L’auteur et journaliste Simon Reynolds l’avait prédit : les années 2000 verraient l’avènement d’une vague de nostalgie sans précédent, et ce, notamment dans la culture. En témoigne le retour constant des tendances musicales au bout d’une vingtaine, voire d’une dizaine d’années. Alors que l’année dernière, le y2k s’affichait partout, à commencer par la mode, les nouveautés musicales étaient marquées par une volonté de revenir aux sonorités R’n’B et eurodance du début des années 2000. Le cinéma n’est pas en reste. Alors que 2023 était marqué par le succès phénoménal de Barbie et Oppenheimer, deux productions originales, 2024 bascule de nouveau dans le règne des suites de sagas cultes, de Gladiator 2 à Beetlejuice 2, en passant par Dune 2.
Surfant sur cette vague de nostalgie qui s’est installée de manière pérenne dans la pop culture, une nouvelle série de films sur les Beatles vient d’être annoncée, avec le réalisateur Sam Mendes aux commandes. Le Britannique est surtout célèbre pour avoir réalisé deux des films James Bond avec Daniel Craig dans le rôle-titre : Spectre et Skyfall. Le voir récupérer la réalisation des biopics consacrés à chacun des membres des Beatles n’a rien de surprenant. Le drame historique est un genre dans lequel le cinéaste a commencé à faire sa place, de 1917 en 2019 au moins inspiré Empire of Light en 2022, avec Olivia Colman dans le rôle-titre. Alors que les films sur le plus célèbre groupe britannique viennent tout juste d’être annoncés, Vogue fait le point sur les informations à retenir.
The Beatles © Mark and Colleen Hayward/Getty Images
Les Beatles : un parcours fulgurant qui a toujours attiré le monde du cinéma
L’histoire des Beatles est culte, tant elle est célèbre, et peut être racontée de mille façons différentes. On peut par exemple commencer, classiquement, par les débuts du groupe originaire de Liverpool, à l’aube des années 1960, dont le succès est d’abord porté par des fans majoritairement féminines. En effet, pour la première fois dans l’histoire de la musique, des artistes de musique génèrent la folie, à laquelle on donne bien vite un nom : la Beatlemania.
Depuis la rencontre entre John Lennon et Paul McCartney en 1957, la musique a radicalement changé, en partie grâce à eux. On leur doit après tout, l’invention de la musique pop telle qu’on la connaît aujourd’hui. Pourtant, la durée de vie du groupe est éphémère. Après diverses tensions, que l’on attribue souvent à la présence de Yoko Ono, la compagne de John Lennon, aux enregistrements des Beatles, la séparation prend effet en 1970. En dix ans, John Lennon a le temps de sortir plusieurs albums en solo malgré un retrait relatif de la scène musicale et médiatique pour se consacrer à sa vie de famille. disparaître à l’aube des années 80.
Le petit comme le grand écran se sont très tôt intéressés aux Beatles. En 1964, le groupe tourne dans son premier film, A Hard Day’s Night, qui le présente de manière fictive, au cœur de la Beatlemania. Un an plus tard, Help ! met en scène les quatre membres en plein enregistrement, tandis que Ringo Starr devient la victime d’une secte sinistre et de scientifiques fous. Les deux œuvres ont été réalisées par le cinéaste américain Richard Lester. En 1967 suit le Magical Mystery Tour, un téléfilm dont la sortie correspond à celle de l’album Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band., puis le film d’animation Yellow Submarine (1968). Le dernier grand film des Beatles est Let It Be, documentaire consacré aux répétitions ainsi qu’à l’enregistrement de l’album éponyme. Et vous pouvez encore ajouter à cette liste les films visant à promouvoir leurs singles, bien avant l’essor de la chaîne MTV dans les années 1980. Ces dernières années, c’est par le documentaire que le public a pu redécouvrir l’histoire du groupe britannique, à commencer par The Beatles : Eight Days a Week – The Touring Years réalisé par Ron Howard en 2016 et The Beatles : Get Back, une mini-série documentaire consacrée à la confection de l’album Let It Be.
Paul McCartney et John Lennon Paul McCartney / National Portrait Gallery London
Qu’attendre des quatre films de Sam Mendes ?
Ce sont les sociétés de production Sony Pictures Entertainment et Neal Street Productions qui sont derrière ces quatre films, un pour chaque membre du groupe. La seconde, Neal Street Productions, a été fondée par le cinéaste Sam Mendes, qui est à l’initiative du projet, et récupère de fait la réalisation de ses quatre opus. Il fait ainsi le pari de raconter des histoires qui se croisent, avec un point de vue différent pour chacun des quatre films. L’histoire des Beatles donc, respectivement racontée par John Lennon, Paul McCartney, George Harrison et Ringo Starr. Au média américain Deadline, le réalisateur a déclaré : “Nous sommes allés à Los Angeles juste avant Noël pour présenter le projet, et on peut dire que nous avons été accueillis avec un enthousiasme unanime. La raison pour laquelle Sony s’est démarqué des offres concurrentes est due à la passion de Tom [Rothman] et Elizabeth [Gabler] [les présidents de Sony Pictures Entertainment, ndlr] pour notre idée, ainsi qu’à leur engagement à propulser ces films dans les salles de cinéma d’une manière innovante et excitante”. Pippa Harris, collaboratrice de Sam Mendes au sein de la société Neal Street Productions, a quant à elle affirmé, toujours au média Deadline : “Ce projet est né d’une idée que Sam a eue il y a plus d’un an. Le fait que Paul McCartney, Ringo Starr, Sean Lennon et Olivia Harrison aient réagi avec autant de chaleur et d’enthousiasme dès qu’il leur en a parlé témoigne de son génie créatif et de son pouvoir de persuasion”.
Le projet est sans précédent. En effet, il s’agit de la première fois que la société Apple Corps Ltd (fondée par les Beatles), Paul McCartney, Ringo Starr et les familles de John Lennon et George Harrison accordent les droits sur l’histoire et la musique du groupe pour un film de fiction. À ce titre, Ringo Starr s’est fendu d’un post enthousiaste sur X (anciennement Twitter) : “Vous avez entendu la nouvelle ? Oh mec. Nous soutenons tous le projet des films de Sam Mendes. Et oui ! Paix et amour”. Pippa Harris confie à Deadline : “Ce qui est vraiment excitant, c’est que Sam [Mendes] a la liberté de plonger dans la vie de chacun des Beatles, sans que rien ne soit interdit et sans que le groupe ne veuille qu’il raconte une version ‘autorisée’ particulière de leur ascension vers le succès”. Comprendre donc, que le cinéaste semble avoir carte blanche pour porter ce projet dantesque sur grand écran.
The Beatles © David Redfern
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