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Mondial de l'Auto : Le Chinois BYD critique les taxes douanières de l'UE

par Nick Carey PARIS (Reuters) – Le projet de taxes douanières de l’Union européenne sur les véhicules électriques chinois va peser sur les prix et décourager les consommateurs, a alerté lundi le constructeur chinois BYD, lors de l’ouverture du Mondial de l’Automobile à Paris, théâtre d’un face-à-face entre les constructeurs chinois et européens. L’édition 2024 du principal salon européen de

mondial de l'auto : le chinois byd critique les taxes douanières de l'ue

Le modèle électrique Dolphin Mini de la marque chinoise BYD. /Photo prise le 28 février 2024/REUTERS/Toya Sarno Jordan

par Nick Carey

PARIS (Reuters) – Le projet de taxes douanières de l’Union européenne sur les véhicules électriques chinois va peser sur les prix et décourager les consommateurs, a alerté lundi le constructeur chinois BYD, lors de l’ouverture du Mondial de l’Automobile à Paris, théâtre d’un face-à-face entre les constructeurs chinois et européens.

L’édition 2024 du principal salon européen de l’automobile se déroule à un moment charnière: les constructeurs européens, en difficulté, doivent prouver qu’ils peuvent rivaliser avec leurs concurrents chinois, lesquels ambitionnent d’ancrer leur présence dans un marché compétitif.

Plus tôt ce mois-ci, la Commission européenne a dit avoir décidé de maintenir son projet de taxes douanières pouvant aller jusqu’à 45% sur les importations de véhicules électriques fabriqués en Chine, une mesure destinée selon Bruxelles à faire face à des aides publiques jugées inéquitables que Pékin fournit aux constructeurs chinois. Le gouvernement chinois nie toute concurrence déloyale et a prévenu de mesures de rétorsion.

Ces taxes douanières vont participer à l’augmentation des prix des véhicules électriques et décourager les consommateurs, a prévenu Stella Li, vice-présidente exécutive de BYD.

“Qui paie la facture ? Les consommateurs. Cela inquiète les gens. Cela va empêcher les gens les moins fortunés d’acheter”, a déclaré la dirigeante à Reuters.

Neuf marques chinoises, dont BYD et Leapmotor, ont prévu de dévoiler de nouveaux modèles à Paris, selon le directeur général de l’événement, Serge Gachot. Le même nombre de marques chinoises étaient présentes lors de l’édition 2022, soit près de la moitié des marques représentées alors au salon.

Signe de la détermination des constructeurs européens à défendre leur territoire, seulement un cinquième environ des marques présentes cette année à Paris sont chinoises.

“C’est la Chine contre l’Europe, et c’est le ring sur lequel [les marques] ont choisi de se battre”, observe Phil Dunne, directeur général de la firme de conseil en stratégie Stax. “Les Européens disent que c’est leur territoire, les Chinois veulent revendiquer leur position”.

AMBITIONS

S’ils critiquent la décision de l’UE, les constructeurs chinois continuent d’avancer sur leurs projets d’expansion en Europe, indiquant qu’ils prévoient le cas échéant d’augmenter leurs prix pour compenser l’imposition de droits de douane supplémentaires.

“La puissance de l’ambition des (constructeurs) électriques chinois sera pleinement exposée cette semaine à Paris”, a prédit Andy Palmer, fondateur de la firme de conseil Palmer Automotive.

Leapmotor a ainsi annoncé lundi viser la création de 500 points de vente en Europe d’ici la fin de 2025.

Cette édition 2024 du Mondial de l’Auto marque aussi le lancement des ambitions européennes de GAC, a déclaré dimanche le directeur général de GAC International, Wei Heigang.

“Nous sommes le petit nouveau, nous devons mieux comprendre encore le marché européen”, a-t-il dit dans un entretien, ajoutant vouloir solidifier la marque GAC avant que son premier modèle électrique destiné à la vente hors de Chine, Aion V, soit exposé massivement l’an prochain. Produire des véhicules en Europe pourrait être un moyen pour les constructeurs chinois d’éviter les taxes de l’UE.

Wei Heigang a fait savoir que GAC “explore activement cette possibilité”, soulignant que le groupe était un fervent partisan de la production locale.

Jusqu’à présent, les constructeurs chinois de véhicules électriques facturent leurs modèles légèrement moins cher que leurs concurrents européens, s’octroyant ainsi un avantage sur le marché. Cela pourrait aussi leur permettre de compenser les marges plus faibles réalisées en Chine.

Comme l’ont fait par le passé les constructeurs japonais et sud-coréens, les groupes chinois mettent en avant des modèles dit standards disposant de meilleurs équipements et de davantage d’options.

DÉFICIT DE NOTORIÉTÉ

Reste que les constructeurs chinois de véhicules électriques peinent pour l’heure à accéder à la notoriété en Europe, ainsi que le montre l’exemple de BYD, pourtant déjà présent dans la plupart des pays du continent et sponsor durant l’été écoulé du Championnat d’Europe de football.

BYD veut se faire remarquer lors du salon parisien, durant lequel il va dévoiler son SUV électrique Sea Lion 07.

Dongfeng, Seres et FAW, arrivés plus tardivement sur ce marché, vont aussi présenter de nouveaux modèles avec l’espoir que leurs ventes à l’étranger compensent leurs difficultés en Chine, où une guerre des prix fait rage.

Les ventes de véhicules particuliers en Chine ont progressé en septembre de 4,3% sur un an, mettant fin à cinq mois consécutifs de déclin grâce à de nouvelles aides gouvernementales. En Europe, les ventes ont reculé en août à un creux de trois ans.

Venant assombrir davantage le tableau, Bercy a annoncé jeudi que la France allait réduire l’an prochain l’enveloppe de soutien à l’achat de véhicules électriques, s’inscrivant dans les pas de l’Allemagne qui a mis fin l’an dernier à ses aides.

“SIGNAUX D’ALARME”

Pour les constructeurs chinois, s’implanter avec réussite en Europe est devenu d’autant plus nécessaire qu’ils ont été exclus du marché américain.

L’administration du président américain Joe Biden a imposé des droits de douane de 100% sur les véhicules électriques produits en Chine et a proposé en septembre d’interdire les logiciels et équipements chinois pour les véhicules connectés.

De leur côté, les constructeurs européens font grise mine. Volkswagen, Mercedes-Benz et BMW ont averti sur les résultats, en grande partie à cause de leur faiblesse sur le marché chinois. Stellantis a revu à la baisse ses prévisions, citant des problèmes d’inventaire dans ses activités américaines.

Les constructeurs européens peinent à rivaliser avec les groupes chinois, qui produisent à plus faible coût et développent de nouveaux modèles électriques en à peine deux ans – soit au moins deux fois plus vite que les groupes occidentaux traditionnels. Il y a de “puissants signaux d’alarme” pour les constructeurs européens, a déclaré Phil Dunne. “Ils ont admis qu’ils avaient besoin de faire quelque chose de radical, et ils ont pour cela seulement deux ou trois ans”.

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(Nick Carey, avec Gilles Guillaume, Victoria Waldersee et Dominique Patton; version française Jean Terzian et Zhifan Liu, édité par Blandine Hénault)

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