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Aux États-Unis, la menace d’une grève massive inquiète le secteur automobile

aux états-unis, la menace d’une grève massive inquiète le secteur automobile

Milton Wong, le chef ingénieur de Ford, présente le nouvel modèle de voiture Ford F-150 au salon automobile à Détroit, le 12 septembre 2023.

Les dernières heures de négociations pour éviter une grève dans la construction automobile aux États-Unis sont entamées. Le principal syndicat et les « Big Three », les trois géants américains du secteur, ont jusqu’à ce soir pour trouver un terrain d’entente et éviter des conséquences économiques importantes.

Elle semble inévitable et pourrait faire trembler le secteur automobile. Depuis plusieurs mois, le syndicat United Auto Workers (UAW) ferraille avec Ford, General Motors et Stellantis, les « Big Three », pour établir de nouvelles conventions collectives. Celle actuellement en place, qui date de la crise de 2008, arrive à expiration ce jeudi 14 septembre au soir.

En 2008, le syndicat des travailleurs de l’automobile avait fait de grosses concessions pour sauvegarder des constructeurs alors étranglés financièrement. Cependant, pour l’UAW, qui représente 150 000 employés, ce n’est aujourd’hui plus le cas. Il souhaite donc une remise à niveau, alors que les bénéfices engendrés par les trois mastodontes sont désormais colossaux, rapporte notre correspondant à Washington, Guillaume Naudin.

Des hausses de salaires et des semaines allégées

Concrètement, le syndicat réclame des augmentations de salaires massives, plus de 40% sur quatre ans, de la même ampleur que celle octroyées aux dirigeants ces dernières années. En plus, l’UAW exige la semaine de 32 heures payée 40, des plans de retraite et une représentation dans une dizaine d’usines qui fabriquent des batteries électriques. Il plaide aussi pour la sécurité des emplois pendant la transition vers les véhicules électriques, voulue par le président américain Joe Biden.

En réponse, Ford, General Motors et Stellantis ont fait des contre-propositions moins élevées mais qui sont les « plus généreuses en 80 ans », d’après Jim Farley, le patron de Ford. Il a cependant souligné qu’il y avait des limites à ce que le constructeur peut accepter, citant la semaine de 32 heures ou de quatre jours. De son côté, Stellantis a fait savoir ce mercredi qu’elle s’attachait « à négocier de bonne foi pour parvenir à un accord avant l’expiration des conventions collectives ».

Des négociations qui achoppent

Alors que s’est ouvert le salon automobile de Détroit mercredi, les négociations semblent au point mort. Pour cause, les propositions faites par les constructeurs sont loin d’être satisfaisantes pour UAW. « Nous nous préparons à faire grève dans ces entreprises d’une manière jamais vue auparavant », a donc prévenu mercredi Shawn Fain, le président de l’UAW, citant des positions entre syndicat et les directions « très éloignées ».

Selon lui, l’arrêt de travail pourrait commencer dès vendredi matin dans un nombre limité d’usines pour pouvoir tenir longtemps avec sa caisse de grève de plus de 800 millions de dollars, avant de s’étendre progressivement. Le syndicat a également annoncé l’organisation vendredi d’un rassemblement dans le centre de Detroit avec le sénateur Bernie Sanders, proche de la gauche radicale et fervent défenseur des syndicats.

Une grève à 5 milliards de dollars

L’affaire effraie les directions, et inquiète la Maison Blanche. Une potentielle grève pourrait coûter aux constructeurs américains jusqu’à 5 milliards de dollars, selon les experts. Malgré tout, les conséquences économiques d’une grève dépendront de son ampleur et de sa durée.

Dans le pire des scénarios, à savoir les trois groupes touchés sur une longue durée, la consommation des ménages en pâtirait et des licenciements chez les fournisseurs des constructeurs pourraient s’ensuivre, soulignent des analystes du secteur. Ainsi, Joe Biden encourage lui aussi l’UAW et les « Big Three » a trouvé un terrain d’entente, à l’horizon de la présidentielle américaine de 2024.

Toutefois, des directives sur les piquets de grève enjoignent déjà les employés à patrouiller « pacifiquement » hors de l’enceinte des usines, à ne pas y laisser de détritus et à ne pas apporter d’alcool.

(Et avec AFP)

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