Alors que le marché européen devrait peiner à retrouver ses niveaux d’antan, les constructeurs n’ont pas pour autant adopté un discours alarmiste. Ils ont des raisons de se réjouir.
Plutôt bizarrement, rares sont les constructeurs à s’inquiéter publiquement de cette baisse de commandes. Tout juste si nous entendons ça et là des “- 20 à 30 %” de pages remplies dans les carnets des concessionnaires. Mais pas de signal d’alarme généralisé. Mieux : les marges de la plupart des constructeurs ont augmenté, et surtout, un nouveau marché s’offre à eux dans les prochaines années. Le marché de la “data”, qui pourrait atteindre 250 milliards de dollars en 2030 au niveau mondial.
Vendre des services, des options
Nos confrères d’Auto-infos ont repéré une étude du réputé cabine KPMG sur le potentiel du marché des métadonnées dans l’automobile. Quelques chiffres sont particulièrement intéressants :
- Un véhicule connecté génère en moyenne un volume de données de 25 giga-octets (Go) par heure d’usage, soit plus de deux mois de navigation sur le web
- Le parc mondial de véhicules connectés est en croissance de +25% par an depuis 2018.
- Les clients français font partie des plus importants consommateurs de services connectés en Europe avec un parc de véhicules connectés estimé à 10,7 millions de véhicules en 2021
Cela vous donne déjà une idée du potentiel pour les constructeurs. Et aussi, pourquoi ne sont-ils finalement pas si inquiets que cela par la baisse des ventes de voitures qui a longtemps représenté le très gros de leur activité, avant que le VO et l’après-vente ne prennent de l’ampleur… puis les données.
Les constructeurs verrouillent
Fournisseurs de pièces, services de secours, concessionnaires, régulateurs ou encore acteurs de la Tech sont donc les cibles du partage des données… si les constructeurs lâchaient du lest. Pour l’heure, ils sont les maîtres de ces milliards d’octets qui transitent par les voitures qu’ils mettent sur la route. Un monopole qui oblige les acteurs tiers à se tourner vers d’autres solutions d’accès : OBD, smartphone ou plateforme spécifique. Mais le risque est le verrouillage des données par les constructeurs, qui ont bien trop d’argent à gagner avec ce marché : “si la situation continue d’évoluer dans ce sens, les fournisseurs de services en aval de la chaîne de valeur automobile (concessions, fournisseurs de services d’après-vente, de services de mobilité ou de services financiers, etc.) pourraient se voir progressivement privés d’une grande partie de la relation client, autrement dit « uberisés »”. On comprend mieux pourquoi la baisse des ventes n’inquiète pas les grands groupes.