Actualité

Actualité à la Une

Monde

REPORTAGE. "À un moment, on a roulé sur une mine" : à la frontière russo-ukrainienne, des réfugiés se confient au dernier poste-frontière encore ouvert

Depuis le début de la guerre en Ukraine, les civils sont nombreux à fuir les zones occupées. Une fois passé le poste frontière, ils sont conduits dans un centre d’hébergement.

Une portière qui claque, et c’est le son de la liberté pour ces passagers d’un minibus. En Ukraine, dans la région de Soumy, il existe encore un poste-frontière ouvert entre la Russie et l’Ukraine, alors que Moscou a lancé son offensive il y a presque deux ans. Il y a peu de passages, mais c’est par ici que peuvent sortir les Ukrainiens qui quittent les territoires occupés, et ainsi rejoindre l’Ukraine souveraine.

Humanitaires français tués en Ukraine : l’ambassadeur de Russie en France convoqué au ministère des Affaires étrangèreshttps://www.francetvinfo.fr/monde/europe/manifestations-en-ukraine/humanitaires-francais-tues-en-ukraine-l-ambassadeur-de-russie-en-france-convoque-au-ministere-francais-des-affaires-etrangeres_6346273.html

Après un éprouvant périple pour quitter les zones occupées, comme la ville de Krynky, en face de Kherson, sur l’autre rive du fleuve, les dix occupants de ce minibus viennent de passer le poste frontière russe, puis de marcher deux kilomètres sur une route enneigée, et, enfin, atteignent l’Ukraine. Valentina a 75 ans, un seul sac et le deuil de son mari à porter, mort il y a trois semaines dans un bombardement : “Je suis partie il y a cinq jours. J’ai fait ce trajet en voiture avec d’autres personnes. À un moment, on a roulé sur une mine. Il y avait aussi des gens, un groupe de six personnes, qui sont partis il y a une semaine. Ils ont marché et avaient posé les bagages sur des vélos.”

“Ceux qui se confient nous parlent de leur douleur”

Les identités de chacune des personnes qui traversent ce poste-frontière sont vérifiées par les services de renseignement, lors d’une procédure qui peut durer des heures. Ils sont ensuite conduits dans un centre d’hébergement. Oksanna et sa fille de 12 ans, Sofia, viennent de la ville occupée d’Enerhodar. À l’école, il n’y avait plus que deux enfants ukrainiens dans sa classe. Les autres sont partis et des enfants russes sont arrivés. Oksanna ne peut plus supporter cette vie : “Tout a complètement changé. Avant, c’était une ville festive et lumineuse. Maintenant, c’est un trou perdu. C’est triste, terne, gris…”

“Avant, tu sortais dans la rue, il y avait des enfants qui jouaient, les gens se baladaient, les visages étaient souriants. Maintenant, tu sors vers 17h, tu ne vois que des militaires. Il n’y a pas de joie.”

Oksanna

à franceinfo

Iulia, la psychologue de crise, passe dans les chambres se présenter, écouter. “Ceux qui se confient, nous parlent de leur douleur. Ils ont besoin de faire sortir ça vite. Ensuite c’est fini, ils se taisent, précise-t-elle. Mais il y a ceux qui ne s’arrêtent pas de parler. On a vu un homme qui était intarissable, il nous a dit que cela fait un an et demi qu’il n’avait parlé à personne !”

Près de 20 000 personnes sont passées par ce centre depuis un an. Les nouveaux résidents ukrainiens y passent une nuit. Ils prennent, le lendemain à l’aube, un train pour rejoindre Kiev.

TOP STORIES

Top List in the World