de berlines, bien davantage que chez nous. Comme les automobilistes chinois doivent aussi transporter leurs parents, lesquels n’ont généralement jamais eu de voiture, et bénéficient d’un profond respect eu égard à leur grand âge, les acheteurs privilégient les modèles offrant un maximum d’espace aux places arrière, pour que leurs anciens y soient transportés le plus confortablement possible. Ainsi, les allemandes premium (Audi A4 et A6, BMW séries 3 et 5, Mercedes C, E, GLC) ne sont proposées que dans leurs variantes longues baptisées “L”.
La MG3.© MG
Après avoir humé l’atmosphère des huit halls de ce salon bondé de monde – étrange contraste après des années de quasi blocage du pays à la suite de la crise sanitaire –, on se dit que, finalement, l’invasion tant redoutée des voitures chinoises grâce à leurs tarifs très agressifs n’est probablement pas pour demain. Car hormis MG qui, en plus de ses prix très inférieurs à ceux pratiqués par les électriques européennes, dispose de modèles au gabarit adapté à notre marché (MG4, MG3, EHS, etc.), tous les modèles chinois montrés semblent aujourd’hui bien trop gros pour séduire chez nous. Même le géant de l’électrique BYD y patine avec ses Dolphin et Atto3 pourtant raisonnables en taille, mais décevantes au volant. Et comme nous l’a confié sur place Brian Gu, président de la nouvelle marque Xpeng, si rien n’est exclu à l’avenir, il est aujourd’hui bien trop tôt pour développer des modèles spécifiques pour d’autres marchés que la Chine, qui seraient impossible à rentabiliser en tant que nouvel arrivant faute de volumes suffisants.
Priorité au marché local
La priorité pour les constructeurs chinois est donc aujourd’hui de consolider les ventes sur leur marché national, alors que ce dernier ne progresse plus (voire diminue un peu à 23 millions d’unités) et que les surcapacités industrielles semblent évidentes. Inévitablement, des marques ne connaîtront pas le succès escompté, et disparaîtront. Tandis que d’autres seront absorbées par les plus grosses. C’est ainsi que cela se passe pour qu’un marché devienne mature. Dans le même temps, sans progression des ventes domestiques, il est tentant d’essayer de croître ailleurs. Donc aussi en Europe, où les décideurs veulent imposer la technologie électrique, que la Chine maîtrise, d’ici à 2035.
Mais sans produit adapté, et sans image, le challenge est ardu. D’autant que leur atout prix risque bien d’être remis en cause par les substantielles taxes que l’Europe veut rapidement imposer aux modèles chinois !
Notez cet article 3.9/5 ( 31 votes) Publié le 30/06/2024 à 12:00 Véhicules d’occasion