- Midi : ambiance Formule 1 du côté de la place Vendôme
- Midi : spectacle chez Weinsanto
- 13h30 : chez Maitrepierre: kawaii, maïs transgénique et jeux vidéos
- 14h30 : ex-fan des sixties chez Dior
- 16 heures : chez Germanier, les drag queens dans le monde de Narnia
- 18 heures : Ester Manas is back !
- 20 heures : dans la nuit noire, un Saint Laurent envoûtant
Midi : ambiance Formule 1 du côté de la place Vendôme
Tiens, tiens, la voiture de course s’invite sur la place préférée de la haute joaillerie. S’il n’y a pas de bolides garés face aux façades du XVIIIe siècle, c’est derrière le portes du Ritz et de la boutique Bulgari qu’il faut se rendre. Le joaillier italien a transformé son salon VIP en espace de jeu avec simulateurs de conduite, histoire de tester la première voiture Bulgari proposée sur Gran Turismo, le jeu vidéo de compétition aux millions de fan dans le monde. En vedettes, de nouveaux modèles de la montre Bulgari Aluminium x Gran Turismo en édition limitée, un chrono de compétition ultra léger posé sur un bracelet en caoutchouc. Mais aussi la voiture Bulgari Aluminium Vision GT, imaginée par Fabrizio Buonamassa Stigliani, directeur exécutif de la création de produits chez Bulgari, et le designer automobile Fabio Filippini, qui célèbre sur écran les formes géométriques et les lignes des légendaires voitures italiennes gran turismo des années 1970, dotées de volants sportifs à trois branches et de tableaux de bord en noyer.
Le concept car Bulgari pour Gran Turismo
La montre Bulgari Aluminium x Gran Turismo
Dans un salon du Ritz privatisé par l’agence de presse Dresscode, Pauline Ducruet (fille de, mais décidément pas que) présente le premier drop de la nouvelle collection de sa marque Alter. D’ores et déjà disponible à la vente, celle-ci explore aussi l’univers des bolides, qu’elle connaît bien pour être au premier rang du Grand Prix de Monaco. Au programme de ce « Alter Racing Club », du rouge, des patchs, des tenues sexy mais juste ce qu’il faut, à l’image de ces polos précisément cintrés. Le soir, les coureuses enfilent des tenues du soir pour un drink face à la mer. Robe rouge parcourue d’un zig-zag évoquant un circuit ou sans manche en matière technique, on peut être belle de jour et oiseau de nuit en se changeant… à toute vitesse. (Pierre Groppo)
Une silhouette du « Alter Racing Club »
Pauline Ducruet
Midi : spectacle chez Weinsanto
Le défilé Weinsanto automne-hiver 2024-2025. ETIENNE TORDOIR
Des silhouettes contrastées entre l’oversize et le sexy révélateur, représentées par des looks prêt-à-porter composés de tops drapés et de minijupes, de jeans et de vestes ou de blouses en coton Supima, et d’autre part, les techniques de corseterie qui lui sont chères. Le noir est privilégié, entrecoupé de touches de couleur : vert acide, violet glacé et fuchsia ardent. L’imprimé de la saison est une dentelle Sophie Halette en matière technique, et les collants sont en résille ! Une «Lady» portait une robe «boule» couture en dentelle noire avec des cristaux Swarovski appliqués sur les côtés comme une apparition divine, et une autre prenait des selfies en déambulant sur le podium. Laquelle de ces muses choisirez-vous ? (Laura Mateo)
- L’humeur : soyez vous-même ;
- Le détail : le nouveau sac bustier XXL qui a nécessité plus de 250 heures de travail ;
- Le look phare : le 27, La robe de mariée corsetée confectionnée avec sa collaboratrice habituelle Sarah Miss Boo, sur laquelle le sculpteur Damien Moulierac vient apposer son drapé sculpté en plâtre.
13h30 : chez Maitrepierre: kawaii, maïs transgénique et jeux vidéos
Est-il possible de séparer le virtuel du réel dans un monde plein de paradoxes ? Cette dualité est le thème central de la collection que le designer Alphonse Maitrepierre aborde pour sa collection automne-hiver 2024-2025. À cette occasion, il a invité l’artiste plasticienne new-yorkaise Gracelee Lawrence à réaliser des créations originales en 3D à partir de déchets de maïs transgénique, afin d’explorer les codes des jeux vidéo. La présentation a lieu dans l’espace Commines, situé dans le Marais, un lieu atypique caractérisé par sa lumière diaphane. Le défilé débute avec trois silhouettes de costumes gris aux codes parisiens ludiques d’antan, quand soudain la musique change. Un mannequin en jean apparaît portant sur son dos une sculpture pop colorée, donnant une toute autre approche joviale et insouciante. Puis l’esthétique kawaii envahit le lieu à travers des personnages old fashion geeks démodés et son contraire : robes-chats, casquettes hybrides insérées dans des lavallières, sweatshirts d’ados, manteaux en cachemire et quelques pièces bien connues des archives de la maison, dont le désormais célèbre sac en forme de manette de console.
Le défilé Maitrepierre automne-hiver 2024-2025. Dominique MAITRE
Les robes sont ornées de découpes au laser, créées avec une technique de broderie numérique, rappelant les délicates griffes d’un chat ou une version moderne de l’iconique tissu tweed (Maitrepierre a été consultant pour Chanel). Côté accessoires, il collabore cette saison avec Carel, l’emblématique marque française de chaussures qui a plus de 70 ans d’histoire, pour créer une collection capsule fabriquée à partir de matériaux biosourcés. Alphonse, quoi d’autre ! (LM)
- L’humeur : le chat qui te griffe la jupe ;
- Le détail : la casquette kawaii ;
- Le look phare : le look 26, un manteau noir long en cachemire entourée des créatures inédites, selon Maitrepierre inoffensifs.
14h30 : ex-fan des sixties chez Dior
Dès midi, les Tuileries étaient noires de monde. Le show avant le show. Rien de plus normal chez Dior. À proximité de l’entrée, un carré de fans habillées de turquoise et au bord de l’évanouissement attend la chanteuse – productrice – influenceuse chinoise Liu Yuxin. Autre norme, le défilé a du retard. Nos voisins parient sur le nombre de minutes – 40? 45 ? 1 heure ? – pendant que les fashion editors à l’intérieur du cube Dior immaculé s’affairent à traquer les stars au premier rang (Jisoo, Jennifer Lawrence, Rosalía, Deva Cassel, Laetitia Casta, Kelly Rutherford…) pour nourrir en reels et en posts l’appétit vorace d’Instagram.
Le défilé Dior automne-hiver 2024-2025.
Dans la salle à peine éclairée de lumière or se reflétant sur des bambous dressées, trônent au centre, à la manière d’une exposition, des modèles mi-armures de samouraï mi-robes conçus par l’artiste indienne Shakuntala Kulkarni qui interrogent le corps des femmes et sa relation aux différents espaces. Loin de l’Asie ou de l’Inde, la collection convoque quant à elle Paris et les années 1960, « époque de transition où la mode sortait du cadre de l’atelier pour conquérir le monde ». Et plus précisément 1967, année de naissance de la ligne Miss Dior qui introduit le prêt-à-porter et que Marc Bohan, alors directeur artistique de la maison, confie à son assistant Philippe Guibourgé. Ainsi, des femmes sixties défilent, coiffées de chignons bananes impeccablement laqués. Des logo « Miss Dior » en tag sur des mini jupes ou sur des blousons aviateur en cuir noir, les bottes trompe l’œil à brides comme des babies, beaucoup de carreaux (sur des capes, des ensembles pantalons et tops sans manche) du jean, des robe A-lign, de petites casquettes en feutre évoquent l’inspiratrice de Marc Bohan, Gabriella Crespi, artiste, designer, créatrice, qui symbolise pour Maria Grazia Chiuri cette nouvelle génération de femmes indépendantes. Remarquables, les derniers passages infusent du léopard sur un vestiaire très sage, de longues robes immaculées ou entièrement rebordées de perles cristallines glissent sur le catwalk avec la même volupté que la la bande son où revient en boucle le refrain de Gainsbourg et Brigitte Bardot Je t’aime, moi non plus. (Bénédicte Burguet)
- L’humeur : celle du raffinement des sixties ;
- Le détail : les cols rebrodés, hyper graphiques, qui clignent de l’oeil à Dior époque Marc Bohan ;
- Le look phare : la robe du soir impeccablement rebrodée de perles argentés portée avec de simples sandales noires.
16 heures : chez Germanier, les drag queens dans le monde de Narnia
Toujours moins « petit » Suisse et devenu vrai créateur (repéré, notamment, par le groupe LVMH qui lui a confié le défilé de son récent Life 360 Summit à l’Unesco), Kevin Germanier donne rendez-vous au Théâtre Libre, du côté de Strasbourg Saint-Denis. Sur la scène où se produit en ce moment Amanda Lear, une fanfare d’instruments à vent donne le ton, à coup de trombones, trompettes et tutti quanti. L’humeur entraînante de l’Ancienne Cecilia Orchestra accompagne une collection qui ne manque pas d’air, fidèle au style ultra coloré du créateur helvète obsédé par le recyclage.
Le défilé Germanier automne-hiver 2024-2025.
Le « responsable » peut-il être fun? Mille fois oui, à voir ces tenues entièrement faîtes de perles flashys, ce top bleu bougeant comme une anémone de mer, ou ces bottes qui évoquent les écailles multicolores d’un poisson fantastique. Les mannequins se transforment en créatures de science fiction, à mi chemin entre une folle soirée de red carpet avec coiffes king size sous déluge de flashs, et un film d’animation hautement fantastique dans lequel on aimerait se plonger, et rester un bout de temps. (PG)
- L’humeur : épineuse – c’est le nom de la collection – mais épineuse très charmeuse! ;
- Le détail : les perles recyclées, en all over ou juste par ci par là, la signature de la durabilité de Kevin Germanier. Et les coiffes géantes de cabaret à l’été du metaverse ;
- Le look phare : une immense robe multicolore, évoluant à chaque mouvement du corps, qui semble taillé dans la magie même d’un feu d’artifice.
18 heures : Ester Manas is back !
Fondé en 2019, ce label formé par le joyeux couple de designers Ester Manas et Balthazar Delepierre met le body positive à l’honneur à travers des collections audacieuses et enjouées. Formés à La Cambre, la prestigieuse école d’arts visuels de Bruxelles, où ils se sont rencontrés en 2011, ils ont tous deux remporté plusieurs prix : le prestigieux H&M Design Award, le Festival de Hyères, le LVMH Award et l’ANDAM Award en 2023. Après une pause la saison dernière, ils reviennent sur les podiums avec leur proposition toujours inspirée par l’empowerment féminin, avec des créations durables et responsables. Sur le podium, on a pu admirer Binkina Colette K et Emeline Hoareau, que nous avions récemment vues au défilé haute couture de Maison Margiela, ainsi qu’une sensuelle Marike L et son ventre arrondi de femme enceinte.
Ester Manas – Runway – Fall/Winter 2024-2025 Paris Fashion Week Le défilé Ester Manas automne-hiver 2024-2025. Victor VIRGILE/Getty Images
Les créateurs, connus pour leurs robes ultra sexy en tulle transparent et dentelles à volants, ont présenté cette fois une gamme plus large de pièces, révélant une garde-robe plus riche, composée aussi d’une variété de vêtements dans différents tons de peau et effets texturés, ainsi que des vêtements plus basiques, et même des joggings. Au fond, on se dit que la maison Ester Manas semble de plus en plus solide, comme en témoignent certaines de ses collaborations particulièrement réussies, à l’image de celles avec la marque danoise Ganni ou le partenariat avec AZ Factory. Vivement la suite. (LM)
- L’humeur : sexy raffiné ;
- Le détail : la beauté par la diversité des corps ;
- Le look phare : le passage 30, lunettes de soleil, bombers avec collants et jupe à volants intégrée avec des talons hauts.
20 heures : dans la nuit noire, un Saint Laurent envoûtant
Trois femmes côtes à côtes résument, eu une image, le mystère Saint Laurent : Kate Moss, Charlotte Rampling et Rosé des Blackpink. Trois générations, trois univers pour une même icône, célébrée à nouveau par Anthony Vaccarello dans un show aussi sophistiqué que hautement érogène. Sous d’immenses dômes lumineux, la longiligne femme Saint Laurent n’a rien perdu de son mystère et de son aura sulfureuse. Tous les codes sont là : les transparences, vedettes de la collection, les lavallières, les vestes d’inspiration masculine, les manteaux de fourrure jetés sur le bras (des sacs géants?), la nonchalance étudiée au millimètre après, tout comme les détails lingerie. La bande son, symphonique, rajoute à l’ambiance de cette arène mode hautement spectaculaire.
Saint Laurent : Runway – Paris Fashion Week – Womenswear Fall/Winter 2024-2025 Le défilé Saint Laurent automne-hiver 2024-2025. Marc Piasecki/WireImage/Getty Images
Côté couleurs, les beige à la limite de l’or, les ocre, les variations de bruns pâle ou plus rouille, les mastics et les noirs ajoutent leur touche cinéphilique à succession de silhouette impressionnant la rétine. Les mousselines, légères comme de la fumée, sont les vedettes de ce conte mode pour adultes, où planent aussi bien les mystères de l’iconographie d’un Helmut Newton que les saveurs d’un (très bon) verre de vin rouge évoqué par les silhouettes pourpres et carmin. De Catherine Deneuve à Zoe Kravitz en passant par Carla Bruni, le public, très international, ne manque pas d’applaudir cette mythologie contemporaine qui fait pulser la légende de Paris. (PG)
- Le mood : érogène, indépendant, hautement Saint Laurent ;
- Le détail : les ceintures fines à boucle métallique soulignant la taille ;
- Le look phare : cette silhouette rouge toute en transparence, comme un splash de couleur traité sur le mode du sfumato.
Fashion Week de Paris, jour 1.
