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ESSAI. Subaru Solterra, ce SUV électrique clone d'un autre modèle japonais

essai. subaru solterra, ce suv électrique clone d'un autre modèle japonais

Cette semaine, à l'essai, le Subaru Solterra. – Antpine Larigaudrie

Subaru vient de sortir son tout premier véhicule électrique, et coïncidence… Il s’agit d’un clone du premier modèle tout électrique de Toyota. Si le clonage de modèles est un phénomène croissant dans le monde automobile actuel, le Solterra apporte-t-il pour autant un plus?

L’industrie automobile n’arrête pas de cloner en ce moment, et sans doute à un niveau jamais vu depuis les années 80. Si les années 2000 ont vu l’explosion de l’échange de plates-formes entre constructeurs et grandes alliances automobiles, 20 ans après, on revient totalement sur une stratégie de fabrication en commun de modèles 100% ou 90% semblables, et ce phénomène touche particulièrement les constructeurs japonais.

La raison? Encore une fois les économies de coût, très substantielles. Rien de plus économique que de produire en commun des véhicules quasiment similaires à quelques détails près, sur les mêmes chaînes de montage, carrosserie comprise. Le reste ne sera qu’une question de personnalisation et se jouera à quelques détails, et cette stratégie a déjà été à l’origine de grands succès automobiles, comme la Smart devenue Smart/Twingo, l’alliance Toyota-Peugeot-Citroën autour des citadines 107/C1/Aygo, et celle formée par Peugeot, Citroën et Mitsubishi pour produire leur premier vrai modèle électrique, la C-Zéro – Ion -IMiev.

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Ce SUV de la marque Subaru est un modèle 100% électrique. © Antoine Larigaudrie

Les normes environnementales en filigrane

L’autre principale raison de ce mouvement est aussi et encore une fois la nécessité d’avancer sur les technologies électriques et basses émissions. Certains constructeurs ont un besoin très urgent de faire baisser les émissions CO2 de leurs gammes, et n’ont pas vraiment le temps ni les moyens de développer des engins nouveaux, même à partir de châssis et de technologies communes. Il leur faut avancer mieux et plus vite, face à des normes qui n’en finissent pas de se durcir, et le clonage est la solution la plus pratique et la plus rapide à ce niveau.

De fait, on observe ces dernières années une véritable explosion: grâce à l’alliance avec Renault, Mitsubishi a renouvelé ses modèles Colt et ASX en “rebadgeant” des Clio et des Captur produits dans les usines du constructeur français. La nouvelle Mazda 2 est une Toyota Yaris à blason Mazda. Suzuki a également eu recours aux services de Toyota en lançant le Swace (issu de la Corolla break) et l’Across (clone du Rav4, SUV le plus vendu au monde). Une logique d’enrichissement de gamme à faible coût, et spécifiquement sur des modèles à basses émissions.

La nécessité d’évolution rapide de Subaru

Le Subaru Solterra est lui aussi un clone, celui du premier véhicule particulier Toyota 100% électrique, le BZ4X. Et de fait, il devient même un véritable enjeu pour Subaru, partenaire naturel et historique de Toyota, spécialisé dans les SUV et Crossovers 4×4, réputés plutôt gourmands en carburant et très émetteurs de CO2. En un modèle cloné, qui plus est entièrement électrique, Subaru se garantit une baisse très marquée de la moyenne d’émission de sa gamme. Reste à convaincre le client final d’acheter le clone plutôt que l’original.

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Le Subaru Solterra est lui aussi un clone, celui du premier véhicule particulier Toyota 100% électrique, le BZ4X. © Antoine Larigaudrie

Pour le coup Subaru n’a pas choisi la solution la plus facile dans le sens où le Toyota BZ4X n’est pas à proprement parler une grande réussite commerciale. Après son lancement en 2022, les ventes 2023 ne se sont élevées qu’à un peu moins de 30.000 exemplaires sur les marchés européen et américain cumulés. Un échec clair pour le moment, alors que Toyota l’affirme: le BZ4X représente le meilleur rapport prix/autonomie du marché électrique. La faute sans doute à une allure un peu inhabituelle, et à une clientèle encore très versatile qui préfère faire des bonnes affaires chez Tesla et les constructeurs chinois ou coréens, en pleine guerre des prix.

Le point fort: un clone plus réussi que l’original

Pour autant, extérieurement, cette Solterra donne une impression de qualité sans doute supérieure à celle de son clone de base. Avec une couleur gris-bleu Harbour Mist Grey très “Subaru”, une calandre au dessin spécifique, et quelques détails esthétiques plutôt de bon goût ainsi que des jantes bicolores à 5 branches de 18 pouces, qui arrivent à enjoliver un design de base pas forcément très évident du côté du BZ4X de Toyota. Entre SUV coupé, crossover, berline compacte sur grandes roues… On hésite un peu, comme sur le best-seller CH-R, mais le résultat fini chez Subaru donne une impression de qualité qui évoque le Mustang Mach-E de chez Ford ou le Jaguar I-Pace, en un peu plus petit (4,69m x 1,86m).

L’intérieur en revanche diffère peu de celui de son quasi-frère jumeau, très sobre, habillé de plastiques sombres mais de qualité, accent mis sur les aspects pratiques, instrumentation digitale et grande tablette centrale… Ainsi qu’un volant griffé spécifiquement qui, faut d’être différent de celui du BZ4X, est à la fois petit et bien maniable, s’intégrant parfaitement à l’univers et l’image Subaru, plus sportifs. Quant aux sièges avant et arrière, en tissus, ils sont confortables mais sans plus, avec une assise légèrement dure. A noter un bel espace aux jambes à l’arrière, qui en font un véhicule familial franchement agréable et spacieux. Une bonne surprise.

Le dynamisme d’un vrai 4×4

Et l’expérience au volant réserve aussi son lot de bonnes surprises. Il était entendu dès le départ avec Subaru que son Solterra serait un clone de la version la plus évoluée du BZ4X, celle dotée de 2 moteurs électriques de 160kW (218 chevaux) de puissance cumulée. Pourquoi? Tout simplement parce que la marque veut rester fidèle à son credo, la transmission intégrale! Et l’agrément de conduite s’en ressent. Avec des accélérations franches (0 à 100km/h en 6,5 secondes) et un couple de 336Nm, on en vient à oublier une masse qui atteint les 2 tonnes.

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Les temps de recharge de 20 à 80% sont plutôt bons également, avec 6h30 à 7 kW en courant alternatif, sur ce Subaru Solterra. © Antoine Larigaudrie

Et la “Subarisation” de l’engin ne s’arrête pas là, vu qu’il a bénéficié de réglages de suspension et de direction spécifiques, le rendant franchement plus dynamique et agréable que le Toyota BZ4X. On n’ira pas le tester sur une spéciale de rallye, mais l’ADN Subaru relève sensiblement la saveur de ce Solterra. De plus sa puissance totale de 218 chevaux est confortable, mais aussi maîtrisée, ne donnant pas l’impression d’un engin inutilement surmotorisé, contrairement à certains concurrents à deux moteurs. Un bon équilibre.

Du point de vue des performances électriques, Subaru revendique une autonomie de 465 kilomètres en normes WLTP, qui sera plus proche des 400 en conditions réelles ou même un peu moins avec les moyennes constatées pendant l’essai. Ce qui fait du Solterra un engin plutôt sobre, avec 20kWh aux 100 kilomètres en usage urbain sur la position de conduite Eco. Les temps de recharge de 20 à 80% sont plutôt bons également, avec 6h30 à 7 kW en courant alternatif, et un excellent 51 minutes sur courant continu avec une puissance maximum de 50 kW.

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Subaru revendique une autonomie de 465 kilomètres en normes WLTP sur le Solterra, qui sera plus proche des 400 en conditions réelles © Antoine Larigaudrie

Le point noir: quelques détails et un prix élevé

Un bilan donc plutôt positif, malgré quelques défauts, notamment des matériaux intérieurs vraiment pas extraordinaires, une qualité du système audio pas forcément optimale et, bien entendu, une visibilité arrière déplorable. Et malgré un petit côté Subaru bien vu et pas si anecdotique que ça, l’addition de près de 60.000 euros parait salée.

Plus cher que son clone équivalent chez Toyota, il souffrira avant tout de la concurrence des Hyundai Ioniq et Kia Niro, moins bien finis mais aussi bien moins chers, d’autant plus qu’à puissance et autonomie équivalente ils sont éligibles au bonus écologique sur le marché français. Quant aux amateurs de moyen/haut de gamme, quitte à payer le prix, ils seront sans doute plus attirés par les modèles de base des BMW X1, Mercedes GLA, Audi Q4 E-Tron ou même le Tesla Model Y.

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Ce modèle de Subaru atteint les 60.000 euros, un prux élevé pour ce Solterra. © Antoine Larigaudrie

Si les ventes du Toyota BZ4X ont été décevantes, celles du Subaru Solterra risquent bien du coup de se révéler confidentielles, surtout sur notre marché où les premiers arrivés se sont déjà octroyé la part du lion. Même Toyota et son partenaire Subaru bien du mal à convaincre. L’arbitrage qualité/prix/marque plaide en faveur du Subaru Solterra, franchement réussi, mais il va être compliqué de prendre le dessus sur un marché déjà saturé. Et le clonage n’y fera rien. Hormis quelques clients fans de la marque, le Solterra se révélera surtout comme un succès et une très belle opération pour Subaru, qui fait ainsi drastiquement baisser les moyennes d’émission de sa gamme.

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