Mercedes-Benz, comme Porsche et d’autres constructeurs allemands, a vendu davantage de nouvelles voitures à moteur à combustion, au premier trimestre.
La construction automobile allemande – après avoir trouvé un moyen de vendre des moteurs thermiques au-delà de la date butoir de 2035 dans l’Union européenne, en mars – fait de nouveau parler d’elle. Et toujours pas en bien, pour le climat. Depuis janvier 2023, leurs nouvelles ventes de voitures ont fait augmenter les émissions de CO2 !
Selon les chiffres de la Kraftfahrt-Bundesamt (KBA), l’Agence fédérale de l’automobile allemande, les voitures immatriculées au cours du premier trimestre rejettent 123,2 grammes de dioxyde de carbone par kilomètre, alors que la moyenne annuelle pour l’année 2022 n’était que de 109,6 grammes.
La KBA fournit une explication limpide. La part des voitures purement électriques et des hybrides rechargeables a fortement diminué depuis le début de l’année. Elles représentaient environ 30 % des nouvelles immatriculations en 2022, mais ont chuté à 20 % ces trois derniers mois. Cette baisse correspond aux nouvelles règles des aides fédérales
pour les véhicules plus propres, analyse l’expert Ferdinand Dudenhöffer, joint mardi 30 mai par Das Erste, la première chaîne de télévision allemande.
À l’automne, en effet, le ministre de l’Économie et de la Protection du climat, Robert Habeck (Verts), avait estimé que la mobilité électrique avait fait sa transition vers le marché de masse ». I l
a progressivement diminué les aides à l’achat pour les véhicules purement électriques (avec batteries) et supprimé définitivement celles pour les hybrides rechargeables à la fin décembre 2022. Résultat : des Allemands se sont rués vers les vieux moteurs à combustion neufs : 150,5 g de CO2/km pour l’essence et 168 g pour les diesels.
Le pompon revient encore à Porsche, meneur de la fronde sur la fin des moteurs thermiques dans l’UE : au moins 10 000 ventes de janvier à avril, dont les véhicules rejettent en moyenne 208,2 g de CO2/km. Lamborghini et Rolls Royce font pire – 300 g – mais leurs ventes restent anecdotiques.
Qui ne joue pas le jeu ?
Qui blâmer pour ce retour des diesels neufs ? Le gouvernement d’Olaf Scholz qui s’est pourtant montré généreux avec un total de 3,4 milliards d’euros d’aide en deux ans ? Des Allemands qui ont préféré une petite Opel plus émettrice mais moins chère ? Ou les constructeurs, qui n’ont pas embrayé sur la nouvelle demande, créée par les premières subventions d’État ? Des économistes allemands y travaillent ; les plus soucieux d’une transition juste avancent qu’une autre mesure du ministère d’Habeck aurait pu chagriner les patrons de Mercedes, Audi, BMW et consorts : à partir du 1er septembre 2023, le financement sera limité aux particuliers ; les entreprises n’obtiendront plus rien.
