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Russie : l’opposant Oleg Orlov refuse de témoigner lors de son procès qu’il considère «injuste»

russie : l’opposant oleg orlov refuse de témoigner lors de son procès qu’il considère «injuste»

Oleg Orlov, militant des droits de l’homme de 70 ans et coprésident du groupe Memorial, lauréat du prix Nobel, accusé de « discréditer » l’armée russe, comparaît devant le tribunal de Moscou le 16 février 2024.

C’est un jour sombre pour la liberté en Russie. Le nouveau procès visant le dissident Oleg Orlov, figure de la défense des droits humains dans le pays, s’est ouvert ce vendredi 16 février à Moscou. Après une courte audience, le juge a finalement ajourné le procès, et fixé deux nouvelles audiences, les 21 et 26 février. Infatigable défenseur des droits de l’homme, Oleg Orlov ressort aujourd’hui libre mais loin d’être tiré d’affaire, alors que le service pénitentiaire fédéral de Russie vient d’annoncer la mort de l’opposant Alexeï Navalny.

Cofondateur et figure historique de l’ONG russe Memorial – colauréate du prix Nobel de la Paix 2022 et dissoute par la justice russe –, Oleg Orlov encourt jusqu’à cinq ans de prison pour ses dénonciations répétées de l’offensive militaire en Ukraine, déclenchée il y a bientôt deux ans. En octobre, il avait été jugé coupable de «discrédit des forces armées russes», et condamné en première instance à une amende de 150 000 roubles (environ 1 400 euros). Mais le parquet avait finalement changé d’avis et fait appel, déplorant une sanction «excessivement légère». A l’issue d’une seconde audience en décembre, le tribunal municipal de Moscou avait décidé de reporter le procès du militant.

«Je ne reconnais pas ma culpabilité. Je ne comprends pas comment une personne peut être persécutée pour avoir exprimé une opinion», a réitéré ce vendredi Oleg Orlov, qui a refusé de témoigner dans un procès qu’il estime «injuste». Aujourd’hui âgé de 70 ans, l’opposant fait, pour quelques jours encore au moins, figure d’exception en Russie, en étant à la fois libre et ouvertement critique du régime. Refusant de quitter son pays, Oleg Orlov a expliqué son choix par sa volonté de «continuer le combat», alors que la plupart des détracteurs de Vladimir Poutine ont été incarcérés ou poussés à l’exil ces dernières années, sur fond d’accélération de la répression.

Ce vendredi, c’est avec effroi que la communauté internationale a appris la mort d’Alexeï Navalny, mort dans une colonie pénitentiaire reculée de l’Arctique à l’âge de 47 ans. Condamné pour «extrémisme», le célèbre opposant purgeait une peine de prison de 19 ans dans des conditions extrêmement difficiles. Si pour l’heure, les circonstances exactes de sa mort ne sont pas connues, Oleg Orlov a dénoncé «un crime du régime» de Poutine.

«Je ne m’attends à rien de bon»

Peu avant l’ouverture de son procès ce vendredi, Oleg Orlov avait confié qu’il ne s’attendait «à rien de bon». Car s’il avait écopé d’une amende en première instance, il redoutait cette fois un verdict de culpabilité et une peine de prison ferme, quelques semaines avant la présidentielle russe de mi-mars. Devant le tribunal, une quarantaine de personnes avaient fait le déplacement malgré le froid, pour apporter leur soutien au dissident pendant ce procès, présenté comme le dernier exemple en date de la répression qui s’abat contre les critiques du Kremlin.

Devenu au fil des années un pilier de l’ONG Memorial et une des figures de l’opposition en Russie, Oleg Orlov avait publié une tribune sur le blog de Mediapart en novembre 2022. Intitulée «Ils voulaient le fascisme, ils l’ont eu», il y a accusait les troupes russes du «meurtre de masse» de civils ukrainiens, et fustigeait la «victoire» en Russie des «forces les plus sombres». Critique du régime depuis les années 70, Oleg Orlov a toujours refusé de se taire. Ce vendredi, lunettes rectangulaires sur le nez, l’opposant l’a assuré : malgré la répression, il reste «dans un esprit combatif».

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