Depuis le début de la guerre en Ukraine, les civils sont nombreux à fuir les zones occupées. Une fois passé le poste frontière, ils sont conduits dans un centre d’hébergement.
Une portière qui claque, et c’est le son de la liberté pour ces passagers d’un minibus. En Ukraine, dans la région de Soumy, il existe encore un poste-frontière ouvert entre la Russie et l’Ukraine, alors que Moscou a lancé son offensive il y a presque deux ans. Il y a peu de passages, mais c’est par ici que peuvent sortir les Ukrainiens qui quittent les territoires occupés, et ainsi rejoindre l’Ukraine souveraine.
Après un éprouvant périple pour quitter les zones occupées, comme la ville de Krynky, en face de Kherson, sur l’autre rive du fleuve, les dix occupants de ce minibus viennent de passer le poste frontière russe, puis de marcher deux kilomètres sur une route enneigée, et, enfin, atteignent l’Ukraine. Valentina a 75 ans, un seul sac et le deuil de son mari à porter, mort il y a trois semaines dans un bombardement : “Je suis partie il y a cinq jours. J’ai fait ce trajet en voiture avec d’autres personnes. À un moment, on a roulé sur une mine. Il y avait aussi des gens, un groupe de six personnes, qui sont partis il y a une semaine. Ils ont marché et avaient posé les bagages sur des vélos.”
“Ceux qui se confient nous parlent de leur douleur”
“Avant, tu sortais dans la rue, il y avait des enfants qui jouaient, les gens se baladaient, les visages étaient souriants. Maintenant, tu sors vers 17h, tu ne vois que des militaires. Il n’y a pas de joie.”
Oksanna
à franceinfo
Iulia, la psychologue de crise, passe dans les chambres se présenter, écouter. “Ceux qui se confient, nous parlent de leur douleur. Ils ont besoin de faire sortir ça vite. Ensuite c’est fini, ils se taisent, précise-t-elle. Mais il y a ceux qui ne s’arrêtent pas de parler. On a vu un homme qui était intarissable, il nous a dit que cela fait un an et demi qu’il n’avait parlé à personne !”
Près de 20 000 personnes sont passées par ce centre depuis un an. Les nouveaux résidents ukrainiens y passent une nuit. Ils prennent, le lendemain à l’aube, un train pour rejoindre Kiev.