Première queen asiatique de Drag Race France, Kitty Space est la troisième éliminée de la compétition. Pour ELLE.fr, elle se confie sur son adoption, l’acceptation de sa féminité et ses débuts dans le drag.
Drag Race France : Kitty Space, une queen asiatique au programme pour la première fois.
Cet article évoque l’épisode 2 de « Drag Race France » saison 2. Ne poursuivez pas la lecture si vous ne l’avez pas encore vu.
ELLE. Comment as-tu commencé le drag ?
Kitty Space. J’ai commencé le drag à Halloween, où je me déguisais souvent en Lady Gaga. Petit à petit, mes amis m’ont conseillé d’aller plus loin. À l’époque, je connaissais seulement le drag de la Pride. En me renseignant sur le métier, je me suis rendu compte que cela englobait toutes mes passions : la mode, le théâtre, le spectacle, le maquillage… J’y ai pris goût ! Je faisais ça après le travail ou le week-end, et petit à petit, je me suis dit : « pourquoi ne pas en faire un métier ? » Disons que le drag à mis en lumière tout ce que j’aimais et tout ce que je voulais faire dans la vie.
ELLE. Que signifie ton nom de scène ?
Kitty Space. Mes amis m’appellent toujours « mon chat », « mon chaton », alors j’ai choisi Kitty pour leur rendre hommage et représenter mon côté plus mignon et sensible. « Space » représente mon côté loufoque et extravagant.
Kitty Space. Je ne peux pas toutes les nommer, mais je dirais les drag queens asiatiques de RuPaul’s Drag Race, comme Plastique Tiara, ou Jujubee. Mais aussi des drag queens anglaises, Lady Gaga, évidemment, pour son côté show girl, et Cruella d’enfer pour le côté dark et mode.
ELLE. Dans l’épisode 3 de DRF, tu parles de ton rapport à la féminité…
Kitty Space. Longtemps, je me suis posé des questions sur mon identité et mon genre. Quand j’étais petit, et même au lycée, je me sentais plus femme, c’est ce que je ressentais au plus profond de moi. Je suis même allée chez un psychologue car je ne me sentais pas à l’aise avec mon corps d’homme. J’avais l’impression d’être une femme enfermée dans un corps masculin. Avec l’âge, j’ai mis ça de côté. C’est en découvrant le drag et en rencontrant des personnes trans que je me suis dit que toute la féminité que j’avais en moi était plutôt une extension de moi-même. Paradoxalement, le drag m’a aidé à accepter ce corps. Si je n’étais pas devenue drag, j’aurais sûrement fait une transition. Disons que j’ai trouvé un équilibre avec Kitty.
ELLE. Comment tes proches ont-ils réagi quand tu leur as dit que tu étais une drag queen ?
ELLE. Peux-tu nous parler de ton enfance et de ton adoption ?
Kitty Space. Je ne sais pas grand-chose de mon adoption si ce n’est que j’ai été adoptée au Vietnam à 15 mois. Mes parents ne m’ont jamais rien caché et j’ai toujours su d’où je venais. J’ai pu en souffrir à l’école car les enfants ne comprennent pas forcément. On me disait : « tes parents sont blancs et toi tu as les yeux bridés, c’est bizarre », « Ta mère a trompé ton père ? », « Pourquoi tu n’es pas pareil ? ». Je leur expliquais simplement que mes parents avaient fait le travail de la cigogne, qu’ils étaient venus me chercher au Vietnam pour me ramener en France. C’est comme ça que mes parents me l’ont expliqué.
ELLE. Retournes-tu souvent au Vietnam ? Est-ce que le drag est accepté là-bas ?
Kitty Space. Je n’y suis allée que deux fois mais j’aimerais beaucoup y retourner pour un voyage humanitaire. À l’époque je ne connaissais pas encore très bien l’univers drag donc je ne me suis pas rendu compte de la représentation des drag queens là-bas. Je sais qu’il y a une scène drag maintenant mais je ne la connais pas très bien.
ELLE. En France, vois-tu une différence de traitement entre une queen d’origine occidentale et une queen d’origine asiatique ?
Kitty Space. Je ne parlerais pas de différence de traitement mais je remarque que les drag queens blanches ou européennes sont beaucoup plus bookées que les queens racisées. C’est un constat. Cette diversité, il faut la montrer !
ELLE. Qu’est-ce que ça représente d’être la première queen asiatique de Drag Race France ?
Kitty Space. C’est une fierté. Je suis très fière d’avoir montré et incarné cette diversité. Mais c’est aussi une pression car j’ai toute la communauté asiatique derrière moi et je n’ai pas envie de les décevoir.