Pour ne pas faire subir plus de retard à ses modèles, Volvo est prêt à livrer ses véhicules avec des fonctionnalités manquantes. Si ce fonctionnement est très commun en Chine, il est moins bien perçu en Europe, notamment pour de la part de marques premium.
Les constructeurs profitent pleinement des possibilités offertes par les mises à jour à distance. C’est une solution idéale pour sortir un nouveau véhicule avec des fonctionnalités manquantes, tout en promettant qu’elles arriveront ultérieurement. Tesla a particulièrement mis sous les projecteurs cette possibilité d’évolution continue des modèles. Cependant, les constructeurs, notamment chinois, tendent à utiliser cette astuce pour sortir toujours plus vite de nouveaux modèles. Si la pratique est apparemment acceptée en Chine, les clients européens sont plus réticents à obtenir une voiture qui n’est pas aboutie.
Les fonctions manquantes du nouveau EX90
Le Volvo EX90 doit être le nouveau vaisseau amiral de la marque, dorénavant sino-suédoise. Le modèle doit remplacer à terme le Volvo XC90 en tant que véhicule haut de gamme de la marque. Il doit intégrer le meilleur des technologies du constructeur. C’est d’ailleurs pour cette raison que le EX90 a presque deux ans de retard sur le calendrier initial. Des problèmes logiciels ont déjà forcé à repousser la sortie effective de ce modèle mis en vente à partir de 89 500 € en France.
L’EX90 de Volvo. // Source : Volvo
- Le fonctionnement de ses capteurs LiDAR pour la conduite autonome,
- Deux programmes d’aides à la conduite (ADAS), pas disponibles pour assurer la sécurité aux intersections,
- Les commandes vocales avec Siri, qui ne seront pas utilisables
- Et la recharge bidirectionnelle V2H ne sera pas prête.
On sait à quel point Volvo communique sur la sécurité et ses aides à la conduite pour obtenir l’objectif de « zéro mort à bord d’une Volvo ». Il est donc surprenant de voir la marque jouer avec sa réputation, misant sur la sécurité, pour quelques mois de retard supplémentaires.
C’est un pari risqué que tente la marque. Si le modèle n’est pas exempt d’autres bugs logiciels, Volvo risque de décevoir d’autant plus les clients qui lui ont fait confiance.
Volvo EX30 et ses bugs
Le Volvo EX30 est le modèle électrique le plus abordable de la gamme. Ses livraisons ont commencé début 2024 et le modèle a remporté un certain succès commercial lors de son lancement. Lui aussi a subi un léger retard par rapport au calendrier prévisionnel, mais ce petit décalage n’a gêné que les clients français qui risquaient de perdre le bonus promis lors de la signature du bon de commande.
Volvo EX30. // Source : Volvo
Après un démarrage en fanfare, les choses semblent se tasser pour le modèle. Deux éléments risquent de commencer à freiner l’ascension de l’EX30 :
- La surtaxe des droits de douane pour les modèles produits en Chine va impacter le prix du modèle. Celui-ci a déjà augmenté de 1 500 € sur l’entrée de gamme, et plus sur les finitions supérieures en France (et partout en Europe).
- Les clients mécontents à cause des bugs du modèle le font savoir.
Au Royaume-Uni, certains clients déçus ont demandé un remboursement à la marque. À cause des bugs à répétition, certains propriétaires ont décidé de rendre à la concession Volvo leur véhicule à peine rodé. Cela ne reste bien sûr qu’une minorité de clients, beaucoup d’autres sont satisfaits de leur choix.
Selon un article du média anglais Autocar du 1er juillet, un porte-parole de la marque s’est confié sur la situation : « Nous reconnaissons que ce n’est pas ce qu’ils attendent de leur voiture Volvo et nous nous efforçons de remédier à ce problème aussi rapidement que possible, avec un minimum de désagréments pour nos clients. »
Certains problèmes sont gênants, d’autres sont très légers, un peu comme ce que nous avons hélas vécu lors de notre essai du Peugeot e-3008. Pour avoir un panel des problèmes rencontrés, l’essai complet de Mac4ever donne un bon aperçu.
La réputation sérieuse de Volvo en prend malgré tout un coup, comme pour tous les constructeurs qui sous-estiment la partie logicielle de leurs nouveautés. C’est hélas ce qui pourrait coûter très cher à la réputation des constructeurs historiques, encore plus qu’aux nouveaux entrants.
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