Ferrari, ce n’est pas seulement un constructeur et une équipe : c’est aussi un lieu de pouvoir, où querelles intestines, complots et stratagèmes sont parfois dignes de la rivalité entre les Sforza et les Borgia. C’est en partie à cette situation que l’on doit la Ferrari 408 4RM. Ou plutôt les 408 4RM, car cette auto a été construite en deux exemplaires.
Avec son intérieur complet, la 408 4RM pourrait passer pour le modèle de présérie qu’elle n’est pas…
Une première chez Ferrari : la 408 4RM reçoit quatre roues motrices
L’auto fait parler d’elle dans la presse, et retombe dans l’oubli. Il est vrai qu’entre-temps, Forghieri est parti… chez Lamborghini, où il œuvrera jusqu’en 1992, avant de rejoindre Bugatti.
S’il est extérieurement identique, sa mécanique a profondément évolué : le châssis, conçu avec le groupe de métallurgie canadien Alcan, est cette fois en aluminium plié, riveté et collé. Il ne forme que la cellule centrale de l’auto : à l’arrière, un bâti tubulaire accueille l’ensemble moteur-boîte, tandis qu’à l’avant les suspensions sont montées sur un berceau en magnésium. Toujours à quatre roues motrices, la transmission reçoit un répartiteur de couple hydraulique qui permet de faire varier la répartition avant-arrière. Cet exemplaire est demeuré la propriété de Ferrari, et il est aujourd’hui exposé au musée de la marque à Maranello. En revanche, il semble que la trace du premier exemplaire soit perdue…
Oubliée, la 408 4RM ? Un peu. Sans lendemain ? Pas tout à fait : une des principales innovations de la Bugatti EB110, sur laquelle Forghieri a travaillé, sera justement une transmission à quatre roues motrices. Quant au châssis en aluminium collé, il fera le succès de la Lotus Elise, conçue à une époque où la firme britannique appartenait au même homme que Bugatti : Romano Artioli. Coïncidence ? Pas si sûr…
Ce sujet est paru dans ENZO n°15, un magazine que vous pouvez éventuellement vous procurer (sous réserve de disponibilité) sur notre boutique NG Presse.