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Voiture autonome : tuer l’enfant ou la vieille dame, l’impossible choix

voiture autonome : tuer l’enfant ou la vieille dame, l’impossible choix

Voiture autonome : tuer l’enfant ou la vieille dame, l’impossible choix

Depuis que les véhicules autonomes modernes ont commencé à être testés dans les années 2000, les ingénieurs qui programment leur code informatique affrontent un dilemme. Lorsque la voiture n’a pas d’autre choix que de percuter un piéton ou un autre piéton, lequel doit-elle choisir  ? Selon quels critères ? Doit-elle heurter l’enfant ou la vieille dame ? Doit-elle dévier pour éviter deux piétons qui traversent hors des clous, et ainsi tuer un seul piéton sur le passage protégé ?

Ces situations qui laisseraient un cerveau humain tout aussi démuni ne peuvent pas être ignorées. Impossible de laisser la nature faire les choses, puisque le véhicule a besoin de règles du jeu avant même sa mise sur le marché. Le casse-tête est monumental pour les constructeurs de voitures. Une étude publiée en avril 2023 dans la revue AI and Ethics conclut même qu’il vaut mieux essayer de définir quels comportements de véhicules ne sont pas acceptables, plutôt que de s’épuiser à trouver des solutions universelles qui n’existent pas. Ambiance?

Les Français sauvent les passagers, pas les piétons

Et pour cause : une étude du MIT, dont les résultats ont été publiés dans Nature fin 2018, a montré que les réponses à ces dilemmes moraux varient fortement selon les pays et les cultures. En étudiant 40 millions de réponses collectées dans 233 pays, les scientifiques ont pu conclure que les solutions ne sont jamais satisfaisantes face à des questions sur l’âge, le nombre ou la qualité des victimes potentielles.

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Ainsi, en Chine, en Corée du Sud ou encore au Japon, les personnes interrogées ont massivement voté pour sauver les personnes âgées plutôt que les jeunes, à l’inverse des positions défendues en Europe, notamment en France et en Grèce. La même répartition géographique est constatée en réponse à une autre question : la voiture doit-elle dévier pour sauver plus de vies en tuant un seul piéton et non un groupe de piétons ? En revanche, les avis sont plus partagés lorsqu’il s’agit de décider s’il faut épargner les passagers ou les piétons : les Japonais épargnent massivement les piétons, à l’exact inverse des Chinois. Les Européens votent globalement pour sauver les piétons, à l’exception notable des Français, qui préfèrent à une légère majorité épargner les passagers en tuant les piétons.

Les programmeurs juridiquement responsables

Ces réponses divergentes expliquent pourquoi les constructeurs sont très discrets sur les comportements qu’ils programment dans leurs véhicules. Dans les situations où aucune décision n’épargne l’ensemble des acteurs, aucune réponse n’est acceptable, surtout si elle doit être gravée dans le code informatique avant même de se réaliser?

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Par ailleurs, les programmeurs qui définissent le comportement des véhicules peuvent être tenus pour responsables des dégâts en cas d’accident. C’est déjà arrivé aux États-Unis, où des ingénieurs ont été poursuivis au même titre que les conducteurs de voitures autonomes impliquées dans des accidents graves.

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